ambush date, or how to get rid of your annoying legal guardian | JAVIER

Ambush date, or how to lose your annoying

LEGAL GUARDIAN IN ONE NIGHT ?

JAVIER & ADRIANA

"Most of their lives, people are
just waiting to be ambushed."
Jayden Hunter, Undressed To The Nines

Adriana se faisait un devoir d'arriver toujours à l'heure. Pas une minute avant (sauf si c'était une nécessité) par une minute après (sauf si empêchement de niveau catastrophe naturelle ou danger de vie ou de mort) : pile à l'heure. Elle était réglée comme une horloge, la sorcière, et cela lui convenait parfaitement, cela la rassurait, l'une de ses nombreuses habitudes devenues filets emprisonnant. Ce qu'elle ne reconnaîtrait évidemment jamais.

C'était si inhabituel, pour Layla, de prendre une initiative envers elle, de tendre la main comme l'adulte responsable qu'Adriana tendait à la voir devenir... Mais c'était arrivé, alors elle avait accepté avec joie ce rendez-vous, une petite soirée au restaurant entre tia et sobrina. Layla avait même pris l'initiative de tout organiser... ce qui n'avait pas du tout plu à sa tante, qui détestait l'inconnu... Mais elle avait fini par "se sacrifier", après plusieurs conversations houleuse et deux tons montant dangereusement vers l'espagnol. C'était bien parce qu'elle l'aimait, sa petite Layla.
Quoi qu'il en soit, elle n'était pas sereine. Un restaurant inconnu du chatham crescent district, dont elle n'avait reçu l'adresse qu'une heure avant l'heure choisie ? C'était tout à fait le genre de surprise qu'elle détestait, ses mains toutes agitées en attestait. Elle prenait sur elle, pourtant, en espérant que Layla ne le lui fasse pas regretter.

Les premiers doutes lui viennent quand elle met les pieds dans le petit restaurant à l'atmosphère intimiste, renforcée par l'utilisation de flammes plutôt que de lumières artificielles (étais-ce seulement autorisé ? Elle allait devoir vérifier si ce n'était pas dangereux). Comme toujours méticuleuse, elle s'attarde sur les détail : vitres propres, check ; pas de moquette, check ; vêtements des serveurs sans plis, check ; tables pour deux seulement remplies par des couples, che- wait ! No check.
Elle n'a pas le temps de poser des questions qu'une des jeunes femmes postée à l'entrée s'approche d'elle, tenue impeccable à l'image du restaurant à la fois cosy... Et rose. Pas rose comme le doux rose poudré de la robe qu'Adriana avait choisi pour l'occasion, en s'accordant accidentellement avec l'endroit ; mais plutôt un rose sombre, tirant vers le rouge.

« Good evening, miss. Can I have your name, please ? » « Good evening. Zapien, Adriana. » Elle répond avec politesse et un sourire avenant. Si elle s'était trompée d'endroit, elle le saurait tout de suite. Pourtant, le sourire de la serveuse s'accroît et elle la voit cocher ce qui semble être une liste de noms... Quel genre de restaurant ne prenait que des réservations un vendredi soir ?

« Please follow me, you're the first one of your table to arrive. We always begin later than what's planned, for the late comers. » Suspicieuse, elle lui emboîte le pas, talons cliquetant sur le parquet parfaitement ciré, regard se perdant dans le décor aux couleurs du romantisme, cœurs, fleurs, photos de baisers encadrés, tout ce qui allait avec. Ayant jeté son romantisme aux orties depuis longtemps -ou disons, rangé soigneusement à triple tours- Adriana retient une grimace. C'était tellement... too much. « Thank you. » Elle remercie la serveuse et s'installe à une petite table dans un coin, table ou trônait deux bougies rouges en forme de cœur, évidemment. Et une vaisselle fleurie. Ah, Layla... Si c'était une blague, ce n'était pas trop mal trouvé. En soit le décor ne la dérangeait pas, si la nourriture était bonne... Et la compagnie.

Malgré tout, toujours suspicieuse, la jeune femme sort son portable de son sac à main et décide de vérifier sur internet, cette entité qu'elle appréciait peu surtout qu'une fois sur deux... Bingo, l'écran était encore bloqué. Elle soupire, essaie plusieurs fois de rafraîchir la page, mais comme bien trop souvent l'électronique faisait des siennes. Elle était trop agitée, sûrement, être lié aux forces naturelles avait des inconvénients.

Elle pose l'objet momentanément non disponible sur le coin de la table et continue son observation des alentours, ses doigts tapotant en rythme la table couverte d'une nappe aussi dégoulinante de mièvrerie que le reste. Ce qu'elle aurait sûrement apprécié, dans d'autres circonstanes.

La serveuse revient, suivie de tout sauf de Layla. A la place d'une petite sorcière menue, un homme, grand et sombre, à la vue duquel Adriana se lève.

« Javier ? ¿Qué estás haciendo here?  Did Layla sent you ? Is there a problem at the bar ? » Frisson terrifiant, un instant Adriana perd tout self control, laissant parler la "mère" avant la head witch censée et posée.

Layla était censée finir plus tôt, exceptionnellement, pour la rejoindre au restaurant. Mais à la place, son boss était là, forcément Adriana saute sur une conclusion hâtive, elle n'avait jamais approuvé ce travail, même si elle avait fini par approuver au moins le patron. Elle puise aussitôt dans son pouvoir, force invisible qui lui permet de s'abreuver des émotions d'autrui, et si elle est momentanément troublée par la nervosité et l'excitation ambiante des clients (et qu'elle est trop préoccupée pour s'en sourcier), lorsqu'elle se focalise sur Javier elle ne trouve aucune peur. De la confusion, oui, surprise... Une pointe d'agacement, ou étais-ce de l'amusement ? Parfois elle avait du mal à les séparer...

Quoi qu'il en soit, il n'était pas dans l'urgence. Adriana se détend furtivement et pose la question qui lui brûlait les lèvres depuis qu'elle était entrée de ce qui était visiblement un restaurant romantique.

« ¿Que pasa ? » La question à mille dollars.