all we do is drive — bluett

Le pourquoi du comment tu te retrouves là, te semble toujours un peu flou, quand ça en vient aux soirées que Brett organise. La première fois, c'était Delilah, et puis, à présent, elle n'est même plus forcément là. Tu reçois un texto, de x ou y, et tu débarques, comme une fleur. Plutôt sociable comme fille, il faut dire que tu te lies rapidement avec les autres. Et dans le lot, il y en a une petite poignée qui sont désormais tes potes de soirées. Même Brett semble s'intéresser à toi. Chose qui te paraît toujours aussi étrange, quand tu as grandi en écoutant sa musique et à écouter ta mère, dire à quel point elle pouvait le trouver sexy. Et tu préfères ne pas trop y penser, mais la Blue de cinq ans, avait aussi un crush pour le jeune homme qu'il était. Malgré la coupe mulet, et les jeans un peu trop moulants... Enfin, tu t'égares, là, tu passes une bonne soirée, gobelet rouge en main, rempli d'un mélange trop sucré de vodka et limonade, avec sûrement encore un peu de sirop. Mélange, qui lentement te monte un peu à la tête, même si tu fais toujours un peu attention, de ne pas finir tes soirées en blackout total.

Vous êtes tous dehors, la nuit est douce, et tu écoutes d'une oreille distraite ce que Brett raconte. Une course de voiture sauvage, ce n'est pas chose rare pour lui, d'après ce que tu as compris. Tu peux sentir l'excitation monter dans l'assistance, et les modèles de voitures lancés ne te disent strictement rien. Tu n'es pas vraiment friande de cet univers-là. Toi, tant que ta Prius roule, tu ne te poses pas plus de question que ça. Autour de toi, ça parle, et t'écoutes plus vraiment ce qu'ils se racontent, bien trop obnubilée par sa présence à lui. Tu tentes de ne pas paraître trop obvious, en détournant parfois ton regard, tentant de faire comme si tu écoutais la conversation à laquelle tu es sensée participer. Mais ça n'est pas une grande réussite apparemment. « Hey, t'es avec nous ? » Petit coup d'épaule, qui te fait revenir à toi et te coupe de ta rêverie. « Oui, oui pardon. » Et tu te réfugies dans le fond de ton verre, pour camoufler tes joues qui s'empourprent, un peu plus aidée par tes cheveux laissés libres, qui viennent cacher le reste de ton visage.

La conversation se suspend tout à coup, sans que tu ne comprennes vraiment pourquoi. Et quand tu percutes que c'est parce que l'hôte de la soirée se dirige vers vous, ta respiration se coupe l'espace d'un instant. Tu ne sais pas pourquoi ça te fait cet effet là à chaque fois. T'es cette grande activiste pro-créatures, pourtant à chaque fois qu'il s'approche, tu peux pas t'empêcher d'avoir cette appréhension étrange. T'aimerais pouvoir dire qu'elle n'est pas associée à de la peur, mais ce serait faux. Et tu te détestes pour ça, vraiment ! Mais est-ce que tu peux vraiment te blâmer, lorsque tu as grandi avec l'idée que les vampires ne savent faire que du mal aux humains ? Pourtant, t'essaies de te défaire de tes vieux démons, tes vieux réflexes. Alors t'essaies de moins laisser paraître ton léger malaise, quand il trinque avec toi, parlant d'un copilote. Et lorsqu'il pique ta fierté, avec ce surnom ridicule, ce n'est pas ton inconscient qui parle. « C'est ce qu'on va voir. » Un peu trop sure de toi, tu finis d'une traite ton verre, avant de le poser sur le rebord en pierre juste derrière toi. L'alcool aidant sûrement, tu t'sens invincible ! Et tu ne réalises sûrement pas vraiment ce qu'il va t'arriver. Comme tu ne percutes pas totalement, que tu réagis exactement de la manière voulue. Bien trop facilement manipulable à cet instant précis... mais tant pis, tu sembles vraiment excitée à l'idée de monter dans cette foutue voiture ! Alors tu ne l'attends même pas et te diriges vers ce qu'il semblerait être sa voiture, d'un pas décidé. Tu fonces, tête baissée, ce qui te permet aussi de pas trop faire attention au fait, que dans ta poitrine ça tambourine sévère. « Alors, je t'attends ! » Bras croisés sur ta poitrine, moue boudeuse, tu joues à la grande dame impatiente, alors que tu l'attends juste devant la portière passager.

Tu décroises les bras, lorsqu'il arrive à ta hauteur, mais n'abandonne ta mine faussement boudeuse, que lorsqu'il ouvre la portière pour toi. Ça pue le cliché, mais d'une certaine façon, tu n'en attendait pas moins. Tu ne relèves même pas le surnom qu'il te donne. Ou plutôt si, pas vraiment certaine de savoir si tu apprécies ou pas. Ce n'est pas vraiment la première fois qu'on l'utilise pour toi, mais entre ses lèvres, il a une autre saveur. Pas vraiment certaine de savoir si tu en apprécies réellement les différentes notes. Mais puisque tu ne l'as jamais repris auparavant, sûrement un peu ébranlée la première fois, où tu l'as entendu le prononcer, difficile de faire marche arrière aujourd'hui. « Merci beaucoup » Petit sourire discret, et bonnes manières dignes de la renommée des Wilkes accompagnent tes mots. Tu porterais une de ces robes fleuries, aux couleurs printanières, que tu aurais poussé le vice encore plus loin, accompagnant le tout d'une petite courbette, tirant délicatement sur le pan de ladite robe. Mais dans ton jean bleu aussi sombre que la nuit, tu te contentes de te glisser dans l'habitacle, veillant à ne te cogner nulle part. Et tu as beau prendre toutes les précautions nécessaires, tu ne peux t'empêcher de pousser un petit cri strident, lorsque tu as l'impression de tomber jusqu'au sol, surprise par la bassesse du siège. Petit moment gênant, que tu fais mine d'ignorer, malgré le rouge qui vient sur le champ enflammer tes joues. Tu grattes nerveusement tes genoux, de tes ongles parfaitement manucurés d'un rose pâle, le temps qu'il entre à son tour dans la voiture, tentant de dissimuler ton malaise passager. Ce n'est pas la fin du monde, calme-toi ! T'as eu le maigre espoir l'espace d'un instant que l'alcool te rendrait moins nerveuse, tu t'es clairement plantée. Tant pis, il est trop tard pour reculer. C'est l'moment d'assumer, Wilkes ! T'as tout juste le temps de prendre une profonde inspiration, avant qu'il ne s'installe à coté de toi. Mais dans quoi tu t'es embarquée, Blue ?!

Le moteur qui vrombit, dire que ça n'a aucun effet sur toi serait mentir. Tu n'as rien d'une fan de voiture. Bien incapable ne serait-ce que de citer la marque du bolide dans lequel tu viens de t'installer. Mais ce bruit provoque tout de même une légère excitation en toi. Comme si d'instinct, tu pouvais dire que la bête en avait sous le capot. En même temps, il n'y a pas besoin d'avoir fait de longues études en ingénierie mécanique pour s'en douter... « Tu t’attaches, love ? » Si Blondie provoque chez toi une réaction mitigée, ce nouveau surnom, te prend par surprise. Tu clignes des yeux à plusieurs reprises, comme pour t'assurer d'avoir bien entendu le mot utilisé. Le doute n'est pas vraiment possible, il vient bel et bien de t'appeler love pour la première fois. Et le temps, que tu process l'information, les secondes s'écoules, avant que tu ne t'exécutes, encore légèrement abasourdie. Si tu voulais dissimuler ta réaction, c'est peine perdue, ton visage est bien trop expressif pour ça. Troublée, tu tentes de te redonner consistance, cherches vainement quelque chose d'intelligent à répondre. Une réplique insolente, qui te ferait passer pour une fille intéressante. Tu ressembles à une adolescente désireuse d'impressionner son crush. Tout ce qui t'a toujours rebutée. Mais face à Brett, il y a une partie de toi que tu ne maîtrises plus. Cette même partie de toi, qui semble oublier si facilement l'existence même de ton petit ami... Parce que oui, Blue t'es en couple, malgré ce que ton comportement laisse à penser. « Je vais enfin pouvoir voir si tu es à la hauteur de ta réputation, tiger. » Tu dissimules tant bien que mal ton propre malaise face au surnom que tu viens de lui donner. Tiger, really ? De tous ceux que tu aurais pu choisir, c'est celui-ci qui a franchi la barrière de tes lèvres. Une véritable cause perdue... Dans ta tête, tu es en train d'écraser ta main sur ton front, tandis qu'extérieurement, tu te mords simplement la lèvre inférieure jouant la fille gonflée d'assurance. C'est que ça sonnerait presque juste, avec ce regard légèrement effronté que tu lui lances, avant de tourner ton attention en direction de Paige. Et c'est à l'instant où elle lève les bras, sur le point de donner le départ de la course, que tu réalises dans quoi tu t'es embarquée. Et l'excitation laisse place aussitôt au stress, tes ongles s'enfonçant légèrement dans le cuir du siège. Ta respiration se bloque dans tes poumons, une fraction de seconde avant que le pied du vampire ne vienne s'écraser sur l'accélérateur. Et tu ne peux penser qu'à une chose : garder les yeux ouverts et ne pas crier.

Les premiers virages te tétanisent littéralement. Les yeux rivés sur la route, tu n’emmagasines pourtant aucune information, tant ton esprit semble ailleurs. Aggrippée à ton siège, comme si tu avais peur d’être éjectée à la prochaine épingle, tu n’y trouves aucun plaisir, vraiment. Tu pourrais être grisée par la vitesse, par l’adrénaline, mais rien n’y fait. Ton cerveau n’a de cesse de te hurler tout ce qui pourrait mal tourner. Et tu vois déjà la voiture partir en tonneaux, ou percutant un passant. Légèrement rabat-joie dans ton genre, t’as parfaitement conscience que d’autres seraient complètement extatiques à ta place. Pourtant, toi, tu restes figées sur ton siège, luttant contre toi-même, tentant vainement de te convaincre que tu n’as rien à craindre. Après tout, Brett est un excellent pilote, on te l’a déjà répété mille fois. Sans parler du fait que c’est un vampire, et ça lui offre un sacré avantage face à tous les Vin Diesel du monde ! Tu finis par réaliser, que depuis le départ, tu n’as qu’à peine respiré, emprisonnant l’air dans tes poumons tant tu es crispée. Tandis que lui, se laisse aller à rire. Tu ne peux t’empêcher de l’observer, l’air bien plus épouvantée, que ce que tu le voudrais. Le contraste entre vous ne se fait alors que plus prononcé. Et à cette pensée, tu ne peux pas lutter contre ton envie de le gommer. Sans vraiment comprendre pourquoi, comment tant d’autres choses, lorsque ça en vient au vampire. Alors tu luttes, contre ton instinct, pour tenter de te détendre. Tes doigts qui lâchent peu à peu leur prise, les muscles de tes cuisses, qui se détendent à leur tour et puis tes poumons qui fonctionnent à nouveau presque normalement. Et rien que ces microscopiques détails semblent suffir à ce que tu puisses commencer à apprécier ce moment. « Allez, copilote, il est temps d’être utile, pas juste jolie comme un coeur » On ne t’avais pas dit que tu allais devoir faire quoi que ce soit. Théoriquement un co-pilote, ça ne doit qu’indiquer la route à suivre, et pour ça, il n’a pas vraiment besoin de toi. Et puis d’ailleurs, tu n’avais pas vraiment l’impression d’être co-pilote, juste passagère… Oh merde, il prend ta main pour la poser sur le levier de vitesse. God, t’as jamais touché à un levier de vitesse de ta vie ! Si tu sais comment ça fonctionne, c’est uniquement par les images de Fast & Furious que Brandon t’a fait regarder. Donc autant dire, que t’y connais strictement rien ! Et pourtant, ton léger geste de recul, disparaît presque aussitôt, incapable de lutter contre ses doigts sur les tiens. « T’as déjà utilisé une boite manuelle ? » Il te demande ça, avec tellement de calme, que t’as envie de le traiter de fou, au vu de la situation dans laquelle vous êtes. Parce que si pour lui, c’est tout à fait normal. Pourtant, t’as plus l’impression que tu cours droit à ta mort...  « Non ! » Ta réponse se fait un peu plus brusque que prévu, et tu transpires la panique. Et même si ton corps s’est raidi à nouveau, il y a une part de toi, qui refuse de passer pour une fille boring, qui a peur du moindre truc nouveau. Peut-être que l’alcool t’aide aussi un peu, on ne va pas se mentir. « T’es… t’es sûr ? » Tu balbuties, toi-même pas certaine que ce qu’il est en train de faire, soit la plus brillante des idées. Mais de son côté, Brett semble parfaitement au clair de ce qu’il fait, déposant ta main sur le manche et la ensuite guidant lorsqu’il change de vitesse. Alors tu décides de lui faire confiance, prenant une profonde inspiration, pour une nouvelle fois reprendre le dessus sur tes instincts. Tu ne remarques qu’à peine ce qu’il se passe dehors, tout défile trop vite. Les lumières au milieu de la nuit disparaissent aussi vite qu’elles n’apparaissent, sans que tu n’y comprennes grand chose. Il faut dire, que t’es incapable désormais de te concentrer sur autre chose, que sur la sensation de sa main sur la tienne. Et tu commencerait même à apprécier la sensation de vitesse, un sourire commençant à naître à la commissure de tes lèvres. Même si dans ta cage thoracique, ça continue à tambouriner. Plus vraiment certaine que la seule raison en soit uniquement l’asphalte que la voiture dévore à une vitesse ahurissante. Mais cette sensation grisante reste bancale, et le merde qu’il laisse échapper n’en est que la preuve. « QUOI ? » Tu cries dans l’habitacle, ne réalisant pas ce qu’il vient de se passer. Parce que tu n’as porté aucune attention aux voitures des autres concurrents, tu ne peux alors pas comprendre que vous venez tout simplement de vous faire doubler. Et si ta première main pourrait désormais bien briser le levier de vitesse, tant tu le serres fort, tu n'as pas prêté attention à la seconde, qui se trouve à présent agrippée au bras de Brett, plutôt qu'à ton siège. Comme si instinctivement, il te donnait un sentiment de sécurité plus grand. Quelle ironie, lorsque l'on sait qu'il y a toujours une partie de toi qui semble effrayée par sa proximité. Tes doigts crispés sur son bras, tes ongles s'enfonceraient presque dans sa peau, si elle n'était pas protégée par sa veste. Et après avoir tenté de trouver la source du problème en vain, en jetant des regards effrayés dans tous les sens, de manière totalement désordonnée - et donc totalement inutile - ton dernier réflexe est d'enfouir ton visage contre son bras. Les yeux fermés, les genoux remontés contre ta poitrine, c'est comme si t'étais prête à mourir. Putain, Blue, si tu pouvais te voir à la troisième personne, t'aurais sûrement envie de te gifler, tant tu te donnes en spectacle. Ce qui devait être une expérience fun, t'es en train de la transformer en véritable cauchemar. Et tous tes efforts pour paraître cool aux yeux du vampire - aussi pathétique cela puisse-t-il être - sont très certainement morts et enterrés désormais, aux côtés de ta dignité.

Petite boule de nerfs, tes pensées vont aussi vite que la voiture dans laquelle tu es installée. Les différents scénarios catastrophes qui s'enchaînent à une vitesse folle dans ta tête. Echos des films idiots que tu as regardés sans vraiment t'en soucier. Et cette désagréable sensation d'être dans le prochain Destination Finale qui se fait toujours plus étouffante. Tu n'es même plus sure de respirer, tant tu es crispée, agrippée au bras de Brett comme à une bouée de sauvetage. Si tu arrivais à desserrer les dents, sûrement que tu serais en train de hurler, comme sur ces manèges à sensation que tu adores tant. Alors pourquoi la vitesse à bord de la Chrion t'effraie à ce point ? Sûrement parce que le facteur humain est beaucoup trop présent sur tes chances de survie à la fin de cette course. Trop de risques sur la route, les autres participants, les passants, la conduite de Brett. C'est trop pour que ton cerveau puisse trouver le risque acceptable. Et tu te détestes pour t'être laissée entraîner là-dedans. Ou plutôt tu te détestes de pas être capable de ne pas y penser et de juste apprécier la sensation grisante de la vitesse. Tu n'entends qu'à peine ce qu'il te dit, juste avant de sentir la voiture ralentir. Tu finis par sortir ton visage, jusqu'à lors dissimulé dans les plis de sa veste, ne lâchant toujours pas prise pour autant. Tu n'as pas senti les rares larmes, qui laissent une trace humide sur tes joues, couler. Et tu renifles, reprenant peu à peu le contrôle de toi-même, lorsque tu es assurée que les lampadaires ne défilent plus à une vitesse folle derrière les vitres. Tes jambes se détendent, jusqu'à ce que tes pieds touchent à nouveau le tapis de sol, et ton emprise sur son bras disparaît doucement. Tu n'es pourtant pas rassurée complètement, une pointe de méfiance qui demeure dans un coin de ta tête. Trop habituée à être bousculée par tes amis, qui se jouent de toi, tu t'attends à ce qu'à tout instant, il appuie à nouveau sur l'accélérateur pour te faire peur. Mais tu oses espérer que Brett ne te fera pas ça. Tu pries pour qu'il ne le fasse pas, tu ne le supporterais pas, tuant très certainement et de manière définitive le dernier semblant de dignité qu'il te reste. Mais à cet instant il semble sceller une promesse silencieuse, en passant son bras autour de tes épaules, celle de ne plus te torturer. Pour ce soir du moins. Tu frisonnes à ce contact, mélange d'une sensation électrique que tu te surprends à sentir parcourir ton échine, et d'un reste de frayeur que tu n'as pas encore fini d'évacuer.

« Désolé si j’t’ai fait peur, t’avais l’air si assurée tout à l’heure... » Il finit par arrêter la voiture, et face à ça, tu ne sais pas trop quoi dire, qui pourrait sauver les meubles. Et ce rire, qui même s'il s'éteint presque aussitôt, c'est comme le dernier clou qu'on plante dans ton cercueil de honte. Alors tu te contentes de lever les yeux vers lui, un maigre sourire un peu confus étirant à peine tes lèvres. Tu as perdu toute ta faculté à avoir de la repartie. Tu as perdu beaucoup de chose ce soir même, et tu n'es pas vraiment certaine que tu oseras te repointer chez lui de sitôt. T'aurais envie de disparaître, à jamais, dans un trou de souris. Et effacer cette foutue soirée ! T'as rarement eu aussi honte de ta vie, et là contre-coup qui se pointe va être dur à avaler. Tu es déjà en train de te refaire le film de cette courte expérience de la course automobile. Et si tu ne devais choisir qu'un mot pour la résumer, tu opterais pour pathétique. Ça correspond plutôt bien, oui. Pathétique petite humaine, qui a voulu jouer les grandes aventurière, tu aurais mieux fait de fermer ta bouche dès le départ, t'aurais au moins sauver ta réputation. Tu n'arrives pas à bouger, lorsqu'il sort de la Chiron, malgré ton désir de lui emboîter le pas et de faire comme si tout était déjà rentré dans l'ordre. Tu te fais violence, mais ton corps ne semble pas encore prêt à se mouvoir selon ta volonté. Bien. C'est pas comme si tu étais à ça près de toute façon, alors autant capituler et te laisser guider par le vampire qui est désormais à coté de toi, après avoir ouvert ta portière. Toujours muette, toi la grande bavarde, tu n'en mènes toujours pas large et plus les secondes s'écoulent, plus tu te détestes pour ça. Mais tu n'as pas la force de lutter, lorsqu'il te guide hors de l'habitacle, ou plutôt tu lui en es reconnaissante, qu'il arrive à t’extirper de ce truc que tu détestes tant désormais. Même si encore une fois, ton ego en prend un sale coup. Tu tiens à peine sur tes jambes encore chancelantes, et là tu n'aurais besoin que d'une chose : un câlin. Aussi idiot que cela puisse te paraître, tu as besoin d'un contact qui te raccroche à nouveau au moment présent. Mais tu n'auras pas le temps d'y penser plus en détails, car lorsqu'il te demande si tu veux manger ou boire quelque chose, ton estomac se charge de répondre à ta place. Le mélange d'alcool et de peur a eu raison du contenu de ton ventre, puisque celui-ci se retrouve en quelques secondes étalé sur le sol, à tes pieds. Tu as juste eu le temps de te tourner, pour éviter de tout rendre sur lui. Si tu pensais que ton calvaire était terminé, tu t'es planté le doigt dans l'œil, jusqu'au coude ! Tu en est désormais certaine, ce charmant surnom qu'il te donne, tu ne l'entendras plus jamais. Et alors que tu essuies tes lèvres sur la manche de ta veste, toujours recroquevillée, tu tentes de te répéter que ce n'est pas si grave qu'il n'ait plus envie de te revoir. Que tu pourras très bien te remettre de cette histoire, que tu pourras retourner à ta petite vie bien tranquille. Mais qui essaies-tu de convaincre ? Tu le sais très bien que tout ça est faux. « Je suis désolée. » A la limite du sanglot, tu n'oses pas te redresser, encore moins affronter son regard. Mais tu ne peux décemment pas rester éternellement pliée en deux de cette manière. Alors tu te fais violence pour te relever, fuyant pourtant le bleu de ses yeux. « Je voudrais bien une bouteille d'eau, s'il te plaît. » Articules-tu, tout juste audible, pareille à une enfant trop timide. Alors que ta main sors un billet de la poche arrière de ton jean. Après un tel spectacle, tu ne te sens pas de lui demander quoi que ce soit de plus. Si tu sentais tes jambes capables de te porter jusqu'à la guérite, tu le ferais bien toi-même. Mais en l'état actuel des choses, tu ne te sens pas capable de faire grand chose. Et avant qu'il ne s'éloigner, tu ajoutes : « Est-ce que tu pourrais utiliser ta compulsion sur toi-même pour te faire oublier cette débâcle ? » Tu n'as peut être pas encore récupérer tes couleurs, mais au moins tu récupères ta capacité à t'exprimer et c'est déjà pas mal. Tu fais même un petit trait d'humour, parfaitement au courant que la compulsion ne fonctionne pas comme ça. Et ton sourire, bien qu'encore timide, lui fera comprendre que ce n'est qu'une petite plaisanterie, pour tenter de sauver un tant soit peu ce qu'il te reste de dignité.