the art of killing with kindness | ADRIANA

WE WERE BORN TO BE ALIVE, WE WERE BORN TO GIVE LIFE | CHILDHOOD Elle court, elle court partout, la drôle de petite sorcière. Elle traîne dans leurs jupes, tire des sourires attendris, gagne des cheveux ébouriffés et des "hija !" amusés. Adriana, c'est un peu la fille de tout le monde, c'est un peu la fille de personne. Elle n'a pas l'air de s'en faire, de son cadre familial déglingué, et si parfois elle en prend plein la tête, à l'école, parce que ce n'est jamais la même personne qui vient la chercher, parce qu'elle se prend pour une mini-adulte du haut de ses trois pommes, eh bien jamais elle ne s'en plaint. Elle est toute mignonne, Adriana, les adultes, les maîtresses l'adore, les autres ça dépend, les enfants la traite parfois de lèche-botte, alors ça lui arrive d'aller pleurer, cachée derrière son arbre préféré, avant de retourner à sa petite vie avec son sourire édenté qui brille comme le soleil. Adriana, elle n'écoute personne quand on lui dit qu'elle est trop petite pour entrer dans la clinique (elle qui est si sage, d'habitude), dès qu'il y a un instant d'inattention elle se faufile, elle  observe, le sang ne lui fait pas peur, d'abord (par contre, les patients, ça peut leur faire un peu bizarre quand ils se rendent compte qu'une p'tite les observe se faire remettre en un morceau). Sa sœur, c'est la plus grande sorcière du coven, tous la respecte, tout le monde l'adore. Sa sœur, elle ne la connaît pas trop trop bien, parce qu'elle était déjà adulte, quand Adriana est née, alors elle sait c'est c'est sa hermana seulement parce qu'on lui a dit, pas parce qu'elles ont grandit ensembles. Mais c'est sa sœur, et on lui rempli la tête d'histoire de famille depuis qu'elle peut se souvenir... Son abuela est intarissable, et Adriana est insatiable. Pour elle, la magie c'est la réponse à toutes les questions, c'est la plus belle chose au monde, et elle court, elle court, insouciante et heureuse et inconsciente des vraies souffrances. Pour elle, avoir mal c'est s'égratigner la peau, c'est tout, si seulement ça avait été aussi simple. Adriana est juste une enfant qui veut que les gens tout autour soient aussi souriants et heureux qu'une p'tite sorcière comme elle, et d'ailleurs sorcière c'est magnifique, comme mot, ça lui chante aux oreilles et elle ne comprend pas pourquoi il y en a qui grimacent, quand elle dit tout haut ce qu'elle est, qui elle est. La vie est facile, pour Adriana, personne n'attend vraiment rien d'elle, de la petite dernière, la Zapien surprise qui n'aurait même pas du naître. Elle est à l'image de sa vie, douce comme les sucreries qu'une de ses madres lui glisse en catimini, parce que qui peut résister à une bouille pareille ?


A BABY IS BORN CRYING OUT FOR ATTENTION. MEMORIES FADE LIKE LOOKING THROUGH A FOGGED MIRROR | 1998 Adriana n'est plus une enfant, enfin c'est ce qu'elle vous dira, parce qu'elle travaille déjà presque comme une adulte, à aider de ses petites mains tout autour du compound. On ne la force à rien, elle est volontaire parce qu'elle veut rejoindre les rangs des soigneuses, quand elle sera plus grande. On lui fait commencer en bas de l'échelle, mais c'est toujours ça de pris. Sa magie est encore timide, à peine développée, ils disent que sa maîtrise est trop brute et que c'est pour ça qu'elle se blesse en voulait aider les autres. Mais c'est pas grave, ça viendra, c'est juste que le transfert lui est venu avant le reste. Adriana passe beaucoup de temps à jouer autour d'Adela, qui se repose, avec son gros ventre et ses yeux fatigués. Adela ne se repose jamais, mais le bébé arrive bientôt alors elle n'a pas le choix. Adriana aime passer du temps près d'elle, depuis qu'elle a découvert qu'elle pouvait lire les émotions. Celles d'Adela sont toujours emplie de chaleur et d'amour, c'est encore plus agréable, avec l'enfant qui grandit en elle. Et pourtant, il y a de la peur aussi, cette émotion froide, effrayante, alors Adriana serre sa main et lui sourit en lui racontant sa journée. Est-ce qu'elle réalise, qu'elle va être tia, qu'elle ne sera plus la dernière des Zapien ? Pas vraiment, non.

Quand ça arrive, on la garde à distance, on lui dit de rester au calme dans sa chambre, même si elle entend les cris d'Adela, même si les émotions se déchaînent au point de la faire tomber au sol, recroquevillée, noyée et seule et stop-stop-stop que ça s'arrête. Si seulement on l'avait laissée être présente, elle aurait pu aider, à diminuer la douleur quitte à souffrir à sa place. Elle ne sait pas ce qu'elle dit, ce n'est pas pour rien qu'on la garde à l'écart.
Le calme revient, enfin, après ce qui semble des heures, et on vient la chercher pour l'amener auprès de sa sœur. A onze ans, Adriana sait ce qu'est un bébé, il y en a tellement qui naissent dans la clinique tous les ans, mais cette fois c'est différent car quand elle s'approche, elle est baignée par une telle tendresse que les larmes lui montent aux yeux. Adela à l'air à la fois épuisée et rayonnante, et la jeune sorcière s'assoit sur le bord du lit, muette. « Adriana, je te présente Layla. » Sa sœur lui tend le nourrisson, soigneusement enroulé dans une jolie couverture faite main par une des sorcières du coven. Elle lève ses bras, hésitante, et fais attention à bien la porter comme elle l'avait vu faire, sa main derrière son tête. Adriana ne saurait pas dire à qui appartiennent ces émotions, d'émerveillement teinté de crainte et d'affection. « Hola, Layla. Soy tu tia, Adriana. Te quiero mucho pequeña. Mucho mucho ! » Ce qu'elle sait, c'est qu'elle la protégera, cette fragile créature, parce que c'est ce que fait la famille.


WITH GREAT POWER COMES SO FUCKING MUCH PAIN | AWAKENING Adriana était revenue à elle, groggy, faible, avec l'impression de s'être faite courir dessus par tout une meute de lycan un soir de pleine lune. Elle ne se souvenait presque pas de ce qu'on allait communément appeler "l'accident". Quel euphémisme, pour le jour ou elle avait failli mourir.

De ce qu'on lui a raconté, elle était entrée dans une sorte de transe. Tout ce qu'Adriana avait voulu, c'était l'apaiser, lui apporter du confort, peut-être prendre un peu de sa douleur pour qu'il puisse s'en aller en paix. Son œil déjà bien entraîné savait qu'il était trop tard pour le sauver, tant ses blessures étaient importantes. Mais elle avait quand même voulu utiliser sa magie, juste un peu, pour l'aider. Sauf que ça ne s'était pas passé comme prévu. C'était comme si une porte avait été ouverte, à l'intérieur d'elle. Une cascade de magie qui n'attendait qu'à être réellement utilisée s'était déversée au travers de son corps, jusqu'à celui du blessé. Elle se souvient du bruit, très vaguement, il y avait tellement de cris. La douleur était intolérable, mais elle ne pouvait pas arrêter, pas quand elle sentait qu'il s'accrochait à la vie, et qu'elle pouvait le sauver. Elle avait continué, jusqu'à ce qu'on l'arrache de force au blessé, et qu'elle perde conscience.

Toutes les soigneuses du coven s'étaient relayées à son chevet, jours et nuits, pour la sauver. Adriana avait sauvé une vie, presque en échange de la sienne. Ce qui aurait du être impossible, pour une sorcière aussi jeune, et même pour les plus expérimentées. Elle aurait du s'épuiser avant que les choses ne dérapent autant. Et pourtant.
Les nouvelles cicatrices étaient la preuve que ce qui lui avait semblé un cauchemar était bien arrivé. Elle découvre un nouveau respect, dans le regard de ses consœurs, même dans celui d'Adela. Elle qualifie sa magie de prodigieuse, et en même temps lui interdit formellement de recommencer. La décision est unanime, même si elle est puissante, la forme de sa magie ne lui permettra jamais d'en faire bon usage sans courir au suicide.

Comme toujours, elle se soumet à la décision de sa sœur, sans discuter. Mais cette fois, elle le fait avec un cœur lourd d'incompréhension et d'injustice. Pourquoi ? Pourquoi lui donner une magie qu'elle ne peut même pas utiliser ? Mérite-elle vraiment d'appartenir au coven ?


BY ORDER OF THE LATE ZAPIEN QUEEN | 2010 « Par ordre de la head witch, tu n'as pas le droit de l'approcher... Tu n'as pas le droit de la toucher... » Elle voit rouge. Elle se sent trahie, par elles, par son pouvoir, par ce foutu destin. « Que ?!! Hermana ! C'est quoi ces sottises ? Je dois t'aider, je dois t- » « Shhh, Adri. » L'interrompt de sa voix rauque la sorcière alitée... Cela la calme aussitôt. Sa voix est tellement tremblante, sa peau semble si fine, comme du papier, l'entendre, la voir si affaiblie en si peu de temps, c'est terrible. Ça lui met une de ces claques. Et dire qu'elle a du ruser pour arriver à la voir. « Même toi ne peux pas me sauver. Je le sais. Tu le sais. Tu ne ferais que te faire du mal... Ou pire. Non. Je ne le permettrais pas. » Presque toutes les sorcières du coven avaient déjà essayé, d'utiliser leurs pouvoirs pour guérir leur meneuse. Toutes sauf Adriana, parce que Adela la connaissait par cœur, elle savait qu'elle allait vouloir la sauver malgré les risques. « Et moi je ne te permet pas de mourir sans au moins avoir essayé. S'il te plaît. Pense à Layla ! Au coven ! Sans toi, qu'est-ce qu'on va devenir... » « C'est ce que je fais. C'est pourquoi j'ai besoin que tu sois forte. Que tu sois une Zapien. Est-ce que tu peux faire ça pour moi ? » Elle à envie de gerber, elle a envie de hurler, que toutes les émotions en elle, autour d'elle, fichent le camp et ne reviennent jamais. Mais elle n'en fait rien. Adriana se force à sourire et fait tout ce que sa sœur attend d'elle, sans hésiter. Même si ce n'est pas ce qu'elle veut. Cette nuit là, elle lui fait toutes les promesses du monde, sous la garde serrée de deux sorcières postées pour l'empêcher d'essayer de soigner leur meneuse adorée. Condamnée par cette même magie qui était censée sauver des vies, pas les éteindre trop tôt.

Le reste est une histoire bien connue des sorcières de Savannah. Le reste est entré dans l'histoire, quand Adriana est devenue l'une des plus jeune head witch de coven depuis des siècles. L'histoire est gravée dans une pierre tombale qui est toujours fleurie, même en plein hiver, même quand l'été grille jusqu'à la mauvaise herbe. Et p't'être qu'une certaine sorcière qui à de la vie dégoulinant plein les doigts y est pour quelque chose, parce que son hermana mérite bien ça.
En tout cas, c'est pas les larmes qui les arrosent, ces fleurs, parce que les larmes elle n'a jamais eu le luxe de les verser.


WHEN ATLAS WAS CONDEMNED TO HOLD UP THE WORLD, HE DIDN'T GET TO HAVE A SAY. SHE NEITHER.  | 2010 On ne peut pas être ensemble. On ne peut plus. Toi et moi, c'était juste un rêve de gamin. J'ai des responsabilités, et tu n'en fais pas partie. Adieu,  amado. C'est fou ce que ça fait mal, d'abandonner ce qu'on aime. Elle devait vraiment être maso, pour se faire ça. Les sacrifices, ça à un sale goût dans la bouche, c'est amer et aussi un peu salé comme les larmes qui coulent pas. Elle ne peut pas aimer quand elle à une enfant et un coven à gérer. Surtout pas lui, qui est tout ce que les Zapien ne sont pas. Pour être la head witch dont son coven a besoin, Adriana se doit de renoncer à ses enfantillages. A des nuits entières de sommeil. A ses libertés. A lui.
Elle n'en montrera jamais rien. Elle accepte la situation avec calme, dignité. Que faire d'autre ? En vouloir au monde entier, comme Layla ? Non. Du haut de ses vingt-deux ans, elle enterre son insouciance en même temps que sa sœur, et elle serre une enfant dans ses bras, fort, si fort. Adriana peut seulement prendre les blessures, pas le chagrin.

Ce n'est plus tout à fait vrai. Elle peut aussi prendre la couronne, en attendant que la véritable héritière soit prête.


JUSTICE DIES ON THE FACE OF LOVE | 2015 Justice. Un mot grandiloquent, qui semblait simple jusqu'à ce qu'on y soit confronté en première ligne. Qu'est-ce que la justice ? Laisser le conseil condamner Layla pour un crime qu'elle avait commis involontairement, victime d'une maladie chronique et de sa magie ? Laisse le conseil donner à une famille le droit de savoir la vérité, de faire son deuil ?
Ce n'est même pas un dilemme, tant il lui est inenvisageable de laisser sa nièce de seize ans souffrir plus qu'elle ne le fait déjà. C'est Adriana, qui l'a trouvée dans sa chambre, hurlant, couverte de sang et d'un cadavre. C'est Adriana, qui l'a faite parler, doucement, difficilement, juste assez pour mettre les pièces du puzzle en place. C'est Adriana qui a fait prévenir le conseil.
Le procès met sa patience à rude épreuve. Leur comportement l'horripile, leurs manières n'ont rien d'humain, de moral. Si Layla se recroqueville dans sa carapace, Adriana s'avance, et se bat de la seule manière qu'elle connaisse : avec la verve et les faits, avec la certitude que sa cause mérite d'être menée à bout. Qu'elle est juste, dans son injustice. Mais qu'importe, ce garçon est déjà mort, hors de question que l'avenir de Layla soit sacrifié pour autant. Adriana s'appuie sur toute l'influence que lui donne le nom Zapien, entre chantage et plaidoirie, elle se bat comme si sa vie en dépendait. C'est dans ce huit-clos dramatique qu'elle laisse enfin un aperçu de ce qui se cache sous sa peau de chagrin.

Finalement, ils obtiennent raison. Ils obtiennent la clémence et l'oubli, un scandale étouffé, un nouveau secret à emporter dans la tombe. Personne ne peut savoir. Elle accepte la colère de Layla, sa rancune, sa culpabilité. Elle partagera ce fardeau avec elle, sans regret, ou presque. Et si leur relation avait été moins conflictuelle, peut-être que ça ne serait jamais arrivé, peut-être que Layla n'aurait jamais eu à subir ça ? Les "et si" elle les réprime furieusement, le passé ne changera pas pour lui faire plaisir. Elle ne la comprend pas, Layla, même quand elle ressent ce qu'elle ressent, elle à l'impression que tout ce qu'elle fait pour elle la braque encore plus, l'éloigne inéluctablement d'elle. N'est-ce pas ça, être mère ?

Tout le long du procès, elle se souvient de cette nuit ou elle avait juré de prendre soin de Layla, envers et contre tout. De la protéger. Elle se souvient, et elle ferme les yeux, sentiment d'impuissance, d'échec. Chaque jour est une nouvelle bataille, dans ce combat qui les opposent en continue. Mais même les victoire ont un goût de naufrage.


LEAVE IT TO ME, LEAVE EVERYTHING TO ME | "MOTHERHOOD" Une de zapiens vivant au siège du coven était venue la voir, un peu timidement, pour lui parler des problèmes de tapage pas forcément nocturne. Adriana l'avait accueillie avec un doux sourire, s'était excusée sans attendre, pleine de regrets, de compréhension. Elle lui avait assuré que cela allait changer, qu'elle allait parler à sa nièce ; que bien sur, elle serait toujours là pour entendre leurs problèmes n'aie pas peur de venir à moi, mon enfant. Lorsqu'elle est à nouveau seule, elle tape du poing sur son bureau, serre la mâchoire, c'est tellement frustrant ! Layla, qui jusqu'au bout semble déterminée à miner son autorité. Elle se lève, respire un bon coup, sort de là pour aller trouver sa petite fille qu'elle n'accepte pas de voir grandir (c'est pas beau, le déni). Elle sait d'avance comme ça va se terminer, c'et toujours pareil, mais il faut bien qu'elles communiquent, qu'elle lui parle, qu'elle essaie de lui faire enfin comprendre. C'est une enfant et, parmi les quelques livres qu'elle a acheté, à l'époque ou elle pensait encore que des bouquins sur la maternité suffiraient pour élever une enfant, ils un besoin d'un modèle, d'autorité, d'un cadre auquel se raccrocher, même quand ça ne leur plaît pas.


BLOODY-NOT-MARY | MOMENT OF WEAKNESS Elle émerge doucement, tirée de ses songes par une caresse sur sa joue, douce mais trop froide. Caresse ? Elle ouvre les yeux, se redresse d'un bond effrayé, cervidé devant les phares d'une voiture, les crocs étincelants d'un vampire. « Salut ma belle. » Il s'amuse toujours à en rajouter dans le registre creepy stalker, creepy tout court.

« Que... Qu'est-ce que tu fais là ?  » Elle se racle la gorge, main qui se pose sur son cœur battant à tout rompre, jusqu'à ce qu'elle se souvienne de sa nudité, remonte la couverture dans une non prétention de pudeur. C'est pas au programme, certainement pas, une visite impromptue, nocturne, dans sa chambre, dans son lit, à quelques pièces d'autres sorcières endormies. C'est pas sur son planning, et Adriana n'aime pas les changements, elle n'aime pas les surprises, elle n'aime pas mêler ce vampire au coven. Le sommeil n'est plus qu'un lointain souvenir, son sourire de prédateur à l'effet d'une douche glacée. Il est accroupi au dessus de ses jambes, l'air d'excellente humeur.

« Je viens passer coucou à ma sorcière préférée. » Ben voyons. Elle n'ose pas tirer dans son empathie, pas quand elle est à la frontière de l'éveil, les émotions des vampires étaient toujours particulièrement intenses, inhumainement. Et là tout de suite, Adriana à besoin d'être calme. « Ce ne sont pas des manières de s'inviter chez quelqu'un, vampire ou non. Tu sais bien, je préfère qu'on se retrouve loin d'ici. » Sous entendu, il y avait des règles, et il les avaient rompues, et elle n'était pas contente. Qu'elle répond, fin sourire doucereux aux lèvres, hors de question de perdre la face, d'avoir l'air faible tout de suite. « Rooh, soit pas rabat-joie, Adriana, on est amis toi et moi, non ? » Elle cligne des yeux, sa main libre vient tirer sur ses boucles, fort. « C'est une manière de le dire. » Il ricane, se penche vers elle pour inspirer son parfum, ou plutôt l'odeur de son sang. Il en fait exprès, elle en est certaine. Ce que l'ennui leur faisait faire... Elle reste silencieuse, plus ou moins détendue, il ne lui fera pas de mal.

« C'était fun, on se remettra ça, hein ? J'ai déposé un cadeau dans ton frigo, Bye-bye ! » Et il est déjà parti, ombre vive qui disparaît à sa fenêtre dans un silence seulement interrompu par sa respiration légèrement trop rapide.

Impossible de se rendormir après ça. Adriana se lève, un peu plus secouée qu'elle ne veut se l'avouer, enfile un saut-de-lit en lin et se dirige vers son bureau, et la pile de papiers qui l'y attendait encore. Elle se retient d'aller vérifier dans le frigo, même si l'envie est là, même si déjà elle s'imagine un petit écart de conduite à la clinique le lendemain, un petit soin suivi d'une gorgée du nectar cramoisi qui aurait du la répugner. Elle secoue la tête, s'installe sur sa chaise et ressort son dernier dossier, pas le temps de penser à ça. Pour le moment.