— CONTEXTE GENERAL

Savannah, Georgia, est une ville singulière, la seule dans son genre. Rien à voir avec son tourisme fleurissant et l’architecture qui en fait son charme, non. Si Savannah se démarque, c’est parce qu’il s’agit de la seule communauté au monde où humains et créatures peuvent vivre harmonie. Sorcière, vampires, lycans, il n’y a qu’à Savannah, au coeur de la Georgie, qu’ils peuvent avoir un véritable statut civil, des droits, une vie rythmée par autre chose que la peur d’être persécuté. Zone neutre, safe, interdite aux chasseurs, Savannah est un havre de paix mais s'enfonce chaque jour un peu plus dans les travers de ses habitants.

Sous domination magique depuis la guerre de Sécession, la ville est gouvernée par un conseil de huit représentants : deux pour chaque races, y compris les humains. C’est eux qui font respecter l’ordre, qui font valoir les droits de chacun. Elus pour dix ans, les membres du Conseil de Crowley veille à l’équilibre de Savannah, conscients de la valeur d’un tel refuge dans un monde toujours plus hostile aux créatures et à la magie.

Tout n’est pas rose, pourtant, à Savannah. On s’y réfugie, on y fait sa vie et puis on réalise que malgré la tranquillité conférée par le conseil aux habitants, quel qu’ils soient, la ville à ses zones d’ombre, ses manigances, ses petits scandales. Derrière la vie nocturne animée et l’impression d’harmonie, il y a toujours quelque chose qui se trame. Des vieilles rancoeurs aux préjugés qui ont la peau dure, Savannah – la terre promise aux créatures – n’est idyllique que sur le papier.

Vous savez quoi, tous les dix ans, c'est la même histoire. C’est les mêmes courbettes, les mêmes discours, on change de conseil mais c’est toujours les mêmes qui se font avoir, c’est toujours les humains qui l’ont dans l’os. Tous les dix ans, tu les vois se pavaner, ces saletés de créatures, on dirait un concours de beauté. Tu les écoutes, ils te font croire qu’ils vont révolutionner Savannah mais y’a jamais rien qui change pour nous, plus on avance, plus on se fait piner. C’est que des belles promesses, que de la langue de bois. Et puis, plus ça va, plus les campagnes partent en vrille, vous allez voir, bientôt ils vont tuer les opposants qui leur plaisent pas pour arriver au Conseil, j’vous jure c’est n’importe quoi. Non puis, à défaut d’avoir de bonnes idées, on descend celles des autres. C’est pas de la politique, ça, c’est un pugilat. Fut un temps, ça tirait plus du concours de popularité que de la démocratie mais maintenant, c'est juste un carnage qui empire à chaque nouvelle décennie et c’est nous qui prenons cher, encore et encore, parce qu’ils s’en moquent des humains, s’ils pouvaient ils nous foutraient dehors alors que merde à la fin, on est chez nous. Ils ont beau dire qu’ils veulent l’équilibre et l’harmonie, ils sont là pour défendre leur quignon de pain. Chacun pour sa gueule, mais toujours pour le bien du plus grand nombre, paraît-il… Au moins, la mère Parker-Wright, elle fait pas semblant d’en avoir quelque chose à faire, des Crawlers, elle le dit haut et fort que les humains doivent passer prioritaires parce qu’ils valent plus que ces machins contre-nature là. J’peux pas vous forcer à voir la vérité, j’peux juste vous dire pour qui moi j’vais voter et pourquoi vous feriez bien de vous pencher sur son programme, plutôt que de continuer à vous la jouer peace and love avec les créatures. Faut qu’on fasse quelque chose, parce qu’il est presque trop tard pour nous.— James Huxley, le 20 Février 2020, vidéo postée sur sa chaîne YouTube anti-créatures 'CrawlersAreOver'