Friends on the other side ◇ Awstela

Friends on the other side
< @Awsten Reed & @Rafaela Esperanza >
juin 2020

L'adresse est trouvée sans trop de difficultés, l'immense maison dans Victorian District n'étant pas signalée pour la première fois aux forces de l'ordre. Habituellement, ce sont les simples policiers qui s'en chargent : des histoires de tapage nocturne et de courses de voitures dans la nuit dont Rafaela se tient simplement informée pour avoir toujours une idée de ce qu'il se passe en ville. Pourtant hier soir, c'est un problème d'une autre ampleur qui est survenu. Au retour d'une intervention, son collègue et elle ont repéré un passant très agité qui s'est révélé être sous l'emprise d'une quantité phénoménale d'hématocaïne. Il n'a pas fallu grand chose pour qu'il révèle d'où venait la drogue : d'une soirée organisée par les Brand New Saints. Dans la maison devant laquelle la cheffe de la BCC se trouve à présent, levant son poing pour donner trois coups à la porte, sous le soleil matinal de ce début du mois de juin.

Les trafics ne manquent malheureusement pas à Savannah. Entre l'Emma, les bijoux de lune, les bagues de jours et les artefacts ensorcelés par des sorcières peu scrupuleuses, la BCC ne manque assurément pas de travail. Alors le fait que des célébrités – ou pseudo-célébrités, la flic préfère ne pas avoir de jugement sur la question – s'y mêlent, ça n'arrange vraiment pas les affaires de la brigade. Se retenant de cogner à nouveau la planche en bois qui lui fait face, Rafaela expire bruyamment et pince les lèvres. Elle aurait dû prendre un café à la machine avant de partir, elle le savait lorsqu'elle a claqué la portière de sa voiture allumé le moteur. Ou en prendre un au Moonpie. Ou n'importe où ailleurs, tant qu'elle peut avoir un gobelet empli du liquide brun et brûlant à porter à ses lèvres. Sans compter qu'elle n'a rien pour s'occuper les mains si ce n'est, hypothétiquement, son arme de service qu'elle se retient de détacher de sa ceinture pour jouer avec parce que ça ne fait pas très professionnel. Et puis il y a le bal du conseil dans quelques jours, et elle n'a pas son café pour ne pas y penser donc elle y pense et ça l'agace – merveilleuse mécanique cérébrale, n'est-ce pas ? Le poing frappe à nouveau contre la porte parce que le délai est trop long et que Rafaela refuse de perdre trop de temps s'il n'y a personne. Les mains se glissent ensuite dans sa tignasse pour resserrer sa queue de cheval, puis se posent sur ses hanches en attendant que quelqu'un vienne. Elle va vraiment finir par cogner encore une fois, parce que ça commence à être long.

La porte s'ouvre finalement sur un jeune homme qui ne semble pas avoir trente ans et qui, surtout, donne l'impression de tout juste sortir de son lit. Si elle en croit les photos qu'elle a consultées avant de venir, c'est au batteur du groupe qu'elle a affaire. Une demi-seconde de réflexion pour retrouver son nom. « Awsten Reed ? Bonjour, je suis Rafaela Esperanza, de la Brigade de Contrôle des Créatures. » Elle ne précise pas qu'elle en est la cheffe, ayant toujours l'impression que se présenter ainsi fait la fait passer pour une bureaucrate – et elle refuse d'en être une, qu'importe qu'elle ait un beau bureau et une plaque à son nom. Pas qu'elle cacherait en être la cheffe si on lui demandait, cela dit, car elle est indéniablement fière de sa promotion. « J'aurais quelques questions à vous poser à propos de la soirée d'hier soir. Vous me permettez d'entrer ? » Les lippes s'étirent d'un sourire poli par automatisme, l'habitude se faisant ressentir dans ce genre de gestes devenus des réflexes. Les suspects et les témoins rechignent toujours moins lorsque l'agent à leur porte a l'air un minimum aimable – sauf les coupables peu expérimentés, qui grognent souvent si vite qu'ils dessinent eux-même sur leur front les lettres du mots coupable, parfois même en gras et en majuscules.

friends on the other side

Don't you derogate or deride, you're in my world now, not your world, and I got friends on the other side. @Rafaela Esperanza

Tu t'étires en poussant un grognement mécontent, Awsten, lorsque les trois premiers coups donnés à la porte te sortent de ton état de somnolence – parce que tu es un vampire et que tu n'as pas besoin de dormir, mais que tu as passé la nuit avachi dans ton lit, les yeux fermés, repoussant toutes les cinq minutes la moindre pensée sombre qui a pu trouver un chemin jusqu'à ton cerveau n'ayant plus rien de vivant. Tu étais déjà réveillé, là n'est donc pas le problème, simplement tu n'as pas le courage de quitter tes draps, encore moins ta chambre, ni de constater les dégâts de la veille en bas, comme à chaque soirée. Le ménage c'est pas toi qui le fais, encore heureux d'ailleurs, sinon tu deviendrais fou chaque semaine, mais quand même. Sans être maniaque, voir la maison dans un bordel monstre te fout des frissons de dégoût – bon, OK, t'es peut-être légèrement maniaque, mais promis, rien de trop grave.
Tendant l'oreille, tu comprends bien vite que les autres locataires de la demeure n'ont rien entendu, ou jouent les sourds, au choix, en tout cas il n'y a pas un bruit indiquant que l'un d'entre eux se lève pour aller voir quiconque vous dérange en pleine matinée. Forcément, c'est donc toi qui vas devoir t'en charger, et l'idée en elle-même te fait grogner de nouveau. Tu ramasses un t-shirt pour l'enfiler rapidement – tu dirais que t'es pas pudique mais il paraît que l'incident au cimetière de la dernière fois t'a quelque peu traumatisé –, puis tu sors de ton lit en passant les deux mains sur ton visage, non sans un soupir. Tu n'as pas besoin de sommeil et pourtant, tu as l'impression d'avoir la tête dans le cul ; heureusement tu échappes à la véritable fatigue et aux maux de crâne de lendemain de soirée que peuvent éprouver les humains, ou peut-être certains vampires abonnés au sang trafiqué comme Brett, par exemple. Traînant des pieds, tu ouvres la porte de ta chambre et traverses le couloir en te massant la nuque – la gêne que tu y sens n'est sûrement que psychologique, puisqu'encore une fois, un vampire n'est pas censé être engourdi par une mauvaise position... du moins tu ne penses pas –, puis arrives près de la fenêtre donnant sur la rue. Curieux, tu jettes un bref coup d'œil pour tenter d'apercevoir l'invité surprise mais tu ne vois qu'une voiture garée sur le trottoir d'en face, voiture que tu ne reconnais pas, d'ailleurs.

Désormais sceptique, tu te diriges vers les escaliers quand trois nouveaux coups se font de nouveau entendre, le son contre la porte laissant supposer que la personne derrière celle-ci commence à s'impatienter. Tu roules des yeux en soufflant comme un ado rebelle, clairement agacé, te demandant ce que tu as bien pu faire pour qu'on t'emmerde si tôt dans la journée.
— J'arrive, j'arrive, que tu marmonnes bêtement.
Enfin arrivé dans le hall d'entrée, tu fais tourner la clé dans la serrure pour déverrouiller la porte – étonnant que quelqu'un ait penser à la fermer durant la nuit –, puis tu attrapes la poignée et ouvres enfin la porte, une main dans les cheveux vite glissée sur ton œil droit aveuglé par la lumière du soleil. Heureusement que tu portes constamment ta bague de jour, tu aurais encore plus mal vécu d'avoir l'astre pile en face de toi dès le matin.
— Awsten Reed ? Bonjour, je suis Rafaela Esperanza, de la Brigade de Contrôle des Créatures. Tu arques aussitôt un sourcil, puis tu fronces le nez, pris de court. La BCC qui se déplace jusqu'ici ? Qu'est-ce que ces abrutis ont encore foutu hier soir, bordel ? J'aurais quelques questions à vous poser à propos de la soirée d'hier soir. Vous me permettez d'entrer ?
Tu lèves les yeux au ciel, Awsten, parce que sérieusement, il manquait plus que ça. Tu comprends mieux pourquoi personne s'est décidé à ouvrir la porte, y'a fort à parier qu'ils savent tous quelle est la connerie qui a rameuté la cheffe de la BCC elle-même à votre porte. Parce que oui, elle a beau ne pas le dire, tu sais à qui tu as affaire.
— Oui, que tu réponds d'un sourire sarcastique en prolongeant la dernière lettre du mot, bien sûr. Faites comme chez vous.
Suivant le geste à tes paroles, tu ouvres un peu plus la porte pour la laisser entrer, désignant le passage d'un geste de la main comme un portier bossant dans un hôtel de luxe.
— Pardonnez le foutoir, on n'a pas eu le temps de ranger, expliques-tu, toujours sur un ton faussement poli. Qu'est-ce qui peut bien ramener madame la cheffe de la BCC chez nous en cette belle journée, dites-moi ?
On te penserait plus diplomate que ça, Awsten, la vérité étant que tu prends tout à coup un malin plaisir à taquiner la prénommée Rafaela comme la saloperie de vampire que tu es. La matinée risque d'être longue, très longue.

CODAGE PAR AMATIS
AVATARS PAR EMC & drake.

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juin 2020

L'agacement monte à mesure que les secondes passées à attendre devant la porte fermée s'écoulent, Rafaela s'apprête à la frapper pour la troisième fois lorsqu'elle s'ouvre enfin. Le type qu'elle dévoile n'a pas l'air réveillé du tout – rien d'étonnant si on juge ce qui se passe dans cette baraque au nombre de plaintes pour tapage nocturne qui ont été déposés –, cachant même son visage avec sa main pour se protéger du soleil qui lui est levé depuis plusieurs heures déjà. Ça la surprend un peu, après tout il lui semblait avoir lu en ligne que les Brand New Saints étaient des vampires et, si elle en croit les photos qu'elle y a trouvées, c'est le batteur qui lui fait face. Or les vampires n'ont pas besoin de dormir, de ce qu'elle en sait. Est-ce qu'ils peuvent avoir la gueule de bois, ça, par contre, elle n'en sait rien. Elle devrait poser la question à Nur, encore que cette dernière n'est pas du genre à enchaîner les verres jusqu'à ne plus savoir compter.

Présentation faite en bonne et due forme, rien pour l'instant qui révèle les raisons exactes de sa présence ici si ce n'est une soirée qu'elle suppose mouvementée – et flirtant avec l'illégalité, d'ailleurs c'est bien pour ça qu'elle est là. « Oui, bien sûr. Faites comme chez vous. » Le sarcasme ne lui échappe pas, pourtant elle ne s'abaisse pas à y répondre, choisit plutôt de passer le pas de la porte puisque ça lui est si gentiment proposé. Regard circulaire au hall d'entrée, effectivement il y a bien eu du monde ici hier soir, mais ce n'est pas vraiment ce qui intéresse Rafaela dont le regard cherche automatiquement les preuves d'une consommation ou d'un trafic d'hématococaïne en ces lieux. « Pardonnez le foutoir, on n'a pas eu le temps de ranger. » Et c'est écœurant à voir, la flic ne peut pas le nier. Ça la rendrait folle de vivre dans un foutoir pareil, et si elle en croit le nombre de soirées qui ont été signalées par ici, le manoir ne doit pas souvent être beaucoup plus rangé que ça. Mais qui est-elle pour juger, après tout ? Bon, soyons honnêtes, elle juge quand même. Et puis le ton qu'emploie son interlocuteur ne fait rien pour arranger les choses. « Qu'est-ce qui peut bien ramener madame la cheffe de la BCC chez nous en cette belle journée, dites-moi ? » Reposant son regard sur le visage du vampire, elle le toise une seconde en se demandant si c'est parce qu'il vient de se réveiller qu'il a l'idiotie de la provoquer, ou si c'est simplement l'immortalité qui lui donne des ailes. « Rien qui ne soit bon pour vous, je le crains, » rétorque-t-elle avec un joli sourire, comme pour lui montrer qu'il n'est pas le seul à pouvoir jouer à ça. « On nous a signalé la présence d'hématococaïne ici, à la soirée des Brand New Saints. Groupe dont vous êtes le batteur, si je ne m'abuse. » Elle sait qu'elle ne se trompe pas, tout comme lui a visé juste en mentionnant sa position au sein de la brigade. Histoire de les mettre sur une sorte de pied d'égalité, de lui montrer qu'il n'est pas le seul à savoir qui lui fait face. Puis d'un geste de la main, Rafaela désigne ce qui l'entoure – le foutoir, donc. « Vous permettez que je fasse un petit tour, histoire de ne pas déranger mes collègues spécialisés pour rien ? » Ou d'avoir une excellente raison de les appeler pour qu'ils fouinent, justement. « Quelque chose à signaler avant, peut-être ? » propose-t-elle poliment, même si le vampire n'a pas l'air suffisamment préoccupé pour cracher le morceau si facilement. Ils sont rares ceux qui avouent si facilement, et souvent ce sont les petits nouveaux qui ne gèrent pas la pression face à une autorité supérieur. Personne n'a envie de voir une équipe de la BCC retourner tout ce qui se trouve chez soi à la recherche d'un peu d'emma, pourtant certains sont suffisamment bon comédiens pour faire comme si cela n'avait aucune importance. Awsten semble être de ceux-là, malheureusement pour la cheffe de la BCC qui aurait voulu retourner plus tôt au bureau pour boire un café.

Sujet: Re: Friends on the other side ◇ Awstela

» (Eoghan) Friends are like potatoes, if you eat them, they die.