all we need is a cup of coffee and some spilled secrets | ZACH

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All we need is ~~love~~ a cup of coffee

AND SOME SPILLED SECRETS

ZACHARY & ADRIANA

"Swear that I saw your face
At a coffee shop on 8th
Or maybe it was in my mind"

Le Moonpie, c'était le repaire de nombre de Savannahiens, et Adriana ne faisait pas exception à la règle. Elle était une créature d'habitude. Toute sa vie était parfaitement organisée, agenda et éphéméride à l'appui. Il y avait peu, voir pas de chances pour les contretemps -pas de chances pour la chance- car on ne pouvait pas diriger un coven sans un minimum d'organisation. Pas sur le long terme, en tout cas.
Alors quand Adriana avait décrété qu'elle se rendait touts les lundi matin, entre autres jours, prendre une tasse de la drogue la plus légale du monde dans son café préféré, elle s'y tenait, qu'il neige, pleuve ou vente. Cela la rendait prévisible, mais la prévisibilité était rassurante, l'habitude une compagne fidèle et digne de confiance. La sorcière ne prenait que peu de temps pour elle, mais le café avait toujours son créneau avant l'ouverture de la boutique, et à plusieurs autres moments de la journée. Moins un plaisir qu'une nécessité, mais elle ne pouvait nier que son palais avait fini par s'habituer, et même à apprécier.

Elle entre au Moonpie avec un sourire aux lèvres, saluant aussitôt d'un bonjour carillonnant les employés déjà en place. Elle appréciait ce lieu, ou elle n'était rien de plus qu'une cliente. Adriana la buveuse de café noir tout simple, elle n'était pas la head witch, pas la sorcière, juste une cliente. Dieu que c'était agréable, qu'on n'attende rien de plus d'elle que quelques pièces de monnaie. Aussitôt cette porte passée, elle était comme dans un refuGe, si confortable et accueillant qu'on pourrait presque se croire dans son propre salon (sauf que son chez elle était beaucoup moins personnalisé que le coffee shop).

« Bonjour ! Je te sert ton habituel ? » demande le serveur, toujours aussi poli. Adriana sort de son sac à main sa carte de fidélité ainsi que le nombre exact de pièces demandées, qu'elle avait évidemment préparé à l'avance, avant son départ. A vrai dire, elle se faisait des petits sachets en tissus (pas de plastique sauf s'il n'y avait pas d'autre choix) pour les dépenses prévues, elle préférait. Et c'était bien plus hygiénique. « Je me demande bien pourquoi tu me pose encore la question. » Cela l'amusait toujours, qu'ils essaient de la faire passer du côté obscur des cafés travaillés et originaux qui faisaient leur succès. Mais elle se contentait de peu. Adriana verse le contenu du sachet dans le bac prévu à l'effet des pièces. « Toujours le même, s'il te plaît. Je me laisserais peut-être tentée par une part de ce gâteau que le patron m'a vanté, une prochaine fois. » Pendant qu'il lui prépare sa commande, elle va s'installer à sa place elle aussi habituelle, dos à la vitrine, avec une vue sur le bar. Adriana sort une lingette et essuie la table (encore une chose qui était bien, ici, c'est qu'on ne lui avait jamais fait de remarque) et s'assoit après s'être débarrassé de son manteau.

Elle venait ici depuis si longtemps, et pourtant cela ne lui semblait pas avoir changé. A part que ses cafés étaient plus solitaires, ils avaient le même goût... Du moins d'un point de vue uniquement culinaire.

Rien ne change de l'habituel, et cela convient à la sorcière qui sort un livre qui traitait de l'acupuncture, enroule un élastique autour de son doigt pour ne pas avoir à les lécher pour tourner les pages, rien que de penser à cette solution peu hygiénique lui donnait un frisson d'horreur, et elle lit, en attendant son café, et puis pendant quand il arrive enfin.

La clochette annonçant une nouvelle arrivée ne la fait pas lever les yeux de ce chapitre particulièrement intéressant, par contre, le raclement de la chaise qu'on tire pour s'asseoir... A sa table ? La sorcière lève les yeux, et le confort de sa petite matinée tranquille vole en fumée, cela n'a plus rien d'habituel. Les yeux bleus de Zach la surprenne.

Pendant un instant, elle est replongée dans le passé, la gorge un peu nouée Adriana ne dit rien, déboussolée par cette soudaine attaque de mélancolie. Cela ne dure pas longtemps, heureusement, peut être juste assez pour que l'inconfort qui semblait régner sur chacune de leurs rencontres s'installe. Le temps passait, les souvenirs et sentiments s'évaporaient dans l'air, mais ce n'était pas aussi simple que de croiser un inconnu.

La dernière fois qu'ils avaient été face à face, dans ce café, c'était dix ans plus tôt. Elle se retient de jeter un coup d'œil dans le fond, là ou se tenait leur ancienne table favorite, celle que la serveuse de l'époque avait même pris l'habitude de leur réserver, tant ils venaient souvent.

« Zach ? Quelle surprise. Tout va bien ? »

Elle sourit, tendresse habituelle dénuée de méfiance, sans se douter une seule seconde qu'il puisse être là pour autre chose qu'un café. Après tout, c'était lui qui lui avait donné goût à ce liquide bien trop addictif pour leur bien.

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< @adriana zapien >

L'idée est mauvaise depuis le départ, Zachary le sait pertinemment. Il aime son métier – son presque-métier, on ne sait pas trop, on se doute juste qu'il n'y a pas grand-chose d'officiel dans ce qu'il fait, le Conseil ne rechigne pas trop quand il file un coup de main non négligeable à la BCC – mais il doit bien avouer que la plupart du temps, c'est surtout l'argent qui le motive. Des enquêtes ennuyantes il en a connu, pourtant c'est souvent celles-ci qui lui ramènent sa paye et les liasses de billets sur lesquelles il ne veut décidément pas cracher. Il aime son métier et tend à pencher vers la justice plutôt qu'autre chose mais il n'est pas non plus un saint, Zach. Si la justice ne lui rapporte aucun profit, à quoi bon. Il se justifie en disant qu'il a besoin de payer son loyer et de quoi se nourrir, et ce n'est pas totalement faux, juste qu'il peut paraître un peu profitard sur les bords selon les affaires louches qu'il accepte de récupérer si la somme à la fin le satisfait, quitte à y risquer sa peau pour certaines. Il est loin d'être le bon gentil flic qui fait ça pour faire régner la paix, voilà tout.

Faut dire que les clients affluent dans son bureau, ces temps-ci. Il a connu des périodes plus calmes que d'autres mais, ces dernières semaines, le #092 South Garden ressemblerait presque à une boutique de prêt-à-porter pendant les soldes. Il ne va pas s'en plaindre, néanmoins comme il aime le dire, il n'a que deux bras et deux jambes, éventuellement quatre pattes selon la soirée mais là n'est pas le sujet, alors il est difficile pour lui de bosser sur plusieurs enquêtes à la fois. Il songerait presque à prendre un apprenti ou un assistant – pour qui il se prend, celui-là ? – mais voilà, ça se saurait s'il était pédagogue, si ce n'est même doué pour le travail d'équipe ; les rares fois où il s'est écopé d'un ou une coéquipière durant une affaire ne se sont jamais vraiment bien passées, donc il préfère largement travailler seul.
Bref, tout ça pour dire qu'il n'a pas le temps de s'ennuyer et qu'au début, Zach ne comprenait pas vraiment cet engouement autour de ses services, jusqu'à ce qu'il mette le doigt sur le pattern dans toutes les demandes ; fouiller la vie d'untel ou d'untel, trouver n'importe quoi qui pourrait mettre à mal leur réputation à Savannah, d'une habitude étrange qu'ils ont au plus gros secret qu'il puisse garder. C'est vrai, a-t-il ensuite pensé en scrutant le calendrier. Les prochaines élections des membres du Conseil de Crowley approchent à grands pas ; il reste moins d'un an, à vrai dire, et la plupart des campagnes débutent peu à peu dans la ville. Et ces cibles, sans exception, sont de potentiels candidats pour une place dans le Conseil.

Zach balance son mégot de cigarette au sol, l'air absent, et s'empresse de l'écraser – il pollue, certes, mais ne laisse jamais des cendres encore allumées au sol. Son regard s'attarde un instant sur la devanture du café alors qu'il chasse la fumée qu'il vient d'expirer, le nez froncé. Il n'aurait pas dû fumer juste avant, certain qu'elle risque de sentir l'odeur mais tant pis, il ne peut pas faire marche arrière. Il pousse ensuite la porte et la clochette retentit pour prévenir son arrivée, bien que personne ne fasse réellement attention à lui. Faut dire qu'il y a pas mal de clients à cette heure-ci, de quoi se fondre plus ou moins dans la masse – il n'aime pas les endroits peuplés d'habitude mais là, il doit admettre que cela joue en sa faveur. Il la repère déjà en une poignée de secondes à peine ; une simple œillade vers la table à laquelle elle a l'habitude de s'installer suffit. Il souffle. L'idée est mauvaise, terriblement mauvaise même, et pourtant le voilà à effacer la distance qui les sépare, faisant racler la chaise en face de la jeune femme pour s'y asseoir. Le bruit l'alerte, assez pour qu'elle lève le nez de son bouquin – et pas manqué, sa présence semble la surprendre. En tout cas, l'étonnement se lit sur son visage sans mal, de quoi faire sourire Zach de façon presque malicieuse quoiqu'au fond de lui, il a surtout envie de grimacer, la culpabilité l'envahissant de la tête aux pieds à l'instant même où son regard croise celui d'Adriana.
— Zach ? Quelle surprise. Tout va bien ?
— Ça va. Je passais dans le coin et je t'ai vue alors... je suis venu dire bonjour, je suppose. Et toi, comment tu vas ? Il hausse les sourcils, comme s'il se rendait soudainement compte qu'il venait de faire une gaffe. J'espère que je te dérange pas, au fait. Tu attendais peut-être quelqu'un ?
Il a toujours été bon comédien, Zach. Parce qu'il sait pour sûr qu'elle n'attend personne – il est venu jusqu'ici en sachant très bien qu'il allait tomber sur elle aussi. La grimace qu'il se retient de faire, c'est pour les mensonges qu'il est en train de jeter entre eux deux sans aucun scrupule. Non, décidément, c'est une très mauvaise idée et il ne sait pas comment il a réussi à se convaincre lui-même de faire une chose pareille.

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ZACHARY & ADRIANA

Il était amus... non, elle ne pouvait pas penser amusant, pas dans cette situation, pas avec Zach. Il était intéressant, que dans une aussi grande ville que Savannah deux personnes puissent continuer de se croiser, semble-t-il à tout hasard, même si elles avaient tout fait pour que leurs chemins se séparent. Et pourtant, ils en étaient là, face à face dans ce café qui avait tant signifié pour eux à une époque révolue. Et ce n'était pas la première fois qu'ils se retrouvaient, au détour du coven, du bal de Conseil -ou elle l'avait simplement aperçu, reflet dans une coupe de champagne- ou autres boucles pavées par les occasions ratées. Et peut-être n'étais-ce pas si surprenant, quand Zachary avait acquis cette... réputation des plus discutées, quand il en avait fait son métier, d'être là ou on ne l'attendait pas et ou on ne le voulait pas toujours...

...Ses pensées dérivent un peu trop, alors Adriana abandonne son livre pour porter la tasse fumante à ses lèvres. Elle boit une gorgée, même s'il était encore trop chaud à son goût, que la brûlure en serait douloureuse sans le talisman analgésique autour de son cou, niché contre sa poitrine. Ce n'est pas qu'elle est nerveuse... Adriana était une personne paisible qui ne s'agitait pas pour si peu. Même quand elle n'arrivait pas à entièrement oublier ce qu'elle lui devait. Même s'il lui rirait au nez, s'il entendait ses pensées. Que selon lui, ils étaient sans doute quittes.

« C'est gentil. » Et elle est sincère, qu'il prenne pour un simple bonjour le temps de s'asseoir à sa table, même sans invitation, est appréciable. Malgré le malaise, malgré leur passif. La tasse reprend sa place sur la petite table ronde, la serviette vient soigneusement tapoter le coin de sa bouche, essuyant des tâches imaginaires. « Pas de souci à te faire. A moins que l'un des éminents personnages cités dans ce livre n'en sorte pour me rejoindre, personne ne risque de voler ta place. » Même si elle avait de nombreuses connaissances dans ce quartier ou elle était très active, que des jeunes pensionnaires de Ste Agatha la reconnaissait parfois et la saluait, on venait rarement la déranger. Sans doute une conséquence du statut de head witch. Quand aux rendez-vous, elle les préférait dans des lieux plus privés. Mais comment Zachary aurait-il pu le savoir ? Ils ne pouvaient plus prétendre se connaître à la perfection.

Son sourire se fait légèrement amusé, émotion furtive qu'elle cache vite, et les doigts d'Adriana tapotent le pourtour de sa tasse. Elle n'a pas fini de répondre à ses questions, après tout. « Et je vais aussi bien qu'on peut aller avant son premier café de la journée. » Car, quand elle venait au Moonpie, hors de question de se faire son propre café maison, elle se gardait pour le meilleur. « Ne me dit pas que tu es venu uniquement pour me dire bonjour. » Son sourire se fait teinté de ruse, comme si elle connaissait un secret qu'il ignorait. Ou au contraire, qu'il tentait de lui dissimuler. « Je ne suis pas née de la dernière pluie, Zach. Je sais ce qui t'amène. » Le ton est plus grave, comme celui qu'elle employait pour aborder d'un sujet de la plus haute importance avec ses sœurs de coven, comme les statistiques de survie, ou les finances. Adriana ne rigolait jamais avec les finances. Elle se penche très légèrement, comme si elle s'apprêtait à révéler un secret de la plus haute importance. « Noir et sans sucre, si ? »

Noir et sans sucre. L'élixir de jouvence, le nectar des dieux, et pourtant pas de quoi intéresser un James Bond en herbe. Elle laisse tomber son faux sérieux pour la douceur sucrée.

« Si cela n'a pas changé, tu acceptera de prendre un café en ma compagnie ? » Elle reprend sa place initiale, et le tapotement de ses doigts s'accélère légèrement. « Seulement si tu en as envie. » qu'elle ajoute, voix plus hésitante, rare pointe d'incertitude qui passe la barrière d'assurance tranquille. Elle ne veut en rien imposer sa compagnie à Zach, même s'il est celui qui a fait le premier pas. La mélancolie est une compagne désagréable, qui n'est que rarement de sortie avec Adriana. Elle espère que cela continuera, malgré le contexte qui s'y prête. Il était peut-être enfin temps de prouver qu'elle était capable de tirer définitivement un trait sur leur passé. Quoi de mieux pour cela qu'un café sans ambiguïté, qu'une agréable discussion entre deux adultes responsables ?

Entre deux étrangers, autrefois indissociables.

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< @adriana zapien >

Il est à peu près certain qu'il n'aurait pas osé venir la voir, en temps normal. À part s'il a un peu de temps libre devant lui, et assez de motivation à revendre pour faire face au malaise qui plane parfois entre eux. Il l'adore, Adriana, là n'est pas le problème ; il l'a toujours adorée, malgré les différends, malgré la rupture, malgré les chemins qui se sont radicalement séparés. Il n'a jamais rien eu contre elle mais c'est justement ces mêmes chemins que chacun a emprunté, à l'opposé de l'autre, qui font que les choses ne sont plus pareilles. Pas d'oubli, pas de rancœur, juste des évidences ; rien n'est plus comme avant et il faut savoir faire avec. Alors, certes, sûrement ne se serait-il pas invité à sa table aujourd'hui pour taper la discut' avec tant de naturel et de nonchalance, dans un lieu qui ressasse bien trop de bons souvenirs – bien trop de nostalgie, quand tout était plus facile dans sa vie – s'il n'avait pas quelque chose derrière la tête. Une nouvelle fois, un rictus menace de s'installer sur ses lèvres, et il doit redoubler d'efforts et de comédie pour ne rien laisser paraître.
— C'est gentil. Il manque de soupirer. Il a envie de se lever, d'un coup, de lui dire d'oublier, parce que non, c'est loin d'être gentil. Pas de souci à te faire. A moins que l'un des éminents personnages cités dans ce livre n'en sorte pour me rejoindre, personne ne risque de voler ta place.
Son regard dérive un instant sur le livre dont elle parle, et qu'elle vient de poser à côté de sa tasse, mettant de côté sa lecture pour porter toute son attention sur lui, certainement. Un sourire quelque peu amusé vient relever les commissures de ses lèvres. Il ne s'attarde pas plus longtemps sur la couverture du bouquin, ni sur le collier qu'elle porte et qui lui donne des sensations de familiarité, encore moins sur ses doigts qui jouent avec le bord de sa tasse et qui manquent de peu de le déconcentrer avec leur légère agitation.
— Et je vais aussi bien qu'on peut aller avant son premier café de la journée. Il s'accoude un peu plus sur le bord de la table, du genre à prendre ses aises, lui signifiant silencieusement qu'il est toute ouïe – l'instinct qui lui souffle qu'elle a autre chose à dire après ça. Ne me dis pas que tu es venu uniquement pour me dire bonjour. Je ne suis pas née de la dernière pluie, Zach. Je sais ce qui t'amène.
Le détective se crispe aussitôt. Rien de discernable à l'œil nu, quoiqu'assez pour qu'un fin observateur le remarque – aurait-elle deviné ? Comment ? Il se donne tout le mal du monde pour contrôler la moindre émotion susceptible de lui mettre la puce à l'oreille, pourtant.

Il ne fait rien de mal à proprement parler. Il travaille. Un client qui lui a proposé une somme d'argent non négligeable pour quelques renseignements sur la head witch du coven Zapien. Il vient juste s'assurer de sa position par rapport aux prochaines élections du Conseil, si elle veut tenter sa chance ou pas. Mais il fait ça sans la prévenir – il enquête sur elle comme si elle n'était qu'une inconnue dans le tas et c'est assez pour le faire culpabiliser. Alors si...
— Noir et sans sucre, si ?
Il cligne des yeux, désemparé, ne s'attendant guère à une telle conclusion. Et quand il percute enfin, il souffle du nez en fermant les yeux, la tête baissée, comme s'il capitulait – geste subtil de soulagement, néanmoins.
— Touché, répond-il simplement, presque taquin.
— Si cela n'a pas changé, tu accepteras de prendre un café en ma compagnie ? Elle se replace, ce n'est qu'à ce moment-là qu'il se rend compte qu'elle s'était légèrement penchée vers lui. Il remarque vaguement le geste mécanique des doigts qui s'accélère. Seulement si tu en as envie.
— Oui, bien sûr, dit-il aussitôt, comme surpris qu'elle puisse penser qu'il refuserait. Un poil rassuré par l'idée que ce soit elle qui lui ait proposé de rester, et pas l'inverse. Il reprend un ton et un sourire malicieux lorsqu'il continue : Je ne voulais pas t'embêter, mais proposé si gentiment...
Il profite que la serveuse passe à côté de lui pour lui demander un café noir sans sucre, comme d'habitude, comme Adriana l'a si bien deviné.
— Je vois que les habitudes n'ont pas changé chez toi non plus, fait-il remarquer une fois la serveuse partie préparer sa commande. Difficile de faire sans café une fois qu'on y a goûté, pas vrai ?
Il hausse une épaule, l'air innocent, avant de reprendre son sérieux, l'expression de son visage semblant paradoxalement s'adoucir au même instant.
— Comment ça se passe, au coven ? Pas trop de boulot ?
Il y a fort à parier qu'Adriana a toujours trop de boulot, alors la question paraît presque idiote. C'est seulement histoire de rentrer dans le vif du sujet – le plus subtilement possible. À pas de loup, comme toujours.

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ZACHARY & ADRIANA

Adriana avait maîtrisé l'art d'être multitâche depuis des années, il avait bien fallu, pour réussir à gérer tout ce qui lui incombait. Il lui aurait sans doute été possible de lire tout en écoutant Zach, mais ce n'était pas une option. La plus basique politesse était de porter attention à son interlocuteur et, Adriana y tenait particulièrement. Lorsqu'elle discutait avec quelqu'un elle faisait en sorte d'être toute autant à l'écoute, sans favoritisme, sans distinctions ; que ce soit avec une aînée du coven, un parfait inconnu ou un humain bigot. Il était important, de sembler abordable, lorsqu'on était le visage d'un coven... Ou simplement lorsqu'on était une créature décente. Même lorsqu'elle n'était pas intéressée, elle faisait semblant de l'être, hypocrisie peu scrupuleuse, nécessaire. Evidemment, Zach ne faisait pas partie des personne pour qui elle se forçait d'écouter. Peut-être prenait-elle sur elle pour avoir l'air plus à l'aise qu'elle ne l'était, parce qu'il l'avait définitivement surprise, avec son interruption impromptue. Adriana contrôlait tant et si bien tous les aspects de sa vie qu'elle faisait en sorte de pouvoir se préparer à l'avance ; si elle avait su qu'elle verrait son ex dans leur ancien point de rendez-vous préféré, elle se serait préparé psychologiquement. Ah, si Layla savait ce qui lui passait par la tête, elle se moquerait, sans doute. Mais qu'y pouvait-elle ? Le contrôle était la pierre d'angle des fondations grâce auxquelles elle maintenant un équilibre dans sa vie.

Zachary ne semble, à première vue, pas avoir de difficultés pour se mettre à l'aise. Tout en parlant, Adriana l'observe s'accouder, un regard de guérisseuse qui s'assurer que tout va bien chez son patient. Il n'est pas son patient, mais elle veut vérifier qu'il a l'air en forme et, heureusement, c'est le cas. Elle a du mal à croire qu'il l'approche uniquement pour prendre des nouvelles, pourquoi si soudainement ? La première idée de la sorcière était qu'il ait besoin d'elle, et la seule chose qu'elle puisse lui apporter aujourd'hui étaient ses connaissances médicales. Mais Zach était la personne la plus franche qu'elle connaissance, un homme bon qui n'irait pas cacher ses intentions d'une telle manière. Alors elle repousse ses doutes, fait taire la petite voix sifflante qui l'accompagnait depuis qu'elle jouait à la politique. Il s'agissait de Zach, par Satan, pas d'une sorcière Kohn ou de Wes.

Alors Adriana tient ses émotions d'une main de fer, seuls ses doigts la trahissant toujours. Aussi observatrice soit-elle, elle voit les réactions de Zach comme la continuation du jeu qu'elle a lancé, les commissures de ses lèvres répondant à son touché par un petit sourire victorieux. Il était étrangement rassurant, qu'il ait lui-aussi gardé certaines habitudes.

Je ne voulais pas t'embêter, mais proposé si gentiment... Tu ne m'embête jamais, qu'elle se retient de dire. Certaines choses valaient mieux en tant que non-dit, certaines choses n'avaient même pas besoin d'être exprimées à haute voix. Elle se contentant de hausser les sourcil, amusée, cachant le soulagement qu'il ait dit oui à son invitation. Bien qu'il n'ait aucune raison de refuser, Adriana ne voulait pas être tournée en ridicule par une refus. Bien. Très bien. Il n'y avait aucune raison pour que cette discussion tourne mal, et elle fête cette pensée avec une nouvelle gorgée de la potion humaine la plus appréciée du monde, toutes créatures confondues.

Elle le laisse passer commande en savourant la chaleur entre ses mains, qui calme un peu ses nerfs.

« Je vois que les habitudes n'ont pas changé chez toi non plus. Difficile de faire sans café une fois qu'on y a goûté, pas vrai ? » « C'est bien vrai. » répond-elle sans hésiter, alors qu'il abordait sans le savoir le sujet de ses pensées. S'il savait, que certaines des plus anciennes blâmaient encore Zach pour cette sale habitude qui avait contaminé leurprécieuse head witch.

« Je suppose que c'est pareil, pour le tabac ? » qu'elle demande, faussement innocente, l'odeur âcre du bâton de mort qui se dégage de Zach ne lui avait pas échappée. Et Adriana n'avait jamais caché qu'elle désapprouvait la cigarette, pour lui, pour eux, pour tous. Elle ne comprenait pas ceux qui se faisaient du mal pour un plaisir passager. Il y avait des manières bien plus saines, de gérer son stress ou occuper ses mains -et, oui, elle avait conscience de l'ironie et la mauvaise foi de cette pensée. Mais seule la diplomatie et le fait qu'elle n'a plus le droit de le juger la font aborder le sujet indirectement, les reproches étouffés. Elle prend sur elle, pour ce faire.

« Comment ça se passe, au coven ? Pas trop de boulot ? » Ah, le coven... Evidemment, c'était un sujet quasiment obligé, quand on croisait elle qui en était à la tête, que d'aborder son coven. Mais Adriana aurait préférer ne pas parler de ça avec Zach. Elle prend sur elle, aborder le coven avec lui sans difficultés serait une preuve supplémentaire que le passé était passé, définitivement. « Une head witch n'est jamais en vacances, je le crains. Mais je m'en sors. » Elle sourit, garde sa tasse près d'elle, au dessus de la table. Elle n'avait pas le choix, pour leur bien, pour celui de Layla. « Et toi ? Cela ne doit pas toujours être facile de séparer vie personnelle et professionnelle, quand on est détective. » Pas qu'elle connaisse grand chose à la réalité du métier, seulement l'image qu'elle en avait, qu'elle imaginait. Mais il lui semblait que, comme head witch, c'était un métier qui peu à peu s'imposait comme un art de vivre, comme un fardeau plus ou moins imposant. Et puis elle connaissait Zach, il devait rarement renoncer, même hors du boulot, quand une enquête était encore en cours.

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< @adriana zapien >

Cela fait un moment déjà, que la vie lui a montré plus d'une fois qu'il était nécessaire pour tout le monde qu'il s'éloigne du coven Zapien. D'une de ces relations étranges et presque toxiques, ce n'est pas tant le coven lui-même qui lui porte préjudice – quoiqu'il y en a beaucoup là-bas qui ne l'apprécient guère et ce depuis des décennies, mais ce n'est pas vraiment le sujet –, en vérité c'est plutôt l'inverse. Zachary a l'impression désagréable de leur causer du tort, sans cesse, à chaque fois qu'il s'en approche d'une façon ou d'une autre. À Adriana et Layla, particulièrement, pour être honnête, parce qu'il n'a pas énormément de liens avec le reste des sorcières là-bas pour que cela les atteigne aussi. Alors pour être plus précis, c'est des femmes Zapien qu'il doit s'éloigner, surtout. La head witch et sa nièce ont toujours été importantes à ses yeux, plus que bon nombre de personnes dans cette ville, et parce que Zach a un problème avec l'attachement qu'il nie royalement, il donne l'air de faire tout son possible pour garder contact avec elles, même de très loin. Il dirait que ce n'est pas vrai et que c'est juste le fruit du hasard qui fait que, parfois, effectivement, elles reviennent dans sa vie comme des fleurs, mais à quoi bon se voiler la face ? Demander de l'aide à Layla pour une affaire, accepter d'enquêter sur Adriana, est-ce vraiment le fruit du hasard ?
La question fout tout à coup un capharnaüm monstre dans son crâne. Elle sort de nulle part, se forme alors qu'il détaille furtivement le visage de son interlocutrice face à lui – ce même visage qu'il connaissait par cœur, fut un temps, mais qui a fini par perdre les quelques rondeurs de l'adolescence et l'éclat de l'insouciance. Il grince des dents, Zachary, sans rien laisser paraître, du moins il essaye. Peut-être qu'Adriana finira par remarquer sa mâchoire qui se dessine sous ses muscles tendus, peut-être qu'elle comprendra que Zach n'est pas aussi digne et honnête qu'il veut lui faire croire. Il n'est qu'un homme, qu'on pourrait murmurer, en roulant des yeux, en haussant les épaules, blasé. Il ne vaut pas mieux qu'un autre. Il s'accroche, il tient bon, incapable de voir la vérité en face ; que parfois, il est primordial de tout lâcher, et d'avancer sans se retourner. Il n'a jamais su le faire, Zachary.

— Je suppose que c'est pareil, pour le tabac ?
Il esquisse un sourire un peu triste. Qu'elle lui demande à cet instant précis est d'une ironie pathétique, et le pousse à se faire la réflexion que là tout de suite, en effet, il aimerait bien fumer une clope. Ça faisait un bail, qu'il ne s'était pas laissé être submergé par une anxiété pareille.
— Malheureusement, qu'il répond simplement. Il sait que ça risque de la décevoir, lui qui avait mis tant d'efforts à s'en détacher lorsqu'ils étaient ensemble. Il n'avait eu d'autres choix que de replonger après la rupture, de toute façon.
Son fil de pensées est coupé par la serveuse qui arrive avec sa tasse de café et qui la pose devant lui. Il la remercie à demi-mot, juste à temps avant qu'elle ne s'éloigne pour s'occuper d'autres clients. Au vu de la popularité de l'endroit, les employés du Moonpie n'ont pas le loisir de rester là à ne rien faire.
Et puis, il lui demande pour le coven, histoire d'aborder le sujet qui fâche plus en douceur, pourtant l'envie d'en finir avec tout ça se fait davantage sentir au fur et à mesure que la conversation avance. Il est à ça de lâcher le morceau, Zachary, parce que c'est insupportable de faire comme si de rien n'était face à elle.
— Une head witch n'est jamais en vacances, je le crains. Mais je m'en sors.
Il n'en doute pas une seule seconde. Évidemment qu'elle s'en sort, et la réponse lui arrache un nouveau sourire presqu'admiratif. Il l'a toujours été, devant Adriana, il faut dire. Elle possède sans nul doute une force insoupçonnée qu'il a vue depuis leur première rencontre, mais qui s'est réellement dévoilée lorsqu'elle a dû prendre la place de sa sœur à son décès. Une force qu'il n'est pas sûr d'avoir lui-même ; la preuve, lui, à la disparition d'un de ses proches, il n'a rien trouvé de mieux à faire que de fuir plutôt que de prendre les responsabilités qu'Owen était prêt à lui donner. Ça montre bien que son ancien Alpha se trompait sur toute la ligne, lorsqu'il lui affirmait qu'il avait les épaules faites pour être Alpha lui-même.

— Et toi ? Cela ne doit pas toujours être facile de séparer vie personnelle et professionnelle, quand on est détective.
Encore une fois, il est persuadé qu'Adriana n'a pas conscience d'à quel point elle ne croit pas si bien dire. Rares sont les fois où la frontière entre les deux s'est dissipée, car lorsque Zach ne s'occupait tout simplement pas d'affaires qui aurait pu déranger cela – mis à part Andy, mais ça c'est une autre histoire –, il mettait un point d'honneur à ne pas les mélanger quoiqu'il arrive, ce qu'il s'est dit lorsqu'on lui a demandé de vérifier des infos sur Adriana Zapien. Pas de confusion, et une approche strictement professionnelle ; autant dire que les plans ont été légèrement modifiés depuis.
— Ça va, j'arrive à gérer comme je peux. Enfin, ça dépend, mais... je m'en sors.
L'écho aux dires de la jeune femme n'est pas anodin, à en voir la lueur d'amusement qui égaye ses yeux l'espace d'un instant. Un instant seulement, parce qu'elle disparaît aussi vite qu'elle est apparue lorsqu'il se met à réfléchir à ses prochaines paroles ; il ne sait plus quoi faire, Zachary. Il est déjà fatigué de jouer la comédie, lui qui y arrive si bien d'habitude, pourtant.
— À vrai dire, je vais être honnête avec toi, commence-t-il, clairement hésitant à en constater la lenteur à laquelle il parle, c'est surtout compliqué lorsque les affaires impliquent des gens que j'apprécie. Il la regarde, conscient de tourner inutilement autour du pot – c'est finalement un soupir qui s'échappe d'entre ses lèvres, discret sûrement, mais pas assez pour passer inaperçu aux yeux d'Adriana. On m'a contacté à propos de toi, Adri.
L'usage de ce surnom qu'il n'avait pas employé depuis des lustres est involontaire. Ça ressemble à une façon de l'attendrir ; en vérité, c'est surtout une façon pour lui de se rassurer comme il peut. Il ne pourrait pas s'enfoncer plus loin dans cette déloyauté – encore moins envers Adri.

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