i showed u my pee pee please respond — bresten

Tu n’aimes pas particulièrement te prendre la tête avec Awsten. C’est assez ironique, compte-tenu du fait que ton passe-temps favori c’est de le faire chier.  Ça ne change rien au fait que tu te retrouves à froncer le nez comme un môme quand ton pote tire la gueule et semble clairement over tes conneries, tes jérémiades, tes manigances. Bougon, t’as envie de le secouer parce que merde, Finnegan vous a abandonné là et vous avez l’air très con mais ce n’est pas comme si vous craigniez quoi que ce soit, pas comme si c’était sérieux, pas comme si ça méritait qu’il soit aussi agacé… T’es juste un peu trop sûr de ton charme pour réaliser qu’il a juste sûrement envie de te faire ravaler ton assurance arrogante, saoulé de voir que tu ne sais pas être sérieux deux minutes. Ça et puis, évidemment, les piques sur votre pote, le con qui vous a lâché en embarquant avec lui ton précieux bolide. Sujet touchy ou vieille rengaine fatiguée, peu importe, t’as poussé Awsten à bout, assez pour que lui ramène Blue sur le tapis, à la guerre comme à la guerre.

Vous êtes installé en silence à l’arrière d’un taxi que t’as sommé de ne pas s’éloigner sur les chapeaux de roue et le silence qui s’étire entre vous est encore plus mort que la tombe sur laquelle t’étais installé il y a pas cinq minutes. Par une opération du Saint Esprit, vous avez trouvez de quoi vous couvrir mais voilà, le sac oublié sur le parking situé entre le parc et le cimetière ne contenait que des affaires de sport, trop petites pour vous, trop féminines aussi, sans doute. T’as fait un geste, t’as laissé le legging à Awsten et t’as décidé d’enfiler le débardeur comme on met une jupe. Pas pudique pour deux sous, t’es pas non plus assez naïf pour croire que tout le monde est aussi à l’aise avec le naturisme et au final, c’était une précaution nécessaire parce que t’as peiné pour retenir le chauffeur du véhicule qui, doucement mais sûrement, vous ramène vers Victorian District. Tu ronges un peu ton frein parce qu’avec la Chiron, vous seriez déjà rentré et puis l’ambiance de merde sur la banquette arrière ne fait pas passer le temps plus vite. Resting Bitch Face oblige, tu fixes le mec qui vous trimballe quand il jète des regards suspicieux – non, inquiet ? - dans son rétroviseur central, gardant un œil sur les deux énergumènes et ce malgré la compulsion que tu lui as balancé à la gueule.

C’est peut-être pour ça que t’es irrité. Parce que t’es fatigué. Tu soupires et balance ton crâne en arrière, jusqu’à heurter l’appui-tête avant de faire craquer ta nuque, portant alors ton attention sur Awsten. « T’as fini de bouder ? » tu fronces un peu plus fort le nez, conscient que ce n’est pas la bonne approche. Pire que des gosses, vous êtes du genre à vous braquer encore plus quand on vous fout le nez dans vos humeurs et c’est peut-être le seul point que vous avez réellement en commun. Deux idiots, un caractère de merde. Rien de mieux pour faire avancer les choses. Tu souffles une fois de plus. Si tu veux rompre la glace, il va falloir faire des concessions et descendre de tes grands-chevaux. « J’me voile pas la face, hein » lances-tu, après une seconde d’hésitation, pas certain de vouloir t’aventurer là-dedans. « A propos de Blue, j’veux dire » t’ajoutes ça avec un manque d’assurance digne d’un puceau et tu ne peux pas t’empêcher de sourire en prononçant son prénom. Complètement piqué, malgré ce que tu cherches à faire croire. « J’fais de la merde et j’en ai parfaitement conscience, » décides-tu d’admettre. Le pari, l’énergie stellaire de la blonde qui te retourne le cerveau, c’est un combo diabolique qui ne peut pas se terminer proprement, tu le sais très bien. « Mais tant que j’lui fais pas de mal, ça peut pas être si grave, si ? » ta question reste en suspend dans l’habitacle et dénuée de la moindre ironie, elle trahi peut-être un peu trop tes doutes, ton enthousiasme aussi, ton envie de faire durer l’illusion parce qu’elle a capté ton attention et que, malgré toi, tu t’y es attaché, oubliant le but premier du jeu. Est-ce qu’il réalise, ton pote, que tu ne sais pas ce que tu fais parce que t’as jamais connu ce genre d’état ? Tu lui lances un regard de chien battu, fixant son profil en attendant désespérément qu’il lâche un sourire ou réponde quelque chose d’acide. Tu t’es montré vulnérable, il te doit bien ça, non ?

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Tu as tendance à trouver un certain réconfort dans le chaos, habituellement. Dans le déni, tu dirais que ça sort un peu de nulle part, la vérité étant qu'il y a mille et une raisons qui expliqueraient cette attache malsaine que tu as avec le désordre social. Celui dans lequel tu es né, la seule chose que tu as connue durant ta vie d'humain. Celui qu'il manquait terriblement quand ton sire t'a retenu vingt ans à Londres, ce désordre que tu aurais aimé avoir pour contrer l'ennui, celui-là même qui a fini par te libérer lorsque Sebastian a été retrouvé mort. Ce désordre dans lequel tu t'es épanoui avant de merder comme un bleu, ce désordre que tu finis toujours par rechercher, persuadé qu'il est le seul moyen pour toi d'éloigner la mélancolie. Quand ça commence un peu à gueuler dans la maison et que tu en profites pour jeter de l'huile sur le feu, quand Brett joue au petit con arrogant avec toi et que tu te comportes comme si tu ne connaissais pas cette facette de lui, comme si tu n'avais pas fini par l'accepter. C'est plus vicieux de ta part, de jouer au rabat-joie et de tirer la tronche tout le long, te plaignant sur des conneries comme un gosse qui recherche de l'attention. C'est pire que les taquineries de Brett, pourtant. Vous êtes différents mais vous vous rejoignez dans la connerie, au final, et vous vous retrouvez avec la même contradiction ; tu entraînes le chaos et lorsqu'il frappe enfin, tu finis toujours par regretter.
Tu ne regrettes pas tant que ça d'avoir répliqué aux piques de Brett. C'était une question de fierté, d'ego pourri alors que t'es le premier à dire que c'est puéril, de s'attacher à ce genre de choses. Mais tu ne peux pas être calme à longueur de journée, tu ne peux pas lui assurer que tu ne péteras pas les plombs à la prochaine vanne mal placée qu'il te lance. Il y a des moments comme ça où tu ressembles à une bombe à retardement avec Brett, Awsten, et tu es le pire des hypocrites quand tu dis qu'il n'est pas difficile de te supporter comme il est difficile de supporter Brett et Finnegan dans la vie de tous les jours. Vous êtes tous chiants à votre façon, voilà tout.

Tu regrettes seulement le silence qui perdure, dans le taxi que vous avez réussi à trouver par tu ne sais quel miracle, sans compter les vêtements trouvés au pif dans un sac abandonné. Merci le destin et la compulsion. Tu aurais déjà râlé sur le fait que tu te sentes à l'étroit dans ce legging de sport si Brett n'avait pas eu la générosité de te le laisser à la place du débardeur, et si tu ne ressentais aucune gêne vis-à-vis de votre discussion de tout à l'heure. Enfin non, tu n'es pas gêné, là, sur la banquette arrière du véhicule – c'est peut-être un peu de honte, un peu de malaise, avec ce silence qui n'arrange guère les choses pour toi. Tu ne supportes pas le silence mais tu es rarement celui qui fait le premier pas pour le briser ; c'est Brett qui s'en charge, généralement, et ça te fait tilt que ce ne soit pas le cas à cet instant. Alors t'en arriverais presque à parler avant lui pour te débarrasser de cette sensation désagréable qui te crispe sur ton siège et qui te fait froncer les sourcils depuis le début du trajet. Mais le temps que tu trouves quoi dire, le jeune homme à tes côtés te devance et à l'entente de sa voix, tes épaules se détendent aussitôt.
— T’as fini de bouder ?
Sa remarque, cependant, t'agace plus qu'autre chose. Évidemment, qu'il n'a rien trouvé de mieux à dire, mais il y a fort à parier que tes paroles à toi n'auraient pas été mieux non plus. Peut-être même que tu aurais davantage joué dans la provocation ; le chaos, encore et toujours. La gaminerie, surtout.
Tu préfères l'ignorer, finalement, te disant même que le calme était peut-être meilleur que ça. Tu as l'impression de passer pour l'enfant ingrat du duo et c'est sûrement le cas, ceci dit tu aurais préféré que ça reste dans l'ombre plutôt qu'il te l'envoie dans la figure comme ça. Alors tu te contentes de rester accoudé sur la portière de ton côté, la tête penchée vers la vitre, le regard fixant le paysage qui défile plutôt lentement – ça te change des virées dans la Chiron de Brett.
Tu l'entends souffler.

— J’me voile pas la face, hein. Tu n'imaginais pas une seule seconde qu'il aurait repris la parole, encore moins avec un ton aussi peu ironique. Tu ne bouges pas d'un pouce mais ton visage faussement fâché se défait aussitôt, laissant place à une expression clairement étonnée qu'il peut voir en un coup d'œil s'il tourne le regard vers toi. À propos de Blue, j’veux dire.  Tu plisses les sourcils, cette fois. Peu sûr de la suite. Peu certain de vouloir l'entendre, du moins. J’fais de la merde et j’en ai parfaitement conscience. Mais tant que j’lui fais pas de mal, ça peut pas être si grave, si ?
Un ange passe dans l'habitacle. Il te prend de court avec cette question beaucoup trop sérieuse à ton goût, bêtement ça s'entend dans ton mutisme que tu n'y étais pas préparé. Tu te décides enfin à laisser ton bras retomber sur ta cuisse tandis que tu tournes enfin la tête vers lui, plantant ton regard sombre dans le sien, tes yeux semblant dire quelque chose comme "tu es vraiment sûr de vouloir t'aventurer sur ce terrain ?", parce que t'as trop de choses à répondre à ça. Ou pas assez. Tu ne sais pas trop, finalement.
— Sûrement, souffles-tu tout à coup, détournant le regard vers le siège du conducteur devant toi. Je ne peux pas te dire de tout arrêter maintenant, même si c'est pas faute d'avoir essayé. Tu lui relances une œillade, peut-être pour t'assurer qu'il ne se joue pas de toi, encore une fois. Mais combien de temps ça va durer avant que tu finisses par vraiment la blesser ?
La sensation désagréable ne t'a pas encore quitté. Peut-être parce que tu n'es pas habitué à avoir ce genre de conversations avec Brett et que ça te fait bizarre, sur l'instant.

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