Caden » wildness running where we have not followed

An Caille Le coven An Caille (Le Voile) s'étend sur tous les États-Unis, méga coven né lors des premières migrations irlandaises au XIXe siècle. Celui-ci garde un contact sporadique avec les sorcières qui habitent toujours en Irlande et leur propose de les rejoindre, dès qu'elles rejoignent les USA. Les communautés irlandaises états-uniennes sont donc en partie constituées de sorcières, même si celles-ci font généralement profil bas. Sauf à Savannah, bien sûr.

An Caille se divise en trois branches : Coróin (couronne), Claíomh (épée) et Croí (coeur). La première, la moins populeuse, regroupe les dirigeantes du coven : leurs dons sont versés dans la diplomatie et le contrôle des individus, ou des foules. La seconde, la plus nombreuse, porte les forces armées du coven. Les dons sont offensifs et les sorcières entraînées afin de devenir aussi habiles avec leur magie qu'avec leur corps. La troisième et dernière regroupe les plus anciennes sorcières, les aïeules aux dons variés, mais les plus puissants. Celles-ci enseignent aux plus jeunes et sont respectées.

Chaque sorcière naît membre de Claíomh. Certaines ensuite rejoignent les rangs de Coróin, sous la tutelle des membres de Croí, mais la plupart restent à jamais dans l'armée. Les dons de guérison et ceux associés sont les plus rares et regardés avec mépris, s'ils sont l'aptitude première d'une sorcière : on les dit symboles de faiblesse, autant de l'âme que de la magie.

Girls girls girls « Karen*, tu vas me scalper », geint Caden sans pourtant quitter des yeux son écran de téléphone, où elle fait défiler son fil Instagram. L'autre sorcière soupire et poursuit son travail de brosser la longue chevelure emmêlée, pour ensuite tenter d'en faire quelque chose. Elles sortent, ce soir, et se sont toutes réunies chez Layla afin de se préparer. Et aussi de transformer leur meilleure amie de vilain petit canard (de presque six pieds) en magnifique cygne.

Les deux autres filles sont fourrées dans la garde-robe de Layla, à décider de quelle robe refiler à l'aînée du groupe. « Rien de trop court, hein ? », lance-t-elle en vain. Elle est pratiquement certaine que les deux autres ne l'ont pas entendues. Ou se foutront de son opinion. Un petit soupir et elle retourne à son téléphone et à Karen*, qui tresse une partie de ses cheveux, avant de tout remonter en chignon, pour voir l'effet. « Je vais déménager, commence-t-elle de son habituelle voix détachée, rappelant ce qu'elles savent déjà toutes. Que Cady quitte le compound Zapien pour avoir son propre nid, prise de ce besoin d'indépendance qui la domine depuis son arrivée au coven. Ça te dirait de venir habiter avec moi ? » La jeune femme derrière elle s'arrête dans son travail. Les regards se croisent dans le miroir devant elles : celui grave et sérieux de l'aînée, celui surpris de la benjamine. Karen* marmonne, un petit rire de malaise dans la voix, qu'elle va y penser. La Macken sait déjà ce que ça veut dire, même pas besoin d'user de son don pour deviner ses émotions.
Non.

La déception ravalée, le silence lourd jusqu'à ce que ses deux autres amies surgissent avec, dans leurs mains fraîchement manucurées, la robe élue pour la soirée. Caden la détaille avec choc, avant d'élever la voix : « Non, les filles, non, c'est pas possible. On va voir mon cul !, qu'elle objecte, que pour se faire répondre qu'elle n'en a pas, de cul, alors y'a rien à voir. Un majeur levé en opposition, générant les gloussements de toutes. Vous faites chier. » Elle mettra tout de même la robe (déjà courte sur Layla, un foutu gant de toilette sur elle), les talons inconfortables qu'on lui dégote, le cat eye qu'on lui dessinera sur la tronche et les paillettes qu'on lui peindra sur les ongles, et elle ira danser jusqu'à ce qu'on les foute à la porte. Parce qu'elle les aime, ces connes.

Sea Child Elle ne travaille pas, aujourd'hui. Les jours de congé sont rares, pour celle qui cumule les emplois, mais appréciés à leur juste valeur. Son skate l'a menée jusqu'à la plage, aujourd'hui, et sans se soucier de la fraîcheur saisissante de la mer, elle y a plongé. Caden y nage depuis plus d'une heure, s'arrêtant à l'occasion pour reprendre son souffle, ou aller boire un peu d'eau (potable et douce, celle-là). L'eau salée brûle ses yeux malgré ses lunettes de natation et lorsqu'elle s'arrête enfin, elle est à bout de souffle. Ses membres la brûlent, ses poumons également, mais elle est bien.

Ses yeux se ferment et elle se laisse ballotter par les vagues. Une mélodie remonte dans sa poitrine et pensivement, elle la fredonne, les notes se perdant dans les remous de la mer. Mélodie, incantation, chant tiré de sa mémoire et des cérémonies traditionnelles d'An Caille. Sept ans qu'elle a quitté son coven et du même fait, sa famille. Qu'elle évite soigneusement les lieux que ses mères fréquentent, qu'elle demande à travailler pour St Patrick's, qu'elle se force à ne pas penser à ses sœurs. Et la majorité du temps, tout va bien. La vie de Caden va rondement, depuis ses quinze ans. Le travail, la magie, les amies. Elle a même développé un nouveau don, qui soulèverait uniquement le mépris de sa famille, elle le sait bien trop.
Parfois, toutefois, c'est trop fort.
Il restera toujours ce vide, en elle.
Un vide que parfois, elle se permet d'embrasser.

Une main empoigne vivement son bras, puis deux bras viennent se serrer autour de son torse, la tirant violemment de sa méditation mélancolique. « Hé ! », qu'elle oppose, en gigotant pour se sortir de la poigne du sauveteur, qui de son côté bataille pour la maintenir entre ses bras, apparemment convaincu qu'elle panique. Ses talons tapent frénétiquement les cuisses de l'homme, ses poings ses bras, et Caden hurle dans ses oreilles : « Lâche-moi, lâche-moi, je vais BIEN ! » L'autre la lâche subitement et elle arrache ses lunettes de natation pour mieux voir celui qui a tenté de la sauver. Un jeune homme aux traits traversés d'une expression penaude, alors qu'il s'éloigne de la sorcière furieuse.

« Je pensais que tu te noyais, bredouille le sauveteur, exposant l'évidence. Comme tu vois, je vais très bien, claque sa voix sèche en retour. Tu ne bougeais plus. » Ses lèvres se pincent et sa seule réponse est un crawl puissant qui la ramène jusqu'à la grève. Elle émerge de l'eau en un seul mouvement, sirène nouveau genre, nymphe des mers au regard noir.

Chrono succincte 22 janvier 1998 Naissance de Caden Macken, fille d'Aislinn et Ronit ; benjamine de Saraid (1995) et Neve (1993). Père inconnu. 2006 Découverte de son don de guérison. Sa famille est déçue et elle aussi. Ça doit être la faute de son géniteur. 2007 Débute un apprentissage autodidacte des soins magiques. Les livres à ce sujet sont rares, dans son coven, mais Caden les déniche et s'y plonge. Elle soigne d'abord les animaux blessés, puis se pratique sur sa propre chair et ses blessures enfantines. 2011 Découverte de son don de clairvoyance (empathie). La déception est mordante, cette fois, alors qu'aucun pouvoir offensif ne vient balancer celui principal. 2013 Quitte l'An Caille pour rejoindre le coven Zapien, qui se montre méfiant envers cette gamine maigrichonne et élancée qui vient demander son savoir. Caden persévère dans ses demandes et est prudemment acceptée, en probation, en apprentissage auprès d'une sorcière plus âgée. 2014 Entre au Rags & Riches comme vendeuse, avec l'accord du coven, qui agit comme tuteur de la mineure. 2016 Découverte de son don de psychométrie lors d'un quart de travail. Cade est heureuse que sa famille, ou l'An Caille, n'en sache rien cette fois-ci. 2018 Devient officiellement guérisseuse au sein du compound Zapien. Sa plus grande fierté. Janvier 2020 Déménage dans un loft hors du compound, mais tout près.