world gone mad (emmyla #1)

Après avoir déposé un baiser sur la tempe de son petit frère, Lola le regarde courir jusqu'à la porte d'entrée de son ami, son skate sous le bras et un large sourire barrant son visage de gosse. Le gamin – qui n'en est plus vraiment un, mais allez dire ça à la grande sœur protectrice et maternelle qu'elle est – s'améliore de jour en jour sur sa planche, alors ce soir il a tenu à aller jusqu'à la maison de son pote comme ça plutôt qu'en vélo. Aucun problème pour Lola qui s'adapte, Lola qui lui fait un signe de main lorsqu'il se tourne vers elle avant d'entrer dans la maison à la suite du petit blond qui lui a ouvert la porte, Lola qui repart aussitôt direction Landmark District.

Arrêt devant la maison aux allures biscornues habituelles, skate glissé sous le bras, sonnette pressée distraitement. Elle a hâte, Lola, hâte de voir Emmylou, de parler avec elle de tout et de rien, de la prendre dans ses bras en regardant les éléphants roses qui dansent dans sa chambre – et qui n'existent que dans leurs yeux écarquillés. La porte s'ouvre et laisse place à un ravissant sourire qui lui en arrache un, mais la brune n'a pas le temps d'en placer une que déjà tout s'accélère : bouche encore entrouverte, yeux arrondis par un semblant de surprise lorsque la main de son amie saisit la sienne, elle se laisse entraîner sans moufter à travers le dédale de couloirs, sa planche sous le bras. Ce n'est pas la première fois qu'elle se pointe à The Parlor, ni la première fois qu'Emmylou la traîne à l'intérieur à toute vitesse pour éviter qu'on l'embête, mais comme toujours sa tension est si basse qu'elle ne s'y est pas préparée. Sans parler de ces regards qu'elle ne capte jamais vraiment, entendant à peine les gloussements sur son passage – paumée, Lola l'est sans aucun doute.

Porte fermée, sourire à Emmylou qui lui montre ce qu'elle a commandé pour leur repas. « vas-y, installe-toi, fais comme chez toi. j'ai commandé chinois. » Elle hoche la tête et pose son skate dans un coin avant de retirer son sac de son dos. « sinon tu sais qu'on a toujours à bouffer en bas. » « Non, chinois ça me va très bien, t'inquiète. » Par habitude, elle attrape un coussin et le pose par terre pour s'y asseoir. « Quoi de neuf ? Ça se passe toujours bien ici ? » demandé avec un sourire, les questions banales emplies d'une sincérité lorsqu'elle les pose à Emmylou. Parce qu'elle s'intéresse à sa vie, toujours, depuis le temps qu'elles se connaissent et sont proches. « J'ai apporté des gâteaux, pour le dessert. » Les jambes en tailleurs, elle cale son sac au milieu et l'ouvre pour en sortir des Oreo et des cookies qu'elle pose à côté des boîtes de bouffe chinoise. « T'as faim ? Ou tu veux qu'on attende un peu ? On peut s'en fumer une si tu veux, » proposé tout innocemment, surtout qu'elle n'a pas touché à l'herbe depuis ce matin – donc ça fait beaucoup. Le nécessaire sorti et posé sur le sol, elle commence à préparer un joint et relève les yeux vers Emmylou une seconde, sourire en coin aux lèvres. « Ah et Lucas m'a dit qu'il veut que tu passes à l'appart un de ces quatre, il veut te montrer ses talents en skate. » C'est que le gamin aussi, il s'est attaché à la sorcière qui a vécu avec eux pendant un temps, parce que lui aussi a vu qu'elle était bien plus que la rebelle dont elle arbore pourtant tous les attributs.