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 They said one day I would catch a break [Wren]

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Diane Parker-Wright
Diane Parker-Wright
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Âge : 45 ans
Allégeance : Fervente défenseuse des intérêts humains, plus encore de ceux des Parker-Wright - du moment que ces derniers continuent de se ranger du bon côté, le sien.
Métier : Activiste pro-humains, candidate au Conseil, grenouille de bénitier sur son temps libre.
Adresse : Skidaway Island
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MessageSujet: They said one day I would catch a break [Wren]   They said one day I would catch a break [Wren] EmptyDim 13 Sep - 11:18


They said one day I would catch a break
Troubled spirits on my chest, where they laid to rest. Awakened by the sound of a screaming owl. Chasing leaves in the wind. All that's left are your bones that will soon sink like stones.

Les nuances unies de l’eau, les ombres des nuages qui flottaient au-dessus, un calme des premiers instants du monde, le bord d’océan au petit jour avait un charme inégalable. Alors que les derniers vacanciers estivaux n’étaient pas encore de sortie, que la plage n’était investie que par une poignée d’habitués, on entendait distinctement le bruit d’une réjouissante gaité des vagues qui s’échouaient régulièrement sur le sable. Diane trouvait depuis longtemps que ce calme matinal avait une étonnante façon de la consoler immanquablement, alors même qu’elle ne s’était pas rendu compte de son chagrin. Quelques années plus tôt, quand elle avait encore bien trop de temps pour penser à ce genre de futilité, elle avait conclu que se trouvait un réconfort inhérent à ces choses qui ne s’arrêtaient jamais, dans l’idée que rien ni personne ne pourrait faire cesser le bruissement inégal des mouvements d’eau qui se succédaient inlassablement. Ce genre de certitude était plaisante, au même titre que celles qui voulaient que le soleil se lève chaque matin et qu’une force spirituelle supérieure était la grande ordonnatrice de toute cela.
Désormais elle n’était ni suffisamment déprimée pour vouloir s’adonner à ce genre de réflexion, ni assez oisive pour en avoir le temps. Se complaisant dans la certitude d’être suffisamment importante pour être constamment débordée, elle se félicitait pourtant de savoir en trouver pour ce qui comptait vraiment. Et peu de chose lui semblait plus cruciale que laisser régulièrement ses amours de chiens gambader ailleurs que dans le jardin avant le petit-déjeuner. Alors qu’ils courraient après l’eau en se gardant surtout bien d’y toucher, tous snobs qu’ils étaient, Diane appréciait l’air marin sans trop y penser, occupée, pour une fois, à ne penser à rien. Au bout d’une vingtaine de minutes elle jeta tout de même un coup d’œil à sa montre pour constater qu’il était malheureusement temps de rentrer. Ce petit plaisir ne pouvait décemment s’éterniser, une journée attendait d’être entamée.

Au lieu de faire le chemin inverse par la place pour retourner vers le parking, qui séparait l’immense zone de plaisance de l’entrée du chantier naval, elle décida aujourd’hui de rattacher les chiens pour remonter par la marina. Elle s’abstenait d’habitude de longer toutes ces vitrines encore éteintes mais ce matin un peu de caféine n’aurait pas été de trop pour finir de se réveiller. La nuit avait été longue, agitée par quelques cauchemars dont elle ne se rappelait déjà plus, et le trajet en voiture doublé de cette petite marche avait moins aidé qu’elle ne l’avait espéré. Au milieu des commerces encore fermés elle avait donc bon espoir de trouver un café qui ne l’était pas. A défaut d’une terrasse digne de ce nom, au bout de quelques centaines de mètres elle tomba sur un simple stand, qui ne payait pas de mine mais ferait bien l’affaire. Avant huit heures il était encore trop tôt pour se montrer exigeante.

Réfugiée derrière de larges lunettes de soleil qui masquaient les cernes que le maquillage n’avait pas encore recouvertes, elle attrapa la boisson que la jeune femme lui tendit et se décala de deux pas pour attraper un des couvercles en libre accès sur le côté du stand, sans prêter attention au nouveau client tout juste arrivé. Mais entre deux chiens qui s’agitaient au bout de leur laisse, Ottavio cherchant absolument à aller renifler ledit client et Figaro tirant dans l’autre sens pour aller chasser une mouette, fermer un gobelet se révéla un exercice délicat et au passage peu gracieux. Tentant de mettre un peu d’ordre autour d’elle, Diane manqua d’ailleurs de perdre l’équilibre et de heurter le jeune homme qui attendait son café. Elle ne fit heureusement que l’effleurer et, dans un réflexe salutaire, sauva son précieux breuvage de la chute. Mais entre ce petit raté et Ottavio qui avait manifesté un peu trop d’enthousiasme, elle se sentit le devoir de s’excuser sans attendre, la politesse n’ayant elle pas de limite horaire. « Je suis vraiment désolée », souffla-t-elle sans le voir, occupée à faire asseoir ses terreurs. Elle releva finalement le nez et marqua un temps d’arrêt, surprise, puis souleva ses lunettes comme pour mieux le voir tout en se fendant d’un sourire. « Monsieur McNamara. » A vrai dire, si elle se souvenait sans mal de son nom de famille, elle avait un léger doute quant au prénom. Il n’était pas l’ainé, elle en était certaine, mais il lui faudrait encore un instant pour déterminer de quel frère il s’agissait. Cela lui reviendrait. Mais peu importaient les idées encore embuées, l’heure matinale et les airs quelque peu taciturnes du jeune homme, Diane tenait du rapace, ou peut-être de la fouine, et à l’instant où elle avait trouvé un sujet d’intérêt elle devenait incapable de le lâcher. Et il se trouvait que, la faute à de funestes circonstances, les McNamara faisaient partie de ces familles qu’en période de campagne il faisait plutôt bon avoir dans son réseau d’anti-crawlers.
Voyant donc là une petite opportunité, au lieu de se dire simplement ravie de le revoir et de lui souhaiter une bonne journée avant de prendre son congé elle désigna la direction qu’il semblait vouloir prendre. « Vous allez par là ? Moi aussi. Je vous accompagne. » Pour quoi dire, elle n’y avait pas encore songé. Mais après les deux gorgées de café qu’elle s’empressa d’avaler elle trouverait bien comment faire fructifier cette rencontre hasardeuse. Au pire, elle se serait rappelée au bon souvenir d’un possible électeur, c’était toujours cela de pris. Sans laisser à Wren – voilà, son prénom lui était revenu – le temps de protester ou de s’enfuir, elle lui emboîta le pas en s’enquit poliment, avec cette voix pleine d’une fausse bienveillance, qui à force d’être agitée partout n’avait de sens nulle part : « Comment allez-vous ? Et vos parents ? » D’après la mère Farrow, qu’elle avait le déplaisir de croiser régulièrement, les pauvres avaient connu des jours meilleurs – ce genre de déclaration était un comble au regard de la famille de celle qui la répétait régulièrement, mais Diane n’aurait jamais osé le faire remarquer à voix haute. Mais en bref, elle ne s’attendait pas à entendre que les McNamara avaient soudain trouvé quiétude et fortune, tout en n’ayant aucune envie de devoir feindre un grand intérêt pour le désastre que constituait probablement toujours leur quotidien.
Elle avait heureusement le sentiment que Wren ne s’attarderait pas plus que nécessaire sur ces questions de formalité et lui laisserait peut-être une chance d’enchaîner sur quelque chose de plus personnel, à commencer par ce qu’il faisait de si bonne heure dans un coin aussi excentré. Elle ne put d’ailleurs pas s’empêcher d’ajouter une question, tant qu’à faire, de nouveau sans lui avoir laissé le temps de respirer. « Vous travaillez dans les environs ? » A moins qu’il soit un adepte du footing matinal, auquel cas il avait de drôles de choix vestimentaires.
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Wren McNamara
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Âge : vingt-quatre ans, mais manque régulièrement de se faire péter les dents.
Allégeance : Famille fric-frac de merdeux finis, les McNamara se contentent traditionnellement de marmonner dans le dos des crawlers sans y planter de couteau. Wren n'a jamais aimé les traditions.
Métier : Mécanicien au chantier naval de Tybee Island / en extra, il traine le nez dans toutes les affaires louches si ça peut lui rapporter du blé
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MessageSujet: Re: They said one day I would catch a break [Wren]   They said one day I would catch a break [Wren] EmptySam 3 Oct - 22:38













they said one day i would catch a break


Septembre. À cette époque, les matinées prennent la fâcheuse habitude de toutes se ressembler, de se faire jumelles les unes des autres à tel point qu'on finisse par peiner à les dissocier, à distinguer le mardi du mercredi, le vendredi du jeudi. La routine s'écoule lentement, à la fois âcre et paisible,  peut-être parfois avec un arrière-goût amer. Peut-être est-ce la faute de la mer ; car elle n'est pas comme tous les rivages urbains qu'elle borde, et se contente toujours de rester parfaitement inchangée, paysage à la stabilité vertigineuse. Il n'avait jamais su s'il aimait cette chose de l'océan, ou si cette particularité en question l'irritait plus que de raison. Sûrement que ça dépendait des jours ; avec Wren, c'était souvent le cas. Car chez lui, le mot intempérie prenait souvent un tout autre sens, presque celui d'un adjectif à apposer à une personnalité, une manière d'assister aux turbulences de l'existence. Sûrement haïssait-il la quiétude des flots de Tybee tout autant qu'il en avait besoin – et mentir à ce sujet aurait été idiot ; pour le détromper, il aurait suffi de lui rappeler avoir aperçu un nombre incalculable de fois sa silhouette border les pontons de bois trempé, l'air de rien, l'air marin. Parfois, même de bon matin. Car parfois, oui juste parfois, il arrivait même qu'il prenne de l'avance sur l'horaire qu'on lui donnait pour commencer le travail, simplement pour s'offrir une de ces déambulations solitaires sur la marina. Il suffisait pour ça qu'il soit particulièrement de bonne humeur, ou au contraire, poussé par une acrimonie qui aurait certainement été perçue par son patron, ou l'un de ses collègues ; et ça, Wren n'y tenait pas. L'un de ses points d'honneur était de garder les intempéries enfermées, de ne certainement pas laisser les baromètres des autres s'agiter. La plupart des gens étaient bien trop curieux, et lorsqu'il s'agissait de lui, Wren n'aimait pas la curiosité.
Qu'en était-il alors de ce matin ? Ah, pour le déterminer, peut-être suffisait-il de décrypter les traits marmoréens de son visage encore légèrement chiffonné par un sommeil durement abandonné : ils étaient calmes. Placides, comme lors des ensoleillées qui ponctuaient les très longues traversées à voiles déployées. Un bon jour, peut-être ; mais pour en être tout à fait certains, laissons-le donc tout à fait se réveiller. Et sans doute qu'un café ne sera pas de trop – noir, et serré s'il vous plait. Et s'il pensait qu'étant donné la régularité avec laquelle il passait ici, il n'aurait pas besoin d'en préciser la couleur à la jeune femme qui prenait sa commande au stand, la voix cassante avec laquelle elle joue les innocentes lui fait tout de suite comprendre : elle lui en veut toujours.

« — Du lait, du sucre ? »

Elle s'appelle Winona. Et il est possible qu'il y a quelques semaines, il se soit mis en tête qu'elle finirait dans ses draps. Ce qu'elle a fait – et sans réticences, on en conviendra. Ah, sauf que Wren est de ces mauvaises graines qu'on voit pousser ça et là dans les recoins d'un monde esseulé, grignoté par les névroses accumulées : un petit enfoiré. Oh, juste parfois – même si ça ne se compte plus vraiment sur les dix doigts. Et s'il y a bien un domaine dans lequel il refuse catégoriquement d'être exemplaire, c'est bien celui qui touche au coeur, voire plutôt aux corps – soyons honnêtes. Winona n'en est qu'un exemple, et sans doute est-il un peu cruel de la réduire à ce simple statut ; mais toujours est-il que si lui n'a rien contre elle, le constat n'est que peu réciproque. Y'a qu'à voir la façon dont elle le toise, du haut de son stand de bois peint, attendant une réponse qu'elle connait déjà, juste pour le plaisir de prétendre l'indifférence.
Qu'elle continue à jouer ainsi de défiance, il en tomberait presque amoureux.

« — Noir. Tu ne te rappelles pas de nos petit-déjeuners ?
Pardon, j'ai dû oublier.
Même si c'est évident que tu mens, tu as presque réussi à me vexer. »

Et il sourit.
L'enfoiré.
S'ils n'avaient pas été séparés par un demi-plexiglas de protection et un bon mètre de distance, nul doute qu'elle l'aurait giflé. On ne pourrait pas l'en blâmer, n'importe qui aurait fait pareil. En réalité, Wren n'était même pas certain qu'à la place de Winona, il aurait été capable de se supporter. Sauf qu'il y a maintenant très longtemps, il avait décidé d'ignorer – du moins la plupart du temps – le vieux dicton qui disait qu'il ne fallait pas infliger aux autres ce qu'on n'aurait pas aimé se voir infligé soi-même. Alors, la jeune femme s'est contentée de tourner les talons vivement, afin de préparer le breuvage demandé.
C'est certainement à ce moment-là, ou peut-être quelques secondes plus tard, que le rejeton McNamara a senti une silhouette le frôler de justesse, ainsi que quelque chose frôler ses mollets, lui faisant pivoter le buste par réflexe.

« — Je suis vraiment désolée. »

Si elle n'avait pas été affublée de larges lunettes de soleil, sans doute aurait-il immédiatement reconnu Diane Parker-Wright. Mais il a fallu qu'elle soulève ces dernières et prononce son nom de famille pour qu'il pige enfin à qui il avait affaire.
Lors de la mort de Lake, la matriarche en question avait été en première ligne afin de dénoncer l'inaction des pouvoirs publics, et soulever l'impuissance de la police. Bien que prétendre que cette prise de position n'avait pas été appréciée par le garçon aurait été un mensonge, Wren n'était pas un idiot. Chacun à Savannah connaissait les opinions anti-crawlers marquées de Diane Parker-Wright, ainsi que son ambition politique – certainement démesurée. L'intérêt soudain de cette dernière pour leur famille n'avait jamais rien eu de philanthropique, encore moins d'altruiste, et n'était rien de moins qu'une pure et simple opération de récupération. Et si l'idée qu'on puisse se servir de la mort de Lake avait toujours eu quelque chose d'irritant et de vaguement dégradant, Wren ne s'était pas insurgé pour autant ; car après tout, qu'importaient les moyens, leur but et leurs convictions étaient les mêmes.

« — Madame Parker-Wright, S'est-il alors contenté la saluer, pas plus loquace qu'à l'accoutumée.»

Elle a ce sourire limé et parfaitement dessiné qu'arborent les plus beaux parleurs, les commerciaux, politiciens, financiers, traders, communicants, tous les grands que ce monde avait élevés à prendre la parole en public et à se forger un masque de lénifiante rigidité. Un autre jour, il détesterait la voir lui parler, et se contenterait certainement de couper court à la conversation le plus vite possible pour tourner les talons et tâcher de rester civilisé. Mais nous l'avons déjà dit plus tôt : il est d'humeur plutôt conciliante, aujourd’hui. Alors, il se dit qu'après tout, chacun ici portait son propre masque, et qu'il aurait été particulièrement mal placé pour le lui reprocher.
Jouons le jeu du loup, voulez-vous ?
Récupérant alors le gobelet de café brûlant qu'avait claqué Winona sur le bord du stand, il a de nouveau pivoté vers la matriarche ; et pour dire vrai, il était relativement curieux de savoir ce qu'elle lui voulait.

« — Je resterais bien discuter, mais je dois être au bout de la marina à huit heures, Enonce t-il en désignant l'ouest de la rue d'un mouvement de menton.
Vous allez par là ? Moi aussi. Je vous accompagne. 
Si vous voulez. »

Diane Parker-Wright n'était pas de ces femmes qui laissaient le choix. À personne. Peut-être même pas à elles-mêmes. Et la chose était flagrante sans l'être, dans sa manière de lui emboîter le pas assez rapidement pour ne pas être contredite – mais tout en arborant une expression pleine de bonhommie. Il comprenait soudainement pourquoi les gens comme elle faisaient de la politique : parce qu'ils avaient la capacité absurde d'entrainer ceux qui ne percevaient pas ces détails dans leur comportement dans la spirale de leur énergie folle, alors que ces derniers se persuadaient en avoir été les investigateurs. Et sans doute fallait-il beaucoup d'intelligence pour oeuvrer si habilement.
Mais Wren était loin d'être le dernier des imbéciles, et s'il comprenait pas tout à fait ce qu'elle tâchait de faire, il percevait en revanche la manière dont elle le faisait. Et ça suffisait à le faire tiquer, à lui indiquer silencieusement de se méfier.

« — Comment allez-vous ? Et vos parents ? Demande t-elle d'un ton faussement concerné.
Rien de très particulier, j'suis certain que vous connaissez bien mieux que moi les enjeux de la crise économique, A t-il répliqué d'un timbre désinvolte. C'est aimable de vous en préoccuper.»

Peut-être y avait-il un brin de sarcasme dans sa voix, lorsqu'il lui avait répondu. Un arrière goût de cynisme habilement dissimulé sous une épaisse façade de nonchalance – une spécialité signée Wren McNamara, on aurait pu en jurer. Mais le problème avec ce garçon, c'était qu'il était difficile d'être certain de quoi que ce soit à son propos, ou plus précisément de l'idée qu'il se faisait de vous. Avant qu'il ne le formule clairement, la chose restait souvent floue. Sauf que c'était là le jeu qu'il choisissait de jouer avec Diane ; se prêter volontiers à la conversation dans laquelle elle l'avait entrainé, juste le temps de comprendre ce qu'elle désirait – tout en démontrant cependant qu'il n'était pas tout à fait dupe non plus.

« — Vous travaillez dans les environs ? Avait-elle repris, la voix légère. »

Le sourire du jeune homme s'est évanoui dans le noir de son café. Il en avait la même amertume.

« — Au chantier naval. Je suppose que vous devez connaître au moins une des familles qui nous confient l'entretien de leur yacht ou de leur voilier durant l'hiver. »

Abaissant le gobelet de son visage, il a jeté un coup d'oeil succinct au profil que lui présentait la matriarche Parker-Wright. Ainsi souligné par la ligne sévère de son carré blond, et par la lumière froide du matin, elle semblait avoir été sculpté dans le marbre.
Le brun de son regard s'est déporté vers la ligne vacillante que formait la rencontre du ciel grisonnant et de la mer, alors que son pas ralentissait légèrement.

« — Comment avance votre campagne ? Votre nom est sur toutes les bouches. Pas forcément en bien, d'ailleurs. »

Ce n'était pas une pique. Pas vraiment. Wren ne se mêlait pas à la politique, qu'il jugeait réservée aux élites et contrôlée par des vieillards lénifiants, incapables du moindre changement. Pour autant, il ne s'en désintéressait pas totalement, et restait attentif aux courants de pensée dominants.

« — Je suppose que ce n'est pas seulement pour prendre des nouvelles de ma famille, que vous me faites le plaisir de votre compagnie, Renchérit-il sur le ton de la banalité, en finissant son café d'une traite, et jetant le gobelet d'un geste désinvolte dans une poubelle de passage. Puisqu'il ne reste qu'une centaine de mètres avant d'arriver au chantier, et si vous alliez droit au but ? »

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MessageSujet: Re: They said one day I would catch a break [Wren]   They said one day I would catch a break [Wren] EmptyDim 25 Oct - 17:22

Un degré minimum de perspicacité suffisait à saisir le ton au mieux désinvolte au pire sarcastique de Wren. Mais elle ne pouvait pas exactement le blâmer de botter en touche à propos de ses parents en la renvoyant à la conjoncture économique, dont elle connaissait mieux les enjeux théoriques que pratiques. Et à rien ne servait d’exprimer un semblant de compassion qui, à défaut d’être malhonnête ne pourrait sonner que creux. Après des années sans avoir demandé de nouvelles, s’étant désintéressée de cette famille qu’elle avait pourtant ouvertement soutenue quand l’affaire de la mort d’un des fils avait perdu de son importance dans les médias, une empathie exacerbée aurait eu un goût d’hypocrisie.

Mais il fallait plus à Diane que le sentiment de déranger pour lâcher l’affaire. Car elle ne savait pas encore exactement pourquoi, mais elle avait la certitude que d’une manière ou d’une autre elle pourrait tirer partie de cette rencontre hasardeuse. D’autant qu’elle était de celles qui ne croyaient pas aux accidents, préférant voir dans le quotidien une série de signes et autres opportunités. Mais pour le moment elle n’obtenait rien d’autre de Wren que l’expression d’un certain agacement, preuve en était la réponse qu’il lui donna à propos de son travail. « Au chantier naval. Je suppose que vous devez connaître au moins une des familles qui nous confient l'entretien de leur yacht ou de leur voilier durant l'hiver. » Mais plutôt que s’offusquer des retours quelque peu lapidaires du jeune homme, qui semblait décidé à lui reprocher d’avoir de l’argent, elle s’affairait à trouver ce à quoi cette conversation pourrait bien mener. Pour l’instant, celle-ci s’en tenait encore à quelques banalités faussement polies. « Comment avance votre campagne ? Votre nom est sur toutes les bouches. Pas forcément en bien, d'ailleurs. » La remarque, assurément vraie en même temps qu’un peu mordante, lui tira un sourire qui frôlait l’amusement. Car quand on avait des idées pour le moins radicales au milieu d’une ville qui tragiquement était rongée par des élans faussement modernistes mais assurément pernicieux, il valait mieux accepter rapidement de ne pas faire l’unanimité. En faisant son parti définitivement plus clivante que consensuelle on s’évitait quelques maux d’estomac. « Heureusement que je n’ai pas l’ambition de plaire à tout le monde. » Juste à une majorité d’humains, ce qu’il fallait pour s’assurer le gain de l’élection. Mais Wren n’était pas là pour plaisanter ou parler stratégie de campagne. « Je suppose que ce n'est pas seulement pour prendre des nouvelles de ma famille, que vous me faites le plaisir de votre compagnie. Puisqu'il ne reste qu'une centaine de mètres avant d'arriver au chantier, et si vous alliez droit au but ? » Face à cet air méfiant, Diane fronça légèrement les sourcils. « Ne soyez pas si suspicieux, ce n’est pas comme si je vous avais traqué jusqu’ici. » Elle s’était simplement contenté de lui sauter dessus à l’instant où elle l’avait vu, nuance. Mais qu’il se rassure, même si ne s’agissait effectivement pas que d’une salutation de courtoisie, elle n’avait pas prévu de le retenir bien longtemps. D’autant qu’il n’avait pas fallu qu’elle se creuse les méninges trop longtemps pour trouver une façon de faire fructifier cette rencontre.
Après avoir bu une gorgée de café, se brûlant légèrement la langue au passage, puis manqué de trébucher sur un de ses chiens qui avait en même temps jugé intelligent de s’arrêter brusquement pour regarder un oiseau passer, elle adressa au jeune homme un large sourire, le genre un peu trop franc pour annoncer quelque chose de bon. « Mais puisque vous mentionnez ma campagne, il y en a bien un aspect qui pourrait vous intéresser. » Le terme était sans doute un peu exagéré. Et, surtout, elle présupposait que leurs opinions sur le principe de coexistence pacifique étaient semblables. Mais compte tenu de son histoire familiale, il lui semblait proprement impossible que Wren éprouve autre chose qu’une profonde amertume, pour ne pas dire haine, à l’égard de tout ce qui n’était pas humain. Car en dépit des conclusions officielles expéditives qui avaient conclu à un accident, les proches de Lake et autour d’eux une nébuleuse anti-crawlers étaient persuadés que l’enquête n’était qu’une mascarade. Aussi il était improbable que Wren ait ces dernières années opéré un virage à cent quatre-vingts degrés et soit devenu un fervent défenseur de la mixité.

Diane ne perdit pas plus de temps, d’autant qu’il ne traînait pas pour gagner le chantier, et en vint rapidement aux faits. « Nous sommes en train de réunir une série de témoignages vidéos pour alerter des dangers d’une politique permissive à l’égard des crawlers. » Et s’il était difficile de remettre sur le tapis, cinq ans après, l’affaire de la mort suspicieuse de Lake McNamara sans se faire taxer d’opportuniste - ce qui aurait été une accusation tout à fait justifiée -, il n’y avait rien d’immoral à donner une scène à un proche de la victime. Certes, il se serait trouvé que rappeler au corps électoral tout le mal que les enfants de Crowley étaient capables de faire aux humains aurait pu avoir une conséquence heureuse sur la campagne de Diane, mais techniquement cela n’était que de l’information. Il ne s’agissait pas de déformer la vérité, simplement de demander à une personne concernée de la rappeler - de préférence avec une petite larme dans l’oeil, cela fonctionnait toujours bien. Sentant venir le refus de voir son frère utilisé de la sorte, elle enchaina aussitôt, le visage désormais un peu plus grave : « Je ne peux qu’imaginer à quel point parler de votre frère est encore douloureux. Mais je crois sincèrement que rappeler, histoires à l’appui, les monstruosité dont ces créatures sont capables est un des moyens les plus sûrs d’unir les humains contre eux. » Bien sûr qu’elle avait conscience que suggérer à Wren qu’il se replonge, face caméra, dans le drame qui l’avait secoué quelques années plus tôt était en demander beaucoup, peut-être trop. Le sens de l’intrigue politique n’anesthésiait pas toute compassion, dans laquelle elle versait peu mais qu’elle était encore capable d’éprouver.
Mais savoir que ce qu’elle suggérait risquait de retourner violemment le couteau dans une plaie sans doute encore ouverte ne l’empêchait pas non plus d’être déterminée à obtenir l’accord de Wren. D’autant que l’exercice pourrait avoir quelque chose de cathartique, être l’occasion de mettre des mots sur une souffrance incommensurable et ainsi de l’apaiser un peu - savait-on jamais. A ce stade là, un argument le plus probable à opposer était qu’il se moquait de la politique, qu’il n’était pas prêt à prendre partie dans une bataille partisane. Aussi elle prit les devants, choisissant d’agiter la menace d’une victoire du camp adverse plutôt que le bénéfice que Wren aurait à tirer de la sienne. « Mais si vous préférez que vos représentants dans le prochain Conseil soient de pseudo progressistes complaisants, qui ne rateront pas une occasion de faire preuve de laxisme à l’égard de ceux qui envahissent notre ville et tuent impunément, alors nous n’avons rien à nous dire. » Diane avait bien compris qu’il ne la portait pas son coeur, loin de là. Mais il n’avait pas besoin de l’apprécier pour admettre qu’elle était l’option la moins pire pour s’assurer que Savannah cesse d’être un repère de crawler dans lequel la bienveillance des autorités masquait une véritable impunité. Soutenant son regard, elle hocha légèrement la tête. « Il me semble tout de même que vous êtes doté de bon sens.  » Et surtout, qu’à défaut d’avoir grand intérêt pour ce qui relèverait du bien commun, il avait la rancoeur tenace à l’encontre de ceux dont il évident qu’ils avaient tué son frère. Mais il était encore un peu tôt pour attiser ouvertement l’esprit de revanche, d’autant qu’elle espérait qu’il n’aurait pas besoin d’aide pour laisser remonter quelques véhémences.
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