midnight hour

tw: usage de drogues et d'alcool

"Sorry, man, I'm not about that life anymore." Evidemment qu'il a entendu parler du coup d'éclat prévu dans la réserve. Evidemment qu'il a ressenti l'envie, le besoin d'y aller, de l'observer de ses propres yeux, de participer peut-être. Evidemment qu'il tolère que les gens y aillent, qu'il n'y voit aucun problème, qu'ils pensent qu'ils ont raison - que les loup-garous doivent être éradiqués, que les résidents de cette ville doivent apprendre une leçon, qu'il est grand temps que le status quo explose. Evidemment.

Sauf qu'au final, il a dit non.

On l'a traité de tous les noms, on l'a insulté, on a été vexant mais qu'importe. Ben pensait culpabiliser, il pensait qu'il allait finir la soirée par boire dans son coin et par finir par conduire jusqu'à la réserve pour se joindre aux festivités, mais non - non, il a le coeur léger et un sourire aux lèvres, l'envie de s'amuser. Bon, clairement, la moitié de joint et les quatre canettes qu'il s'est enchaîné aident beaucoup. Il est venu avec des amis qu'il a perdus en chemin (à moins qu'eux l'ait perdu lui, Ben ignore qu'ils lui ont fait faux bond rapidement en déterminant qu'il était un peu trop chiant - il a l'habitude, mais y reste aveugle malgré tout) et il profite de la musique, de l'énergie, des gens autour de lui (en se faisant la réflexion qu'il commence à un peu à se faire vieux pour ces conneries).

Il est allé pisser dehors, ramène avec lui une bière avec la vague idée qu'il devrait mettre la main sur ses potes, mais manque de se faire renverser par quelqu'un en chemin. « Hé ! - Putainnnn." Il grimace en reculant, les yeux troubles, jette un regard à son costume d'un air inquiet. Letterman jacket bleue et jaune, maillot de basket de la même couleur (il a perdu le ballon il y a une heure, ou deux, ou trois), jean et basket, il est déguisé en Scott McCall Howard d'un de ses films préférés, Teen Wolf. Quand il était petit, il le regardait en boucle sous le regard exaspéré de ses parents. Tous les ans, il s'habille soit en Scott Howard soit en Marty McFly - une ode à Michael J. Fox qui a bercé son enfance.

En attendant, on vient de manquer de lui abîmer son costume bi-annuel. "Duuuude, pas cool." Il grimace en observant son maillot de basket avant de relever les yeux vers la fille aux jambes interminables, qui se révèle être... « Tu pourrais faire att… hé ! - Yoooo, Caden!" Un énorme sourire vient étirer ses lèvres alors qu'il étudie son visage, bizarrement content de la revoir, ses sens et sa méfiance émoussés par la surconsommation de drogue et d'alcool. Puis il détaille son costume. "Sailor Moon, genre l'anime?" Il n'y connait rien mais il reconnait vite fait. "Super classe." Il secoue la tête, amusé, remonte à ses yeux. "T'as vu, j'suis encore en un seul morceau, t'es pas fière?"

« Mais oui ! Ton premier né vaudra la peine. » Ben va en avoir mal aux zygomatiques à force de sourire, l'enthousiasme de Caden étant contagieux et nourrissant sans mal le sien, déjà survolté grâce à l'ambiance-même de la petite fête Halloweenesque. Il est bien facile d'oublier ce qui se trame dans d'autres parties de la vie et de se concentrer sur les yeux noisette de la sorcière, immenses et chaleureux, bénéficiant apparemment d'une gravité certaine tant Ben a du mal à s'en détacher. "Ouais, on verra, hein." Il n'arrive pas à paraître contrarié comme il le devrait à l'évocation du service qu'il lui doit - juste amusé, vaguement, comme si la magie et l'inhumanité de Caden pouvaient finalement se révéler amusantes.

« T’as l’air bien. » Il hoche la tête, sentant sa peau brûler partout où Caden le regarde, même à travers ses vêtements. "J'suis bien, j'suis bien. - Mais tu manques de poils, pour un loup-garou. » L'ironie de la chose lui échappe tout à fait et Ben sourit d'un sourire plein de dents, ravi que le costume ait été reconnu - si McFly, tous les deux ans, réussit généralement à récolter quelques thumbs up, celui-ci est moins populaire. C'est la faute au reboot sorti il y a quelques années que Ben a toujours refusé de regarder - les gens ne savent plus apprécier les bonnes choses. "Et toi de planètes pour, euh..." Il n'a aucune idée du rôle des Sailor Moon dans la série éponyme. Il fait un geste vague de la main, et se met à rire tout seul. "Oui, bon, d'accord, tu gagnes, je perds sur ce coup-là."

Ben presse sa bière contre la sienne avec un air ravi, apporte la cannette à ses lèvres sans la quitter des yeux. « T’es venu seul ? » Il secoue la tête. "Nan, mais mes potes..." Il regarde autour d'eux comme si ils allaient soudain se matérialiser, alors qu'il ne les a pas vus depuis presque une heure maintenant. Il hausse les épaules. "Je les ai perdus. Mais pas grave, je t'ai trouvée toi, ça veut dire que je suis sur le bon chemin, non?" Sourire en coin. "Et toi?" Et à tout hasard: "ton copain? Si c'est le cas, il est de la mauvaise espèce: ton verre est presque vide, faudrait que quelqu'un aille te le remplir... T'as de la chance, c'est ma spécialité, j'ai été barman dans une autre vie."

Les mots se succèdent avec une aisance facilité par l'alcool et la drogue, ainsi que l'étrange sensation de fourmillements que fait naître le regard noisette de Caden sur lui. Les choses sont difficiles pour Ben, parfois, presque insurmontables dans leur simplicité absurde; parler avec Caden, ici comme avant, dans son appartement, est simple comme bonjour. « Je n’ai pas de copain. Ou de copine. » Le sourire de Ben s'élargit encore plus, comme si c'était possible, et il hoche la tête, la nouvelle lui pinçant le ventre. « Et c’est toi qui a tout renversé. » L'air de défi qui s'inscrit sur le visage de Caden fait se pincer les lèvres de Ben qui prend un air dépité. "Guilty as charged." Il n'oserait pas contrarier un si joli minois, et puis si ça veut dire qu'elle accepte de supporter sa présence un peu plus longtemps, alors... « C’est la moindre des choses que tu le remplisses, alors. Surtout si c’est ta spécialité. » Caden rit, un son scintillant et inattendu qui le prend de court, mais qui lui plait. "Je serai heureux de mettre mon talent à ton service..." Il prétend soupirer lourdement, pourtant, hausse les épaules d'un air défaitiste.

« Et j’ai aussi perdu mes copines. » Ben aussi balaye les alentours du regard, comme si il connaissait la tête ou l'identité de ses amies, et est plutôt content de réaliser que Caden ne les trouve pas. La main de la jeune femme quitte son épaule, descend sur son bras, s'y accroche, et il plie le coude pour la garder contre lui. « T’es de la meilleure espèce que nos ami·e·s, j’espère. - Je suis de la meilleure espèce tout court," fanfaronne-t-il simplement, sans vraiment comprendre le sens de sa phrase - Ben est quelqu'un de transparent et de franc, what you see is what you get. Et si la fête n'avait pas émoussé ses sens, peut-être qu'il pèserait ses mots un peu plus... Mais il a le coeur léger ce soir, et il veut en profiter. "Allons remplir ton verre, et on verra si on peut trouver tes amies." Il espère sincèrement que ce ne sera pas le cas, évidemment.

Ils s'engagent dans la petite fête, bientôt avalés par un simili de foule. Ben fait bien attention à serrer son bras dans le sien mais, quand ce n'est plus pratique, il défait l'entre-noeuds de leurs bras pour à la place attraper ses doigts. Il fait comme si c'était parfaitement naturel et désintéressé, la tirant à l'intérieur jusqu'à la table où s'étalent quelques bouteilles et cannettes sur une nappe blanche ayant vu des meilleurs jours. "Bière?" Il n'a toujours pas relâché sa main, et se tourne vers elle d'un air légèrement défiant. "Ou tu me fais confiance pour te concocter quelque chose de délicieux?" Le trait d'esprit stupide lui échappe avant qu'il ait le temps de le retenir, avec un sourire en coin: "je sais que les potions, c'est plus un truc de sorcières mais, promis, je me débrouille pas si mal..."

tw: alcool, drogue

« Délicieux, hein ? » Ben hoche la tête avec ardeur, son sourire lui faisant presque mal aux joues tant il est énorme sur ses lèvres, enhardi par l'air taquin qu'arbore Caden elle aussi. « Impressionne-moi, petit sorcier. » Il rit en l'entendant, d'autant plus quand elle enfonce un ongle inquisiteur dans sa poitrine. « Et n’oublie pas de t’en faire un. - Évidemment." Il s'approche d'un pas léger et enjoué de la table aux mille merveilles, et se met aussitôt en action, utilisant quelques astuces dénichées au détour d'un bar ou d'un post Instagram pour mélanger un cocktail qui, il l'espère, ne sera pas trop dégoûtant. Ben sent le regard de Caden qui s'attarde sur ses lèvres et ne s'en formalise pas (au contraire, accentuerait presque ses gestes pour les faire plus ouverts et évidents), sifflotant une mélodie connue de lui seule en travaillant. Il attrape deux pailles colorées qu'il plante dans leurs verres respectifs avant de se tourner vers elle, lui donnant le sien avec un air encourageant.

Les boissons sont bleu vif, et sentent l'alcool de très loin. Déjà bien alcoolisé et défoncé, Ben sait qu'il risque de finir la soirée sous la table - mais qu'importe. Il aime quand il est comme ça, léger comme une plume, insouciant comme un gamin. Il se préfère comme ça peut-être. Le Ben de tous les jours, celui qui est trop bruyant, trop présent, trop trop - il disparaît quand il est dans cet état, et tout le monde sait que c'est pour le mieux.

Leurs doigts s'effleurent quand Caden prend son verre, et Ben n'en a toujours pas fini de sourire. « T’as un toast à proposer ? À cette seconde et meilleure nuit ? - Parfait." Il hoche la tête. "Meilleure... la meilleure, même," insiste-t-il. Il entrechoque délicatement son verre en plastique contre le sien avant de l'apporter à ses lèvres, fronçant légèrement le nez en goûtant la première gorgée. "Okay, c'est super fort et un peu dégueulasse, mais avoue que la couleur est géniale," commente-t-il en grimaçant avec un sourire piteux. "Faudrait vraiment que je laisse la magie aux concerné‧es..." plaisante-t-il ensuite en repoussant la légère gêne que cette remarque lui apporte. Il boit une autre gorgée, comme pour vérifier que la première était bien immonde, et grimace derechef. "Mais au moins ça fait le job. Peut-être même que ça me donnerait envie de danser..." laisse-t-il entendre d'un ton plein d'espoir, ses grands yeux noirs plongés dans ceux de Caden.

tw: alcool

"J’espère que tu es meilleur danseur que mixologue." Le coeur de Ben en ferait presque des loopings si c'était son genre, mais il se contente à la place d'un petit sourire satisfait et victorieux, qui tire des ridules joyeuses aux coins de ses yeux. "C'est promis." Un autre petit mensonge, mais avec un peu de chance l'alcool lui donnera un rien plus de confiance et à Caden un peu plus de miséricorde sur ses piètres capacités de performer. Il a à peine le temps d'attraper une autre gorgée et de commencer à réfléchir à une manière plus franche de l'inviter à danser que Caden lui prend la main et l'entraîne vers la masse mouvante des danseurs.

La musique lui fait mal aux oreilles, les corps tapissés de sueur qui s'entrechoquent aux siens sont plutôt désagréables, mais la main de Caden serrée dans la sienne est comme une ancre qui le stabilise et le maintient sur sa trajectoire. Le début est un peu hésitant, gênant pour l'un comme pour l'autre, mais Ben finit par se détendre, encourageant Caden à en faire de même en gardant ses distances et en lui adressant quelques sourires timides sous les lumières criardes de la fête enflammée. Il finit par tirer un peu de courage dans son cocktail dégueulasse, et par se détendre tout à fait au fil des chansons, la faisant tourner en riant avec elle, osant caresser son avant-bras de quelques droits maladroits, effleurant parfois sa hanche sans s'y attarder avant de ramener sa main contre lui avec pudeur. Ben a du mal à détacher ses yeux de la silhouette aux jambes interminables de Caden, et oublie rapidement tous les soucis lui collant à la peau qui l'ont suivi jusqu'ici: n'existe qu'elle en cet instant précis, et rien des inquiétudes et préjugés qu'il a pu lui servir la dernière fois qu'ils se sont vus et qu'elle lui a sauvé la vie.

Son verre est vide avant qu'il ne le réalise, et elle est de plus en plus proche de lui, et Ben a véritablement envie de l'embrasser. C'est peut-être une grossière erreur, et un désir unilatéral, mais Caden est si belle et les volutes de l'alcool lui ont fait oublié l'inconfort qu'elle lui a fait ressentir la dernière fois. Il n'est pas trop difficile pour lui de se rappeler pourquoi une fille comme elle n'aurait aucun intérêt pour un loser comme lui. C'est donc avec un sourire piteux qu'il se penche vers elle, une main venant presque toucher sa hanche pour la rapprocher avant de se raviser et de retomber sans la toucher, son souffle chaud dans son oreille: "est-ce que je peux t'embrasser?" Il se sent stupide et animé des états-d'âmes d'un puceau dont le coeur vient de se loger dans sa gorge mais qu'importe; au pire, avec un peu de chance, l'alcool lui fera oublier son embarras si elle refuse et au mieux, il n'aura aucun regret ou remord le lendemain.