tu veux pas la guerre mais pourquoi t'allumes la mèche ? — eugesten

Quand tu as vu t’as mère, tu t’es sauvée à une vitesse affolante, déguerpissant sans demander ton reste. Tant pis pour Samain, tant pis pour les traditions, tant pis pour tes consœurs réunies sans animosité dans Forsyth Park. De toute façon, elles ne vont pas tarder à arriver ici pour faire la fête, une fois libérée de leurs obligations. De toute façon, surtout, t’es convaincue de ne manquer à personne là-bas. Pour les Bellecourt, tu n’es guère plus qu’une piqure de rappel, l’incarnation d’une possibilité terrible. Peu importe l’insistance avec laquelle elles veulent conserver le lignage et son influence, personne n’est a l’abris d’un raté et toi, Eugenia, t’as raté avec tant de brio qu’on pourrait croire que tu l’as fait exprès – quand certaines ont trébuché, se retrouvant avec un don d’orfèvrerie tardif, toi t’as juste jamais été foutu de bidouiller le moindre bijou, la moindre pierre de lune. Inutile à ton coven, on ne t’a pas vraiment répudié mais c’est sans doute parce que tu as décidé de prendre tes distances toi-même.

Couverte de paillettes turquoises et argentées, t’es plus ou moins déguisée en sirène, parce qu’avec tes cheveux roux, Ariel semble être une évidence. Tu devrais être un peu gênée de te balader aussi peu couverte mais t’as piqué quelques bières à des humains bruyants squattant vers l’entrée de la plantation et du coup, t’es éméchée juste ce qu’il faut pour profiter sans avoir envie de couvrir ta peau, sans ressentir le besoin de gommer du bout de tes pouvoirs la moindre de tes imperfections. De toute façon, vu la quantité de gens en train de danser, parler, boire, tu passes inaperçue. Assez, d’ailleurs, pour te faire salement bousculer, un coup d’épaule planté dans ton dos, de quoi presque t’envoyer par-terre. Aussitôt tu fais volte-face, petite furie et dans le boom boom assourdissant, tu te retrouves à hurler sur le premier idiot que tu trouves.  « Bordel, tu pourrais au moins t’excuser » siffles-tu, perfide, agacée, la main couverte de bière parce que le liquide doré à débordé de la cannette que tu avais entre les doigts. T’es trop gonflée pour t’assurer d’engueuler la bonne personne mais il ne fait pas trop sombre pour que tu ne reconnaisses pas celui sur qui t’es en train de passer tes nerfs. « Ah non, pardon, pas besoin de s’abaisser à ça quand on est une rockstar, » que tu lances, aussi arrogante que grinçante alors qu’il n’y a pas cinq minutes, quand t’as entendu que Brand New Saints allait peut-être jouer, t’étais aux anges. Question de fierté mal placée, hors de question de jouer les fangirl face au batteur du groupe, vampire bien trop reconnaissable dans cette marée majoritairement humaine qui vous entoure.

T’es pas particulièrement fière de cette première impression, pourtant au lieu de t’excuser pour ton agressivité, tu le toises d’un air mauvais. C’est sans doute un peu idiot d’attendre des excuses au milieu d’une fête sauvage, dans ce qui n’est ni plus ni moins qu’un squat mais tu ne comptes pas en démordre. Faudrait pas laisser le moindre doute quant au fait que t’es insupportable, pas vrai ? Et puis ça doit le changer, t’es presque sûre que les trois immortels ne sont qu’entourés de groupies qui disent amen à tout. Bordel, ce que tu hais les vampires, t’as été si bien conditionnée pour ça et si tes pouvoirs laissent à penser que t’es pas une Bellecourt, tes préjugés sur les buveurs de sang son digne de tes origines. Pourtant c’est probablement pas lui qui t’a bousculé, parce qu’ils ne sont pas vraiment connus pour leur maladresse. Et puis t’es à nouveau en train de te faire pousser. Tu ne lâches cependant rien et quand on te flanque un nouveau coup dans le dos, puis dans les côtes, t’en profites pour renverser ce qu’il te reste de bière sur le brun, musicien dont t’as jamais appris le nom même si tu connais toutes les chansons. « Oups » craches-tu, avec un sourire de peste, alors qu’au passage tu lui rentres à ton tour dedans, tentant de ne pas grimacer, de ne pas prouver qu’on t’a fait mal en t’envoyant vers lui. Tant pis pour les bleus, tu pourras les résorber en te plantant face à un miroir.

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AVATARS PAR PAST BREATHING & LASERQUEST

T'as été plutôt étonné, au départ, lorsque Brett t'a annoncé que vous n'alliez pas jouer à The Gallows comme il était – du moins, tu pensais – initialement prévu ce soir. C'était pourtant une opportunité à ne pas manquer, d'autant plus au soir d'Halloween, mais tu es le dernier du groupe à te plaindre sur ce genre de choses. Si tu râles vite pour tout et n'importe quoi, vis-à-vis de cet aspect de votre trio chaotique, tu n'es pas difficile et tu suis les directives sans broncher, tant que ça arrange tout le monde. Faut dire qu'en montant ce groupe de musique, l'objectif à tes yeux était surtout de tester quelque chose de nouveau, pas forcément d'être connu mondialement, alors qu'une occasion en or vous file sous le nez est totalement le cadet de tes soucis. Vous avez toute une vie pour y remédier, pas vrai ?
Depuis que vous êtes arrivés sur les lieux, néanmoins, tu ne cesses de te demander la raison de ce changement d'avis si brusque, et aussi pourquoi Finnegan n'a rien dit. Il n'est pas chiant non plus là-dessus mais tu sais pour sûr qu'il ne tend pas entièrement les rênes à l'ancienne rockstar qui vous laisse parfois sous-entendre qu'elle sait mieux que vous les ficelles du métier. C'est pas forcément faux, mais Finn a tendance à rappeler que vous avez tous votre mot à dire alors qu'il ait cédé aux caprices de Brett te fait un peu tilter, mais soit. Il a jeté l'éponge ou votre frontman a réussi à le convaincre, les deux cas sont possibles. Est-ce que Brett a décidé que vous aller performer ici pour Blue ? Sans rire, on te croirait parano avec ces deux-là mais l'idée ne te semble pas aussi ridicule que ça, le connaissant. La blondinette lui a peut-être dit qu'elle venait faire la fête au Mclair Plantation le 31, ou alors il ne voulait pas qu'elle se rende à The Gallows, va savoir.

Tu fronces du nez quand cette pensée traverse ton crâne, ceci dit, sans pouvoir t'en empêcher. Surtout que ça fait un moment que tu ne l'as pas vu, ce con de Danton – vous ne vous êtes pas encore décidés à aller le chercher avec Finn, mais il serait peut-être temps que vous vous rassemblez si vous devez donner un concert à cette foule de fêtards dans quelques instants. C'est donc vers ton deuxième ami que tu te tournes pour lui partager ta proposition ; la surprise te coupe dans ton élan quand tu te rends compte que Finnegan n'est plus à tes côtés non plus. Et tu as beau jeté un regard circulaire autour de toi, pas moyen de retrouver sa silhouette dans ce beau bordel costumé – l'étonnement laisse finalement place à l'air blasé qui te sied à merveille, tandis que tu pousses un soupir en te pinçant l'arête du nez, une main calée sur ta hanche, d'une allure de parent épuisé par le comportement incontrôlable de ses enfants. Sérieusement, on n'en est pas loin. En vérité tu n'es même pas tant déconcerté par le fait que Finn t'ait lui aussi lâché, lui qui est incapable de rester en place plus d'une minute.

Tu redresses la tête, te retenant de souffler bruyamment même si personne ne risque de t'entendre dans ce capharnaüm, néanmoins déterminé à retrouver ces deux idiots pour vous préparer à monter sur scène. Mais alors que tu t'apprêtes à reprendre ton chemin, une voix à un mètre de toi attire ton attention puisqu'elle s'adresse directement à toi, faisant glisser ton œil perplexe vers la source qui n'est autre qu'une... sirène. Well, une fille aux longs cheveux roux déguisée en sirène du moins, sûrement celle du dessin animé Disney, tu n'es pas sûr d'avoir la référence et tu es à peu près sûr que Lola t'en voudrait si elle savait.
— Ah non, pardon, pas besoin de s’abaisser à ça quand on est une rockstar.
Tu arques un sourcil en la dévisageant, non sans un certain dédain dans la façon de faire. C'est finalement de haut en bas que tu la jauges, ton regard glissant de sa tête jusqu'à ses pieds pour revenir sur son visage, histoire de mieux te faire une image de la demoiselle, essayant sûrement de la reconnaître, en tout cas de comprendre ce qu'elle te veut parce que tu n'as foutrement rien entendu de ce qu'elle a dit précédemment. Que les deux autres cons de ton groupe t'aient lâché t'agace encore, alors qu'une nana que tu connais ni d'Ève ni d'Adam vienne te chercher la petite bête n'arrange pas les choses et ta resting bitch face ne s'amoindrit pas le moins du monde, bien au contraire, pas impressionné par son animosité pour un sou.
Tu t'apprêtes donc à lui poser la question, quelque chose comme "Je peux t'aider ?" avec tout le mépris dont tu peux faire preuve, seulement tu n'en as pas le temps puisqu'un mouvement de foule fait qu'on la pousse et elle renverse son restant de bière sur toi. Tu as aussitôt un geste de recul, désemparé tandis qu'un "Fuck !" te glisse des lèvres, quoique tu n'as pas la place pour prendre tes distances. Tu lèves la tête juste à temps pour l'entendre susurrer un oups qui te fait grincer des dents avant qu'une nouvelle agitation l'envoie directement vers toi, cette fois. Par réflexe tu la prends par les épaules pour amortir le choc, et éventuellement l'éloigner de toi, tel un prince au milieu de la plèbe qui ne veut guère être touché par la moindre personne. Tu lui demanderais bien si elle ne s'est pas fait mal mais sur le moment t'es ni aimable, ni dragueur, alors c'est juste un rictus d'agacement qui vient s'installer sur tes lèvres, venant même dévoiler une de tes longues canines.
— Ça va je te dérange pas ? Et le "désolée", c'est en option ? que tu craches, sans capter l'ironie de ta propre remarque.
Ton regard vif repère une canette de bière dans la main de la personne à côté de toi, et lorsque tu l'attrapes avec habileté sans que son propriétaire ne râle, tu te rends qu'elle est pratiquement vide. Il y a assez de boisson, cependant, pour l'envoyer sur ton interlocutrice d'un geste sec et rapide, ce que tu fais. Il y en a largement moins sur elle que sur toi mais juste pour la satisfaction, tu esquisses un sourire de coin, clairement provocateur.
— Au moins on est quittes, railles-tu, tel un gamin victorieux.

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AVATARS PAR DOVAHKIIN & GAINSBORO