so!!happy!!to!!see!!you!! (soya)

Sujet: so!!happy!!to!!see!!you!! (soya) Ven 3 Juil - 20:57

Elle va mourir. Là, dans l’escalier, entre deux paliers.
Quelle idée d’avoir une valise aussi lourde.  
Quelle idée de voyager en talon.
Ça claque sur les marches : ses échasses et le bagage qu’elle peine à soulever. Sur son épaule, son sac à main aussi lui pèse. Il porte le membre perdu de son bagage mutilé. Elle n’a toujours pas compris ce qu’il s’est passé lorsqu’elle a passé ce trottoir et que la roue s’est détachée du reste. À croire qu’elle a voulu tout abandonner avant même d’arriver à l’épreuve de l’escalier. Sofia peut bien le concevoir ; Elle aussi, parfois, elle a envie de se laisser tomber au sol et de se désolidariser de la vie.

Genre, comme maintenant.
Sauf que personne ne va venir la ramasser.

Pauvre valise amputée qu’elle a gavée plus que de raison. De souvenirs, de conneries, de fringue aussi, si bien qu’il a fallu s’asseoir dessus pour la fermer. A-t-elle besoin d’autant ? Non. La vérité, c’est qu’elle a besoin de bien plus. Son père attend déjà avec impatience qu’elle revienne passer un week-end à la maison pour récupérer le reste de ses affaires. Bientôt, a-t-elle promis. Elle n’est plus très loin après tout. Après une année passée à plus de dix-mille kilomètres de chez elle, il est risible, le petit millier de kilomètres qui sépare Savannah et Montpellier.

#35.
Enfin.
Thanks Jesus. Le cœur n'a pas le temps de se ressaisir. Déjà, le poing s'écrase contre le bois de la porte. Mais ce n'est pas la mine familière de Yaya qu'elle découvre derrière. Tant pis. Le sourire n'en est pas moins grand. Il y a une certaine naïveté dans la manière qu'elle a d'aborder les étrangers, de les considérer comme des amis qu'elle n'a pas encore rencontré. La main qu'elle tend et chaleureuse, peut-être un brin trop énergique, à l'image de la présentation qu'elle offre à celui qu'elle suppose être le colocataire de Yaya. Au fond, ils se connaissent déjà un peu, à travers Yaya.

Pourtant, l'autre a l'air tout de même un peu confus en écoutant ses explications farfelues -je viens voir yaya, non non non, attends, lui dit pas que je suis là !- mais Sofia ne se laisse pas décontenancer par ces choses-là. Elle préfère s'en amuser, un sourire espiègle au coin des lèvres alors qu'elle ne se laisse pas prier pour entrer.

Après tout, il va bien devoir s’habituer à sa présence de petite tornade.

Sûrement qu'elle se précipite encore, à débarquer sans logement ni emploi. Seulement, elle n'a pas pu attendre Sofia. Elle avait cette urgence au fond du cœur, celle de revoir Yaya. Depuis combien de temps ne l'a-t-elle pas serré dans ses bras ? Trop longtemps. Une éternité. C'est l'impression que ça lui fait. Surtout depuis qu'elle prépare la surprise de son arrivée. Si faire promettre à son père et aux parents de Yaya de garder le silence fut un jeu d'enfant, se retenir de le bombarder de sms et d'appels téléphoniques à chaque moment de la journée s'avéra bien plus compliqué. Une distance qu'elle s'est imposée à contre cœur pour mieux servir son plan. Oh, Yaya l'attend oui, mais dans deux semaines seulement.

Le sac à main s'écrase à ses pieds, à côté de la valise abandonnée. Les chaussures aussi sont délaissées dans l'entrée, comme ça, sans la moindre gêne. C'est qu'elle n'a pas envie d'être trahi par le clac clac de ses talons sur le sol de l'appartement. Les pas sont déjà bien assez lourds lorsqu'elle marche pieds nus.

Face à la porte de Yaya, Sofia ne se fatigue pas à frapper. La main s'abat d'un coup sur la poignée dans un mouvement chargé d'un enthousiasme violent. BAM que fait la porte contre le mur. Et tant pis s'il est à poil. « GUESS WHO THE FUCK IS BACK !! » hurle-t-elle en sautant dans la pièce, non sans lever les bras dans une pose dramatique. Les prunelles ne tardent pas à se poser sur celui qui lui a tant manqué. Il est là. « YAYAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !! » Et la voix s'envole, étire le prénom jusqu'à atteindre d'insupportables aiguës. Elle ne fait pas dans la demi-mesure Sofia, jamais. Surtout lorsque le bonheur s'en mêle. Bonheur qui la projette contre son ami, véritable boulet de canon humain. Tout son poids s'écrase contre lui tandis qu'elle l'étouffe dans une étreinte, continuant d'exprimer toute sa joie à travers un hurlement strident qui n'a pas fini de lui briser les tympans.

Des retrouvailles dignes d'une story instagram ou d'un tiktok.

Il y a quelque chose de particulier, d'unique, chez un Yasmin amoureux. Non pas amoureux en soi, car il tombe amoureux sans se rendre compte de ses sentiments avant un certain temps. Ils arrivent et s'installent, grandissent et l'emplissent entièrement et, même en ayant pris toute place existante, il ne remarque pas. Mais il arrive l'instant, enfin, où il est frappé par la vérité qui l'habite et enfin, ce Yasmin particulier apparaît. Celui qui brille un peu plus, qui vit un peu plus, qui fait toute chose, tout geste avec un peu plus de coeur, d'âme, d'intensité. Il s'agit d'un phénomène étrange ; on ose croire, lorsque l'iris se pose sur Yasmin en permanence, qu'il a déjà atteint son maximum. C'est là qu'on se trompe. Il faut se préparer à être aveuglé, étourdi, emporté dans une autre réalité. Pansy ne le supporte plus, depuis quelques jours. Elle est à vif, le regard braqué sur lui dés qu'il entre dans la pièce, incapable d'identifier ce qui l'habite mais aussi, incapable de le tolérer. Personne n'est prêt à un tour de montagne russe, lorsqu'il est question de Yasmin. Qu'importe le visage adorable qu'il porte, il ne peut que nous amener bien haut et envahir le coeur d'un sentiment grand, étouffant, et pur. Ce n'est que l'écho de ses sentiments, dans l'air, qui aveugle, étourdie, coupe la faim et agite les autres. Certaines choses ne sont pas faites pour être vu par l'Homme ; les licornes en font parties. Le Yéti aussi, comme Mothman, trop précieux pour ce monde. Un Yasmin amoureux, conscient de ses sentiment, effleure dangereusement cette ligne à ne pas franchir. Les premiers jours sont les plus dangereux ; ils débordent d'un bonheur qui étouffe, qui atteint les iris et qui donne cette petite envie de vomir, quelque part, tant il rayonne. Il n'est pas question de mauvais sentiments à son égard, de méprise. Yasmin ressemble tout simplement à ces gamines que l'on trouve dans ces Teen Romance Movie que l'on regarde en cachette, avec bonheur, dans la plus grande des gênes.
Delilah a hurlé, hier. Quelque part entre une insomnie, un overdose de café et un énervement prochain envers le bonheur continue de Yasmin, elle lui a hurlé de faire taire sa musique. Pourtant, elle adore ABBA. Elle ne s'est jamais plaint quand il en jouait, même tard dans la nuit. La musique un peu plus forte, certes, et peut-être son propre rire, seul dans sa chambre, et ses pas de danse un peu stupide, sur le parquet, la dérangeaient dans la rédaction d'un article quelconqe. Yasmin peut comprendre. Un Yasmin heureux et amoureux ne peut que comprendre plus rapidement, avec plus de gentilesse, de douceur, de coeur. Une chose enrageante, en soi.
Qu'importe.
Il n'a pas dormi de la nuit. Les siestes sont encore plus courtes, mais plus nombreuses, et il se voit aussi énergique qu'un chiot naissant dés le réveil. Il est pire, aussi, à certains moments. Les écouteurs sur les oreilles, Dancing Queen dans les oreilles, il prépare ses vêtements pour le matin. Peut-être, quelque part, envisage-t-il de rester à Savannah. C'est une pensée qui reste accrochée à lui, allant avec le sentiment amoureux, mais Yasmin reste un peu terre à terre, et sait que certaines choses lui manquent terriblement. Il devrait aller à Montpellier, bientôt, juste pour voir ses parents. Sofia lui manquera, mais qu'importe. Elle lui manque constamment. Peut-être devrait-il appeler sa soeur, maintenant, juste pour lui dire. Larmoyer sur son absence.
Le coeur s'ennuie et le coeur aime.
Il aime si fort.
Yasmin ne peut pas croire, encore, qu'il est amoureux. Le sentiment le rend heureux. Il aime être amoureux. Juste l'être le rend heureux. plus que le fait qu'un amour soit partagé. Il aime sa personne, lui-même, un peu plus, beaucoup plus, quand il possède de forts sentiments pour une autre personne. Une part de lui, importante, ne peut que vouloir être une personne meilleure dans de pareilles circonstances. C'est dans sa nature. You're in the mood for a dance qu'il chante, fort, malgré les écouteurs et les bonnes intentions qu'il possède. Encore vêtu d'un simple slip, un t-shirt rose entre les doigs - il hésite - Yasmin dandine ses fesses sous le rythme de la musique. Il a trop souvent vu Mamma Mia. Sofia adore ce film. Ils ont chantés trop souvent les chansons, au karaoké. Peut-être qu'il devrait l'appeler. Juste pour lui dire qu'il est amoureux. Yasmin aime le lui hurler, quand la chose survient. Il aime l'exprimer, bien qu'il n'a pas tendance à imposer ses sentiments à la personne pour qui il les possède. Le t-shirt est abandonné sur le lit, il traverse brièvement la pièce pour s'emparer de son téléphone. Il est tard, au Laos. Sofia répondra peut-être. Même si, depuis quelques jours, elle répond un peu moins. Il cherche son nom dans ses contacts quand, du coin de l'oeil, il voit la porte s'ouvre. La chanson est déjà entre ses lèvres, dans ses oreilles, mais il baisse le ton par réflexe. Peut-être chante-t-il trop fort. GUESS WHO THE FUCK IS BACK !! Le hurlement, puissant, couvre le son de la musique. Le regard quitte le téléphone, se pose sur Sofia. Les yeux s'ouvrent grand. So ? Il le hurle presque, incapable de s'entendre, les yeux déjà emplis d'émois. Il est ému, ce con. Le coeur est déjà emblé depuis quelques jours, trop plein de sentiments. L'arrivé de Sofia n'aide pas. YAYAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !! Elle le percute assez fort pour faire tomber les larmes sur ses joues. Assez fort pour qu'il fasse un pas, puis deux, vers l'arrière. Lui immense, elle minuscule, les mollets percutant la base du lit, il s'y laisse tomber. Sofia est dans ses bras. Il s'y accroche déjà, fort. Les écouteurs ont tombés de ses oreilles, mais la musique joue toujours. Elle est forte ; on l'entend, même de là. SOFIA ! Il hurle autant d'elle. Elle est dans ses bras, la Dancing Queen. Yasmin la serre fort, le visage caché dans sa chevelure folle. Elle sent propre. Elle sent elle. L'odeur avait été oublié, mais elle le percute et revient, brusque. Yasmin pleure. De joie, de bonheur, de manque. Car elle lui a manqué, terriblement, et il est heureux de la retrouver. BUT WHAT - what are you doing here !? You - Gosh. So. I missed you so much. Il la serre un peu plus fort et d'une main, lâche son emprise. Il amène ses doigts à son visage pour dégager la chevelure folle, essaie d'apercevoir le visage de son amie, sa soeur, qu'il n'a pas vu depuis des mois en vrai. Sofia est belle, même en pixel, mais Yasmin a besoin de la voir véritablement. Il se demande s'il s'agit d'un rêve. Les derniers jours lui ont parus l'être, après tout.
Enfin, il apercoit son visage. Un visage plus foncé, nacré de multiples tâches de rousseurs. Un visage souriant. Celui-ci de Yasmin l'est autant, empli de larmes autant qu'elle l'est, de freckles. Sofia. qu'il fait, heureux et plaintif, bonheur et manque se mélangeant, avant de poser un baiser sur son front, comme à son habitude. Une habitude qu'il a prise il y a des années, quand il a pris les centimètres, nombreux, de plus qu'elle. Une moquerie qui est devenue tendresse.

Ils sont doux-amer, les retours. Le coeur porte encore le deuil de ceux à qui il a fallu dire adieux et pourtant, il s'illumine en songeant à ceux qu'ils retrouvent. Mais prise dans les émois de l'instant, Sofia oublie les absents pour ne songer plus qu'au présent.

Son cri trouve un écho chez Yaya. Ils s'en vont à eux deux décrocher de nouveaux décibels dans un duo strident. C'est à ça, chez eux, que s'apparente le bruit du bonheur. Une explosion bruyante de sons et de sentiments. Ils en tombent à la renverse et le hurlement se déforme sous la surprise. « Wow ! » Et elle sourit encore plus, Sofia, nouvel éclat de joie. Ils s'enferment l'un et l'autre dans des prisons d'affection, sert fort, fort, jusqu'à frôler l'explosion. À eux d'eux, ils s'entravent un peu. Il y a des mouvements qui cherchent à se libérer pour atteindre l'autre et ce n'est qu'en sentant la main de Yaya glisser sur son visage que Sofia consent à desserrer son emprise folle.

Une mèche que l'on replace, une odeur, une voix, un baiser sur son front, ce sont de petites choses comme celle la qui lui rappellent qu'elle est de retour à la maison. « OH MY GOD I can't believe I'm here, i missed you so much ! » Ça a quelque chose d'irréel de l'avoir dans ses bras. Combien de fois avait-elle voulu traverser l'écran de son téléphone pour le rejoindre là, à Savannah, ne serait-ce que le temps d'un câlin ? Un océan entier les séparait alors, une distance souvent douloureuse. Ce n'était jamais sa patrie qui lui manquait à Sofia : c'était les gens. Douloureuses absences. Papa, Yaya, les Dunbar, les amis éparpillés aux quatre coins des États-Unis, les chats aussi.

Les notes familières de Dancing Queen lui parviennent, lointaine. Sofia tend une main pour se saisir d'un des écouteurs, le porter jusqu'à son oreille : oui, c'est bien ça. Son hymne. Sa chanson signature au karaoké. « You know me, I heard someone listening to ABBA so I had to come. » qu'elle plaisante. « No but really, I was always meant to come back this week but I really wanted to surprise you so I didn't tell you, I'm sorry, I love you, and- » Mais que vois-t-elle dans les yeux de Yaya ? Ça scintille, ça perle sur ses joues. « Oh my god please, no, don't cry or I'm gonna cry too. » Trop tard. Déjà, l'émotion monte, déborde. Yaya est là. Elle est là. Le bonheur n'attend pas, il demande à être exprimé sous sa forme la plus pure. Les larmes sont faciles chez Sofia ; qu'importe qu'elle s'aventure trop bas ou bien qu'elle vole trop haut sur l'échelle de ses émotions, la réaction reste la même. Sofia pleure. « Well, fuck, here it comes. » Larmes qu'elle fait mine de combattre comme elle retiendrait un éternuement, nez plissé, les yeux brillants relevés vers le plafond et les mains qui ne s'arrêtent plus de fouetter l'air. L'étreinte rend son petit cinéma difficile, elle retient des gestes qui se voudraient pourtant plus extravagant, mais qu'importe. Du bruit, des sourires et des larmes. C'est eux. « I don't even know if this shit is waterproof, I'm going to look like a panda or something. » Mais si son mascara a su supporter l’humidité Laotienne, sûrement résistera-t-il à une soudaine avalanche d’émois, même la sienne. Parce que Sofia pleure comme elle rit et comme elle vit : à fond, avec passion. Oh, elle doit être glamour, à renifler comme elle le fait, avec des larmes beaucoup trop grosse pour une occasion qui se veut joyeuse. « Oh my god we’re a MESS but damn boii, you’re glowing ! Let me see you ! » Elle se redresse un peu pour mieux le contempler, non sans passer une main sur ses joues aux passages. Bien que l’accoutrement dans lequel elle l’a trouvé lui arrache un rire, elle le trouve beau, Yasmin. Plus encore que dans ses souvenirs. Elle ne tarde pas à mettre le doigt sur ce qui a changé. Il y a quelque chose qui étincelle chez lui, et pas uniquement le reflet des larmes dans ses yeux. Une beauté intérieur qui soudain perce jusqu’au dehors pour se laisser attraper par les regards extérieurs. La lueur n’échappe pas à l’oeil observateur de Sofia.

Les choses de l’amour. Elle aime se dire qu'elle a l'oeil pour ses choses là et c'est sûrement vrai en ce qui concerne Yaya. Un peu moins pour les autres. Non, il n'y a que Yaya qu'elle parvient à lire avec autant de précision. Parce qu'elle le connaît par coeur. « So, what's the news ? What did I miss ? » Abandonnée à ses pensées à l'autre bout du monde, Sofia y songeait souvent, à tout ce qu'elle ratait. Des anniversaires au petites péripéties du quotidiens. Un mal pour un bien. Pourtant même ses aventures les plus palpitantes n'arrivaient pas toujours à effacer le sentiment. C'était là, dans un coin de sa tête, la conscience d'une absence et l'impossibilité de combler les manques. Malgré les appels. Malgré les sms qu'elle envoyait par centaine. Mais Sofia se rassure : elle a tout son temps pour rattraper son retard. « I want a complete report of everything that happened in the last two weeks ! And before ! Everything ! Hiiiii I'm so happy ! » Et d'un coup, Sofia a de nouveau quatorze ans, allongée dans la chambre de Yaya, avide d'histoires et de ragots.

OH MY GOD I can't believe I'm here, i missed you so much ! Yasmin ne répond pas. Il l'a déjà dit. Il l'a déjà dit et il est pris dans ses sentiments. On ose croire, souvent, que Yasmin ne connait pas le silence. Pourtant, il sait en faire usage. Sa mère parle plus que lui, n'écoute pas vraiment les gens. Son père, par contre, est trop souvent à l'écoute. Yasmin est un équilibre un peu bancal des deux, avec ses propres erreurs, certes. Il est sa propre personne. Il est silence, à l'instant. Un silence doux, tandis que Sofia est contre lui, tandis que les larmes sont dans ses iris, lourdes de sentiments. Il ne savait pas. N'osait pas se dire, penser, réfléchir à quand il la reverrait pour la prochaine fois. Les pensées confuses face à ses acceptations dans deux universités différentes, incapable de faire un choix tant les gens qu'il aime se trouve ici et ailleurs, maintenant. Mais Sofia, elle était encore plus loin qu'ailleurs. Elle était loin, si loin qu'il avait pensé, lors d'une grande solitude, prendre une pause pendant une année et aller la rejoindre, simplement. Il lui a partagé l'idée ; Yasmin ne garde rien pour lui, pas avec Sofia. Elle sait tout. L'idée s'est essouflée toute seule, la tristesse est passée. Et dans ses bras, à l'instant, Sofia qu'il essaie de ne pas étouffer. Il y a un bonheur, déjà, dans le coeur de Yasmin. Un bonheur qu'il vit et qui le comble, pleinement, mais qui déborde malgré lui avec la présence de sa meilleure amie, de sa soeur. Toute chose a une limite ; le coeur de Yasmin n'est pas sans fond. Et il est si plein, depuis les derniers jours. Si plein de bons sentiments, d'amours et de toutes choses. Sofia le force à déborder, brusquement, et il a besoin de ce léger moment de silence, juste elle dans ses bras, pour se calmer.
Dans le silence, un bourdonnement, un petit souffle. Des paroles, une mélodie. Yasmin n'a plus les écouteurs dans les oreilles. Qu'importe. C'est Sofia qui s'en empare et qui, toujours dans ses bras, sourit. You know me, I heard someone listening to ABBA so I had to come. No but really, I was always meant to come back this week but I really wanted to surprise you so I didn't tell you, I'm sorry, I love you, and- Il sourit délicatement, simplement, honnêtement. Un sourire pur sur ses lèvres, un sourire qui plisse ses yeux, qui fait couler les larmes qui se sont glissés. Car si le coeur déborde, de bon ou de mauvais, alors les prunelles en font tout autant. Yasmin n'a jamais eu honte de ses larmes. Oh my god please, no, don't cry or I'm gonna cry too. Il rit, Yasmin. Un rire pur, là, au travers des larmes. La tête posée sur les oreilles, il rit et il pleure, les deux en même temps, d'elle, de lui, d'eux. Well, fuck, here it comes. Et elle pleure aussi, Sofia. Elle pleure dans le plus grand des drames, mais elle accepte les larmes entièrement. Elle a toujours été un peu plus dramatique que lui. Yasmin ne l'était pas autant, petit. C'est elle qui a déteint sur lui. I don't even know if this shit is waterproof, I'm going to look like a panda or something. Il rit. Il pleure aussi. A beautiful one. Enfin, il la lâche. Yasmin n'a pas cette peur qu'il disparaisse. Il a confiance en les gens qu'il aime et accepte les déceptions, aussi, sans problèmes. Ce sont des parts de la vie. Oh my god we’re a MESS but damn boii, you’re glowing ! Let me see you ! Une caresse sur sa joue et une autre contre son égo. Yasmin sourit, au travers des larmes. Elles ne sont pas nombreuses. Elles contiennent beaucoup, tout simplement.
Le corps se redresse aussi, à son tour. Sur le lit, les écouteurs restent là, la musique passe à une autre mélodie. Yasmin s'en défait pour aller jusqu'à son placard qu'il ouvre et en sort le peignoir sailor moon offert par Pansy, plus tôt dans l'année. Il y a de maigres tâches de teinture, dessus. Un peu de bleu. Yasmin n'en est pas dérangé, pourtant. Ce sont des souvenirs qui posent des sourires doux contre ses lèvres. So, what's the news ? What did I miss ? Le regard est curieux quand il se pose sur sa soeur, de nouveau. Yasmin ne comprend pas, sur le coup, ce qu,elle demande. il lui dit tout, après tout. Ah. Well - Not that much, So. J'te dis tout, déjà. Et le sourire est encore là, sur les lippes. Le sourire pour le bleu, mais surtout pour ce garçon aux cheveux bleus. Et elle le sait, forcément. Comment ne saurait-elle pas ? I want a complete report of everything that happened in the last two weeks ! And before ! Everything ! Hiiiii I'm so happy ! Il sourit, Yasmin, un peu plus. De ses mains, il redresse les manches du peignoir une à la fois, avant de revenir vers le lit. Cette fois-ci, il s'y assoit les jambes croisées, en indien, comme il le fait si souvent. Sa posture n'est jamais idéale, sur un siège, peu importe lequel. Qiu lui lance des regards, lors du spécial thé, pour lui faire comprendre. I - qu'il commence, les doigts s'emparant de son téléphone et enfin, coupant la musique. Il enroule les cordes des écouteurs, lentement, et les lèvres se tordent en un sourire doux, grand, qu'il accorde au final. Not a lot. qu'il fait, la voix douce, le regard retournant vers elle. Les larmes ont séchées. Les yeux brillent encore. C'est l'amour qui est à l'intérieur. Pour Sofia, certes, mais surtout envers une autre personne. Il l'observe quelques secondes, innocent, avant d'être traversé par un rire, petit et délicat, et détourner la tête. Ok fine. I lied. Il dit, ricanant encore, avant de déposer son téléphone et de passer une main dans ses cheveux. Il est heureux et un peu bête, surtout, sur le coup. Les lèvres restent tordues par sa stupide romance, celle qui anime son coeur. Maman t'a dit pour les chatons ? Ils vont mieux, maintenant. Enfin, chicken soup va mieux. Il est revenu à la maison y'a trois jours. Il a pris son poids manquant et il marche comme s'il était saoul, mais c'est sa maladie, c'est normal. Le chaton est resté plus d'une semaine à l'hopital vétérinaire. Heureusement, Qiu a su le calmer. Il a pris la peine de l'appeler, une fois, le lendemain de sa grande crise de larmes. L'appel a duré à peine trois minutes, mais Yasmin s'en souvient par coeur. C'est Qiu qui l'a appelé comme ça. qu'il fait, un peu bête, trop souriant, doux et tendrement exposé dans ses sentiments. Et les deux autres s'appellent Moys et Otis, tu sais, pour les Myosotis. Comme la couleur de ses cheveux. Je t'ai dit ? C'est la fleur favorite de sa soeur. Évidemment qu'il lui a dit. Il lui a trop dit, trop souvent. Yasmin mord sa lèvre, brièvement, à se rendre compte de son comportement, et s'il ne ressent pas de gênes face aux sentiments qui l'habitent, le regard de Sofia lui offre une rougeur maigre sur les joues. Elle se moque. Me regarde pas comme ça ! qu'il fait, mi offusqué, mi rieur, tandis qu'il s'empare d'un oreiller Molang - récent - pour la frapper. Stop ! qu'il fait, de nouveau, quand elle ne cesse pas. Et cette fois, il ramène ses mains à son visage comme une adolescente pour se cacher, pour rire, tandis que le coeur déborde non pas de gêne, mais d'un amour nouveau qu'il ne peut tout simplement pas contenir, tant il le comble.

[/color]

« Not a lot. » Mmmh. Elle n'y croit pas Sofia. Pas du tout. Elle ne se gêne pas pour le montrer, un sourcil inquisiteur relevé et les lèvres pincées en une moue chargée de doutes. Non, on ne la lui fait pas. C'est d'un oeil suspicieux qu'elle scrute la mine innocente de son frère. Alors comme ça il veut lui faire croire qu'il ne s'est rien passé ? Avec cet air là ? Et ces paillettes au fond des yeux ? COME ON ! « Ok fine. I lied. » Le sourire est triomphant. La voilà qui s'installe confortablement en tailleur sur le lit de son frère, prête à se laisser emporter dans une romanc- « Maman t'a dit pour les chatons ? » Oh. Ce n'est pas vraiment la palpitante information qu'elle bouillonne d'entendre, mais Sofia n'a pas d'autre choix que de prendre son mal en patience. Et puis, ça l'intéresse, l'histoire des chatons. La tête acquiesce avec énergie. Oui, Martha lui en a parlé, quelque part au coeur du flot d'information que sont leurs conversations. Qu'importe, elle accueille l'histoire comme si c'était la première fois qu'elle l'entendait, parce que cette fois, c'est Yaya qui la lui raconte. Les nouveaux détails qu'il y ajoute la font sourire. « Aw sweet baby ! » Adorable. C'est presque s'il ne lui viendrait pas des envies d'adoptions soudaines. Elle aussi, elle veut un chaton. NON. Hurle aussitôt la raison. Sofia qui saute les étapes, prête à se faire maman d'une boule de poile avant même d'avoir son propre chez elle.

Et enfin, le nom qu'elle attendait. Qiu. C'est naturellement qu'il fait son apparition sur les lèvres de Yaya. Celles de Sofia sont aussitôt prises d'assaut par ses incisives. Lèvres qu'elle scelle pour empêcher toute l'agitation qui bourdonne en elle d'exploser sous la forme de hurlements divers et variés. Et Yaya parle. Il soulève des détails aux apparences insignifiantes, mais qui dans sa bouche prennent une valeur insoupçonnée.

Oh mon dieu. Elle n’y arrive plus. Le sourire déjà présent explose un peu plus. Dans ses yeux aussi, la lueur malicieuse se fait plus forte encore.« Ooooouh you’re blushing ! » POUF. L’oreiller la frappe en plein visage. Coup fatal. Sofia se laisse tomber sur le dos, dramatique à souhait tandis qu’elle joue les assommées. Mais déjà les paupières se relèvent, elles dévoilent un regard en coin qui veut tout dire. « Stop ! » Oh, elle n’en a pas l’intention non. C’est qu’elle ne fait que commencer.

Des adolescents. C’est ce qu’ils sont en ce moment. Littéralement. Yaya, les teintes rosés de son visage dissimulées entre ses mains et elle, un sourire à la fois malicieux et attendrie posé sur les lèvres. Les années ont beaux passer, les réactions changent peu. Les histoires de coeurs de ses proches, celles d’hier comme celles d’aujourd’hui, provoquent toujours le même effet démesuré chez elle : un mélange d’euphorie et d’impatience. « OH MY GOD JUST MARRY HIM ALREADY ! » qu’elle hurle en saisissant le coussin Molang pour le serrer contre sa poitrine.« YOU’RE SO CUTE. » Trop même. Son coeur est faible face aux histoires de sentiments. Il se pâme pour un rien tandis que l’imagination l’emporte bien trop loin. Sofia se fait souvent héroïne de comédie romantique, ou dans ce cas précis, personnage secondaire. Elle n’a besoin de personne pour se donner le rôle de la confidente un peu trop zélée.« You are so in love, I could literally feel it all the way in Muang Xay ! » C’est à peine si elle exagère. Oui, Sofia a décidé qu’elle sait tout depuis le début, qu’elle a vu l’histoire venir à l’instant même où Yaya lui a mentionné l’homme aux cheveux bleus.  Ce qui n’est pas totalement faux, au fond.

Et elle est mi-soupire mi-sourire en remontant le fil de ses pensées jusqu'à ce fameux appel. Si le monde semble s'être paré de nouvelles couleurs pour Yaya, en revanche, rien n'a changé pour elle.« Damn I wish I had some cute love story to tell as well, but I'm still ALL BY MYSELF. » Les derniers mots sont plus criés que chantés. Et la voilà qui se laisse à nouveau tomber sur le dos, les bras écartés vers un plafond qui lui sert de ciel, toute accablée qu'elle est par le poids de son célibat.

La scène s’achève aussi vite qu’elle a commencé. C’est qu’elle n’est pas là pour geindre, du moins, pas sur sa vie sentimentale. Oh, il y a bien trop d’enthousiasme en elle pour ça.« So what’s the plan anyway, are you gonna ask him out ? » Oh, il faut ! Il est si beau, si heureux, Yaya amoureux. Une telle beauté venant du coeur ne peut pas mener à autre chose qu’une belle histoire, Sofia en est persuadée. Ça serait bien trop triste sinon.

Et pourtant. Ça y est, elle s’imagine le contraire. Car rien ne lui dit que Yaya ne compte pas vivre son coup de foudre dans le secret de son coeur. Oh non. Pas possible. « Please tell me you’re gonna ask him out. » redemande-t-elle, plus sérieuse cette fois.

Elle a cette aisance à voir, à savoir, Sofia. Par le timbre de sa voix ou le mouvement de son corps, par un mot usé ou un souffle abandonné, elle sait. Ils se connaissent depuis si longtemps, après tout. C'est en sa compagnie que Yasmin s'est créé, s'est forcé. C'est sous ses yeux qu'il est devenu qui il est, aujourd'hui, et la même chose de son côté. Des jumeaux aux différences trop nombreuses pour l'être réellement et pourtant ; ils se comprennent complètement, entièrement, plus vite que l'autre ne se comprend lui-même. Sofia sait ; elle sait lorsqu'il est agité, avant même qu'il le soit. Elle sait lorsqu'il va pleurer ; un doigt contre sa joue pour chasser une larme qui ne coule pas, encore. Peut-être savait-elle pour Nate, aussi, autrefois. Peut-être voyait-elle toutes ces choses qui n'allaient pas. Sa mère savait, en tous cas ; elle peste encore, à l'occasion, lorsque Nate se rend à son salon de coiffure pour se faire couper les cheveux. Elle ne s'est jamais contenue face à son ancien amoureux, a toujours été franche avec lui et, étrangement, Nate a toujours apprécié sa franchise, qu'importe si elle l'envoyait bouler. Sofia possède cette innocence sauvage qui la laisse croire trop fort à l'amour ; peut-être fermait-elle les yeux comme lui, alors, face à ces moments qui le bloquaient, dans sa liberté, et qui termissaient le sourire se trouvant sur ses lèvres. Les derniers mois à Savannah lui ont fait du bien. Les derniers mois à Montpelier aussi, une fois célibataire. Il est difficile de voir, lorsqu'on est en couple, tous les sacrifices que l'on peut faire pour l'être aimé. Yasmin s'était tu trop souvent ; peur de déranger, peur d'agacer. Nate soupirait, parfois, ou lâchait un commentaire. Ce qu'il trouvait adorable au départ l'agaçait, avec le temps.
Il y a quelque chose de différent, là, sur le coeur. Un amour nouveau. Un sourire trop bête, sur ses lèvres. Yasmin s'est contenu les premières semaines avec Qiu. Les regards de travers, les silences trop lourds ; il a pincé ses lèvres plus souvent qu'il a parlé et pourtant, nombreux sont les mots qui ont quitté ses lèvres, nombreuses sont les fois où il s'est approché de l'autre pour lui offrir un énième monologue. Qiu n'a pas toujours répondu. Il ne répond pas toujours, même aujourd'hui. Mais jamais il ne lui a dit de se taire, et jamais il n'a semblé ennuyé par ses paroles infinies. OH MY GOD JUST MARRY HIM ALREADY ! Le hurlement venant de Sofia pourrait aussi bien venir de son propre coeur. Yasmin couince encore, grand dramatique, un rire aussi dans la gorge. Un rire de gêne et de bonheur, le visage encore dans les mains. Les doigts s'en éloignent, pourtant, et le rouge ne peut qu'être vif sur son visage. Il se marie merveilleusement bien avec les brillants dans ses iris. YOU’RE SO CUTE. Et il rit, encore, et remonte ses mains contre ses joues, se penche vers l'avant et remonte ses genoux, aussi, presque foetus. Mais le mouvement ne dure qu'une seconde et il secoue la tête, sort de son cocon et rit, encore, le visage entièrement à découvert et les mains passant dans sa crinière folle. Stop. I'm not cute. I'm really manly right now, okay. qu'il fait, avec un faux sérieux, un grand sourire encore sur les lippes et des étoiles dans les yeux, comme du rouge sur les lèvres. Il est heureux. Si heureux. Par les sentiments dans son coeur mais aussi par la présence de sa soeur. Certes, Yasmin ne cesse de parler aux gens qui l'entourent de Qiu dés qu'il en possède l'occasion, mais il y a quelque chose de différence d'en parler avec sa soeur. Elle le connait. Elle sait tout ce qu'il y a à savoir. Et surtout, elle connait les profondeurs de son coeur, et sa pureté. You are so in love, I could literally feel it all the way in Muang Xay ! L'a-t-elle vraiment senti ? Yasmin ne saurait dire. Après tout, il ignore quand le sentiment est né. Yasmin ne remarque jamais ces choses là. Le sentiment est déjà grand, immene, presque étouffant, quand il en prend conscience. Ah. Maybe ? I don't - Il ne sait pas, vraiment. Un rire le prend, encore. Well, maybe. Il parle tant de Qiu, après tout, depuis tant de mois. Damn I wish I had some cute love story to tell as well, but I'm still ALL BY MYSELF. Les lèvres se tordent doucement. Yasmin observe sa soeur. Elle est belle, douce, parfaite. Là, étendue sur son lit. Yasmin l'observe et sourit doucement, habité d'un sentiment puissant. Don't worry. I'm sure some prince is waiting for you in his jungle. Tarzan, maybe. Il y a toujours eu quelque chose de particulier, après tout, avec les garçons que Sofia trouve de son goût. Yasmin les a toujours apprécié, qu'importe s'ils ont tous été unique à leur manière. Il se souvient encore de celui qui parlait de philosophie et de problèmes de société pendant des heures mais qui travaillait dans un supermarché comme caissier et qui était incapable de terminer une trimestre universitaire. Or a monkey. qu'il ajoute, moqueur, les yeux brillants. So what’s the plan anyway, are you gonna ask him out ? Elle est là, la grimace. Yasmin grimace et se redresse, quitte le lit, lentement. Il ne sait pas quoi lui répondre, exactement. Sofia rêve toujours plus que lui. Elle voit déjà le mariage si tôt, dés que le coeur bat pour un autre. Yasmin garde pour lui l'existence de son board pinterest. Si elle le découvre, elle ne le lachera pas. Traversant sa chambre, il s'empare de son peignoir trainant sur un bureau et l'enfile, lentement. L'été a beau être là, la clim est forte dans l'appartement et il commence à avoir froid. I don't know Sofia. I mean. I'm okay like this. Il ne sait pas, aussi, les sentiments de Qiu. Yasmin n'a pas envie de s'imposer trop. Il y a tant de choses à découvrir sur Qiu, encore. Tant de choses, minuscules, qui lui suffisent. Sa simple présence suffit. Un simple silence le rend heureux, pour autant qu'il croise ses yeux. « Please tell me you’re gonna ask him out. » Il soupire, encore, et le regard tombe sur le hoodie de leur université. Celui de Nate. Celui de Nate que Qiu a porté, lors de la teinture, et qui posséde plusieurs tâches de bleu. Il ne sent plus son odeur, maintenant, ni même celle trop puissante des produits capilaires. Uniquement les traces de la teinture faite à il y a un moment, maintenant. Yasmin sourit délicatement. It's not that easy, Soso. And - I mean. - I'm happy right now, you know ? Juste à le voir, et passer du temps avec lui, ça me suffit. Peut-être un jour, on verra. Y'a des centaines de choses que je veux faire avec lui et j'ai pas nécessairement besoin de sortir avec lui pour ça. C'est mon ami. Et c'est déjà beaucoup, venant de Qiu, Yasmin peut le sentir. Les frontières sont nombreuses, autour de Qiu. Les silences pèsent de mots qui ne sont pas dits, et le passé est flou, encore. Yasmin ne cherche pas à tout savoir. Il est curieux, certes, mais il respecte le temps dont Qiu a besoin. Il lui semble si fragile, souvent. Yasmin a peur de le casser, à certains instants. Les iris se défont du hoodie pour se poser sur Sofia. He's just so soft. And sweet. I don't want to scare him or whatever, you know ? I want - I want to give him all the things and the time he need. La voix n'est pas agitée, juste douce, à parler. Yasmin hausse des épaules, délicatement. And hear all the things he want to tell me. Le coeur est doux, trop doux. Yasmin pince ses lèvres, brièvement, dans un instant de pause. Il se contente de ressentir ce qui se trouve dans son coeur, de prendre un moment de pause pour le ressentir pleinement. Puis, un soupir quitte ses lèvres et il sourit, un peu. Anyway ! T'es ici pour quelques jours ? Quelques semaines ?Tu comptes faire quoi ? Non mais parce que - Le sourire croît, et le corps se détourne. Yasmin fouille sur le bureau, encore, et en sort un papier, cette fois-ci, qu'il tend à sa soeur. J'reste pour quelques années, dans mon cas. J'l'ai pas encore dit aux parents. Il s'agit de la lettre d'acceptation pour l'université de Savannah, en droit.

Il y a quelque chose d'à la fois merveilleux et terrible dans les mots de Yaya. Toute la douceur de ses sentiments y percent à l'état brute. Et ça lui fait mal, à Sofia, d'apprendre que cet amour là va rester à l'état de secret. C'est qu'elle s'emballait déjà. Un peu trop, sûrement. C'est presque si elle n'entendait pas déjà les cloches. « I don't want to scare him or whatever, you know ? I want - I want to give him all the things and the time he need. » La moue est boudeuse, mais résignée. Sofia oublie souvent à quel point les choses peuvent s'avérer compliquer, elle qui se laisse aller à la facilité de son impulsivité. Agir d'abord, songer après. Le moment présent et les sentiments prennent toujours le dessus sur la raison. Malgré les appels du coeur, il y a chez Yaya une retenue que Sofia ne peut qu'admirer, faute de pouvoir l'imiter. « Yeah, i understand. » dit-elle dans un sourire. Évidemment qu'elle comprend. « And if you're happy, then i'm happy. » Et son bonheur, c'est tout ce qui compte, au fond. « But you know what, my famous sixth sense is telling that he wants you too, I know it. » Puisqu'elle le dit, ça doit forcément arriver. Qu'importe qu'elle n'ait jamais croisé ce fameux Qiu. Ils sont trop beaux, les sentiments de Yaya amoureux, pour qu'elle s'imagine autre chose qu'un amour partagé.

C'est cependant sans insister qu'elle se laisse guider dans une nouvelle conversation. « Anyway ! T'es ici pour quelques jours ? Quelques semaines ? Tu comptes faire quoi ? Non mais parce que » Elle est à ça de se lancer dans un long monologue expliquant les raisons de sa raison à Savannah, quand elle est coupée net par le suspens que Yaya impose sur sa personne. Ça ne dure que quelques secondes, le temps de sortir un document du bureau, mais c'est déjà trop pour Sofia. Le regard impatient se pose sur le papier glissé entre ses mains pour le dévorer, gourmand de ragots et de nouveautés. Université, admission, blahblah... Un survol suffit pour comprendre. Pour bondir. « OH MY GOD WHAT » Et la voilà d'un coup sur ses pieds, Sofia. « J'reste pour quelques années, dans mon cas. J'l'ai pas encore dit aux parents. » Debout sur le lit, elle revient sur les lignes d'un rapide mouvement de regard. « I mean, not that I'm surprised you got in or anything » La réussite de son frère, Sofia n'en a jamais douté. Il est brillant, Yaya. Bien plus qu'elle. « but OH MY GOOOOOOD ! » Ce n'est pas pour autant que cela l'empêche de hurler son bonheur comme s'il s'agissait là d'une surprise inattendue. La joie la démange jusque dans les jambes, elle en sauterai presque sur le lit. Une brève pensée compatissante pour le malheureux matelas de Yaya la pousse néanmoins à descendre. Les pieds s'écrasent lourdement sur le plancher. Tant pis pour les voisins du dessous. Y a pas de légèreté chez Sofia, jamais, à croire que la gravité la rappelle au sol avec plus de vigueur que les autres. « I’M SO PROUD OF YOU ! YOU’RE TRULY THE BEST ! » Les bras s’enroulent à nouveau autour de son frère, serrent fort, fort. Son frère. The smartest guy on earth. Elle le soulèverait pour l’étreinte plus fort encore, si seulement elle en avait la force. À la place, Sofia se contente d’une étreinte musclée. Encore. Après une si longue absence, elle en a, des câlins à offrir, à rattraper. Par chance, ils auront tout leurs temps pour ça : « As for myself, well, the good news is, that I’M STAYING IN SAVANNAH ! » AAAAAAAH!! Et la voilà qui sautille à nouveau, Yaya toujours entre ses bras. Elle ne le lâche que pour se jeter à nouveau sur le lit. Une seconde. Le temps de respirer. De se redresser. À la voir s’agiter comme le fait, on peine à croire que Sofia descend tout juste de l’avion. Ou qu’elle ne soit pas sous l’influence du café. « I just need to find a job, » Un doigt se lève, il vient illustrer le premier point d’une ambitieuse liste : « find a flat, nail the exam to become a nurse, find love, get married, have babies, and a dog maybe. » Tout simplement. « So yeah that’s what I’m doing here. For now. » For now. Car qui sait où Sofia se trouvera dans un an ? Certainement pas elle. C’est d’un pas hasardeux qu’elle avance dans la vie. Mais le sourire qu’elle envoie à yaya, lui, n’a rien d’un hasard. Sourire qui trahit déjà l’idée qu’elle a derrière la tête. « Soooo…. Do you mind if I stay at your place while I look for an apartment ? » Oh, elle connaît bien la réponse, Sofia. Elle demande pour la forme. « I’M SO SORRY I should have asked you before I came here, but like I said, I really really reeeeeally wanted to surprise you ! »

La joie de Sofia n'est pas discrête. Elle est lourde et étouffante, envahissante et chaleureuse. Elle se glisse dans chaque coin de la pièce, comme dans chaque centimètre de son visage, mais aussi de son corps. Elle en sourit au point d'en avoir mal, peut-être, et ses yeux brillent si fort, et elle n'attend jamais pour l'agresser d'une affection si violente que Yasmin s'en ennuie, quand elle n'est pas là. C'est une chose que l'on oublie pas. Une accolade qui est forte, abusive et qui lui apporte un réconfort dont il n'a pas besoin, pour l'instant, mais qu'il accueille entièrement à chaque fois. Elle l'a encouragé, si souvent sans savoir, à vivre ses émotions entièrement et sans retenu. Il réfléchit souvent, Yasmin, sans qu'on ne puisse y penser. Il réfléchit aux autres, avant un mouvement et une parole, ou du moins, il le fasiait énormément, enfant. On oublie rapidement le Yasmin petit et insécure qu'il a pu être, plus petit. On oublie souvent qu'un soleil est rentré dans sa vie et qu'il a flouté ses barrières, et qu'il l'a aidé à être qui il est, aujourd'hui. Il doit beaucoup à Sofia, autant qu'il doit à ses parents, pour la personne qu'il est devenu. Et il la serre, alors, lui-aussi dans ses bras, et il rigole d'un rire franc, quand elle le secoue de toutes ses forces sans rééllement parvenir à le bouger entièrement. Il y a toujours cette insécurité, en lui, malgré les années. Il a appris à l'apprivoiser et la connaître, par contre. Yasmin sait qu'elle lui est utile. Qu'il est important de se remettre en question, et de douter un peu, mais jamais de soi-même, ou encore de ces compétences. Il sait ce qu'il vaut. Et s'il en vient à l'oublier, plusieurs personnes sont là pour le lui rappeler. As for myself, well, the good news is, that I’M STAYING IN SAVANNAH ! Le coeur manque un bond avant de croître démesurément. Il prend trop de place, tant de place, tandis que les yeux s'ouvrent grand. What ? I - What ? REALLY ?? Il lui semble, depuis leur enfance, que Sofia change d'idée de travail à chaque mois. Elle pourrait tout faire, avoir le temps. Elle accumule les connaissances plutôt que les études entières, comme son frère, et Yasmin l'envie parfois, de ce côté. Il a ce besoin d'obtenir un diplome lui accordant un métier précis, malgré lui. C'est certainement pour cela qu'il a passé tant de temps à étudier la psychologie, et qu'il a abandonné les cours de théatres, comme ceux de chinois. I just need to find a job, find a flat, nail the exam to become a nurse, find love, get married, have babies, and a dog maybe. Un rire le prend, encore, aussi honnête que les sentiments qui se trouvent dans son coeur. Yasmin secoue la tête, prend son visage entre ses doigts pendant qu'il rit, les émois si multiples en lui qu'il ne sait que penser, pendant un instant. Il rêve, parfois, de voir sa famille venir vivre à Savannah. Car le coeur est là bas et ici à la fois, et il souffre malgré lui de la distance entre les gens qu'il aime et lui. Certains appels avec ses parents ou encore, Sofia, l'ont souvent laissé lourdement sentimental, presque au bord des larmes, tant il s'ennuie d'eux. I'm surprised you didn't find a man on your way there. qu'il se moque gentiment, le visage encore entre les doigts. Sofia a cette tendance à s'amouracher d'un visage rapidement. Elle s'émerveille d'une personne sans en voir les ombres, sans en voir les défauts, si longtemps avant d'être frapper par la vérité. Elle se blesse à aimer. So yeah that’s what I’m doing here. For now. Les doigts glissent, enfin, de son visage. Il prend le temps de l'observer, Yasmin. Une part de lui-même ne réalise pas encore, peut-être, qu'elle est là. Peut-être parait-il stupide, assis sur le lit, toujours en slip, à l'observer comme un idiot. Soooo…. Do you mind if I stay at your place while I look for an apartment ? Et le coeur enfle, encore, de sentiments. Il ne cesse jamais. I’M SO SORRY I should have asked you before I came here, but like I said, I really really reeeeeally wanted to surprise you ! Et c'est doux. Si doux et léger, entier, le nouveau sourire qui se glisse sur ses lèvres. Sofia n'a pas besoin de s'excuser, n'a pas besoin de lui demander cela. Ce qui est à lui est à elle, par défaut. Elle est une part de lui, une part de son âme. Ils partagent la même, qu'ils se sont dit souvent. Âme soeur, peut-être, tant et ils ont besoin de l'un et de l'autre. Et si Qiu croit à ces histoires religieuses, si Qiu est persuadé de ne plus avoir d'âme, Yasmin est prêt à lui donner une part de cette demie qu'il possède, déjà. Elle est sienne sans qu'il ne sache. Yasmin a envie de le faire sentir en vie, à chaque jour, dans les grands et les petits gestes. Yasmin ne rêve que de lui apporter des sentiments similaires à ceux que Sofia lui offre, constamment, à défaut de pouvoir peut-être l'embrasser et l'enlacer, un jour.
Le sourire est là, encore, sur les lippes. Il s'étire et avec lui, les yeux se plissent, et brillent. Peut-être est-il un peu émotif. Yasmin n'a pas honte de ses larmes, jamais. Gosh, i love you so much. I missed you. C'est à son tour de fondre contre elle, de la prendre dans ses bras et de la serrer contre lui. Il n'y a pas la force brute de Sofia, dans le geste. Yasmin s'accroche plus fort, dans les étreintes, comme s'il ne désirait pas se défaire du contact, comme s'il voulait fondre dans l'autre. Of course you can stay. what's mine is yours. always. Ce n'est pas le premier toit qu'il lui offre. Ce ne sera pas le dernier. Yasmin est prêt à tout, pour Sofia. Et elle le sait. Comme elle ferait la même chose, pour lui. Il regrette parfois de ne pas l'avoir suivi à l'autre bout du monde, mais Yasmin est heureux du chemin qu'il a fait, de son côté. Certains regrets sont uniquement là pour être. Il renifle, un peu, Yasmin, avant de la laisser filer hors de ses bras. D'un geste naturel, il frotte ses yeux avant de se redresser et de quitter le lit. Il a oublié, déjà, ce qu'il pouvait bien faire avant qu'elle ne débarque si brusquement dans l'appartement. La chose importe peu. i'm hungry ? are you ? we can go outside and eat something. Elle s'est toujours plaint, Sofia, de la nourriture dans les avions. Peut-être qu'elle mange autant que lui. Le regard la quitte brièvement, tandis qu'il ouvre un tiroir et cherche des vêtements à mettre. Le calecon est bon pour la réunion, mais certainement pas pour sortir de l'appartement.

Sujet: Re: so!!happy!!to!!see!!you!! (soya)