half of my heart is in Savannah

“Oh come on ! Don’t be a wuss dude !” L’insulte est involontaire, c’est dit avec un sourire mais ça lui coupe le souffle l’espace d’une seconde. Il se sent vu, exposé, nu. Une sensation déplaisante quand il n’est pas celui qui a engagé la chose. “Stop calling me that !” rétorque-t-il défensif, la voix qui claque comme un fouet et qui fait reculer son ami les mains en l’air, signe de reddition. Il ne comprend probablement pas sa réaction, mais il connaît les signes avant-coureurs d’une de ses colères et malgré son aspect chétif, Jude fait mal. Il a l’intelligence de taper là où ça fait mal plutôt que de taper fort, et l’absence de remord rend ses coups d’autant plus efficace. “He’s right ! It’s just a peck on the lips ! No big deal !” commente Joanna en riant, inconsciente que c’est eux qui sont en train de faire tout un plat de la situation. Le problème c’est qu’il aurait dû hausser les épaules et se lancer, profiter du passe-droit pour embrasser Finn, mais il n’a pas osé et maintenant il ne peut pas céder sans résister au risque que ça paraisse louche. Dieu ça l’épuise de toujours devoir prétendre. “A peck ?! Who the fuck are you ? My grandma ?” lâche-t-il le sarcasme brûlant, la moquerie assassine. Jo fait la moue, visiblement agacée et peut-être même un peu blessée qu’il ait osé la reprendre sur son vocabulaire. Elle est fière de ne jamais jurer, d’être bien élevée, quand il vient pointer du doigt qu’on dirait qu’elle a quarante ans, il sait ce qu’il fait. “It’s ok if you don’t want to do it Jude, I’ll take the dare…” intervient Finn, l’éternel pacificateur, l’eau imperturbable qui apaise les courants que sont ses amis. Dans son extrême bonté, Finn lui offre une échappatoire, porte de sortie rêvée et honnie. Jude n’a d’autre choix que de prendre une décision, foncer dans le mur ou le contourner.  “Fine ! Come here !” souffle-t-il en attirant l’autre adolescent vers lui. Le moment est unique, il le sait et il en profite, il fixe en lui l’éternité de la sensation, grave en lui le frisson. Jude a presque quatorze ans, il est gay.

“OMG ! No way ! He did not say that !” Jen est mignonne, c’est sa copine. Il aime bien sa façon naïve de voir le monde et son accent californien. Elle lui prend pas la tête et elle accepte sans trop sourciller qu’il veuille son espace vital. “Swear to god !”  répond-il dans un rire amusé par l’enthousiasme toujours débordant de la blondinette. Elle vit les choses avec tellement d’intensité, chaque histoire qu’elle raconte et une production digne d’un spectacle off-Broadway et il y a fort à parier qu’elle fera ce récit sien et le racontera mieux qu’il ne le fait. “I can’t with him, he’s such an asshole !” rit-elle en posant sa tête sur son épaule, le parfum familier de son après-shampoing lui emplit les narines et Jude sourit bêtement parce qu’il a bien choisi, le précédent avait un arôme de fraise artificielle qui lui donnait vaguement la gerbe. Il s’apprête à continue son histoire quand un senior. “Hey Jude ! Jen.” fait-il avec un petit geste de la main entre le salut et l’appel pour leur attention. Sauf qu’il n’a pas besoin d’attirer l’attention de Jude, il l’a toute entière. Son cerveau passer en overdrive parce qu’il sait à quel point points ces instants sont rares. Jamais ils ne se parlent au lycée, c’est la règle. “What’s up Billy ?” demande un Jude désinvolte en apparence mais bouillonnant déjà à l’intérieur. Il vacille entre excitation et colère. Il y a une raison pour laquelle ils ont inventé les téléphones : pour éviter ce genre de moment embarrassants où toute l’école -c’est du moins comme ça que Jude le ressent- les regarde. “Can I talk to you ? In private.” s’enquiert le lycéen du haut de son mètre quatre-vingt. Il les surplombe, eux qui sont assis à l’une des tables d’extérieur, mais la dynamique de pouvoir au lycée ne tient guère compte de la taille. Billy, aussi sexy soit-il, réside deux ou trois maillons en dessous d’eux dans la chaîne alimentaire de l’école et ce n’est un secret pour aucun des trois. “How intriguing ! Do go on !” s’exclame-t-elle regagnant une posture droite, pianotant des doigts sur la table, l’impatience faite adolescente. En temps normal Jude trouverait ça attendrissant mais il sait qu’il n’a pas du tout envie qu’elle entende ce que Billy a à dire. “Can you leave us alone please Jen ?” demande-t-il avec un sourire doux mais qui ne laisse pas de doute quant à son envie de la voir partir. L’incompréhension sur son visage et d’une certaine façon la déception d’être traitée avec si peu d’égard se mélangent et elle voit rouge. “Is there something wrong or whatever ?” demande une Jen agacée qui devient gênante. Aux grands mots les grands remèdes. Il déteste faire ça, surtout à Jen, mais il n’a guère le choix. “Leave us alone.” dit-il avec plus d’intension cette fois. Ça lui laisse une sensation de picotement au fond de la gorge à laquelle il est accoutumé. Jen se lève, sourire aux lèvres et s’en va, sans un mot, sans une objection, elle qui vit pour les mélodrames lycéens. La surprise qui s’affiche sur le visage de Billy face à ce développement est compréhensible. Jennifer Robbins ne rate jamais l’occasion d’écouter les ragots et c’est totalement out of character de sa part de ne pas émettre d’objection quand privée de sa raison de d’exister. Jude a seize ans, c'est un sorcier.

Le coeur qui palpite, la tête qui tourne, le souffle court, les larmes aux yeux, il rentre en courant, ferme la porte à grand vent et monte quatre à quatre les marches de l’escalier qui mène à sa chambre. Il est trois heures du matin et il vient de réveiller ses parents mais il s’en fout. La porte à peine verrouillée, il s’effondre sur le lit, s’étouffant dans l’oreiller de plumes. Le film de la soirée se déroule dans son esprit en boucle, comme un mauvais trip qui n’en finirait pas de looper les meilleurs moments, les bloopers et l’accident. Il a du mal à respirer et ce n’est pas parce qu’il a la tête enfoncée dans son coussin, quoique ça y contribue probablement. Jude reconnaît la montée en puissance de la crise d’angoisse et il n’y a rien qu’il puisse faire pour la stopper : il la mérite largement. Il se revoit, comme hors de lui-même, spectateur de la scène, boire avec ses potes, fumer des joints, sniffer un peu de coke, rire. Tout se passait tellement bien jusqu’à ce qu’il perde le contrôle. Ce n’est pas la première fois que ça arrive, c’est la première fois que ça se passe aussi mal cependant. Il ne saurait expliquer l’explosion de magie qu’il a ressenti après le deuxième  tour de poudre, mais c’est bien là que tout est parti en couilles. Bordel, comment il va faire demain ? Qu’est-ce qu’ils vont dire ? Thomas est mort putain ! Il n’y a rien d’autre à dire. Jude tente tant bien que mal de comprendre comment il a pu laisser un truc aussi con arriver, comment il n’a pas eu l’intelligence de s’arrêter alors qu’il savait pertinemment que son contrôle sur son pouvoir n’était pas optimal quand il est défoncé. Et pourtant il l’a dit, il s’entend encore le dire : “I dare you to stand on the edge.” Et il l’a fait, Thomas s’est tenu droit comme un i sur le rebord pas plus large qu’une poutre de gymnastique au dessus du vide. Rien d’anormal, ils l’ont tous fait, sauf que cette fois quand Jo a tenté de le faire descendre il s’est battu parce qu’il n’avait pas reçu l’injonction d’arrêter et qu’il ne pouvait pas s’arrêter, chose étrange qui se produit uniquement quand il perd contrôle. Là où en général sa volonté s’impose sur celle de sa victime, une fois l’action accomplie la cible regagne le contrôle, quand la drogue prend le dessus, il devient monarque absolu dont les instructions sont autant d’édits. Dans la panique, alors que le corps de Thomas gisait au pied du bâtiment, Jude a continué d’utiliser sa magie. Puisqu’elle l’a mis dans la merde, elle peut bien l’en sortir. “Go home, forget about tonight. And tomorrow when you wake up, act normal.” Il n’a plus que quatre heures à attendre avant de devoir aller en cours et découvrir le corps de son ami étendu au pied du bâtiment administratif. Jude a presque dix-sept ans, c’est un meurtrier.

j'allais dire "un bébou comme on les aime, si pur malgré sa maman et en fait... non je. je l'aime mais wtf. à croire qu'apprendre aux sorcières à gérer leur magie, c'est utile, qui aurait pu l'penser, hein ? hein ? pas la daronne en tout cas, pfff.
En tout cas je te valide avec joie, félicitations, t'es le premier membre à passer le cas sur VDVE et ça, ce n'est pas rien, tiens, prends un cookie, c'est mérité hâte de le voir en jeu, il nous faut vite un bon gros lien, j'ai envie qu'ils retournent la ville

Le voilà, le moment tant attendu de ta validation ! Le forum t'ouvre grand ses portes, et tu vas pouvoir y déposer officiellement tes valises. Voici quelques liens utiles, qui vont t'aider à t'y retrouver dans les rues de Savannah. Tu peux poster ta < fiche de liens >, afin de te lier aux autres habitants de la ville. Tu peux également offrir tes < préliens > aux futures arrivants, et ainsi compléter ton carnet d'adresse. Tu peux également contrôler que ton nom figure sur les différents < répertoires >, nous ne sommes jamais à l'abris d'un oubli. Et surtout n'oublie pas la < partie flood >, où tu pourras venir te détendre et jouer à quelques jeux pas piqués des hannetons, avec les autres membres. En cas de question supplémentaire, n'hésite surtout pas à venir nous trouver et en attendant de te croiser au détour de la chat box : bon jeu parmi nous