we'll never be those kids again (adriana)

We'll never be

THOSE KIDS AGAIN

WES & ADRIANA

Once upon a time, a wolf and a lamb decided to do a cultural exchange.

Ces derniers jours, tout s'accélérait. Les incidents s'enchaînaient, sans lui laisser aucun répit, et Adriana allait commencer à croire que ce n'était que le début, pierres laissées par le petit poucet de la discorde pour la préparer, lentement, la faire appréhender ce que le futur leur réservait. Ce qui la rassurait, au moins, Layla n'était pas embarquée dans les derniers rebondissements qui avaient eu lieu, c'était un soucis de moins à se faire.

Avoir vu Paz lui avait donné le sourire pour une bonne partie de la journée, surtout avec la satisfaction de Grumpy Ginger avait trouvé le meilleur foyer possible avec le lycan, qu'ils allaient s'apporter quelque chose, tous les deux. Une bonne chose de faite. Et après la fermeture de la boutique, elle était passée voir le vampire qu'elle avait sauvé, la nuit dernière. Et plus ou moins (surtout plus) forcé à rester à la clinique. La sorcière soignait tellement rarement qu'elle se sentait obligée de le suivre de près,  sentiment de responsabilité plus fort que tout. Adriana ne voyait pas ses patients comme elle le devrait, avec détachement, professionnalisme ; ils avaient des noms, des visages, des vies, et elle s'y attachait toujours un peu trop sans doute.
Elle rentre encore plus tard que prévu, après Trystan, des papiers, après des papiers, des comptes, le travail n'en fini pas, elle n'en fini pas.

Elle prend les marches qui vont jusqu'à son chez elle -mais qu'étais-ce, "son chez elle", tout lui appartenait ici, les murs, le terrain, son appartement est moins sa maison que le compound en lui-même- trois étages à pieds, c'était bon pour son cardio, seul sport qu'elle avait le temps de pratiquer.

Elle ouvre la porte, prévoie déjà de retirer ses talons pour une paire de chaussons confortables, mais la tranquille soirée ne lui est pas accordée, car elle n'est pas seule. La fumée d'une bougie lui chatouille les narines est le premier indicateur. Elle lève la tête, et Wes est là (et le visage en larmes d'Azucena, qui flashe dans son esprit, elle le chasse le plus vite possible, si Wes compte l'interroger il parlera à un mur, elle a promis).

Wes est là, comme chez lui, comme s'il ne s'était pas (encore) invité tout seul. Et Adriana est presque blasée, si bien qu'elle ne montre pas sa surprise d'un instant, ni n'est particulièrement effrayée, elle avait déjà eu intrus moins agréable... De plus, dévoiler être pris de cours, c'est se faire vulnérable, c'est hors de question, du moins pas avec Wes. Elle hausse les sourcils. Que son appartement soit un moulin, elle aurait préféré ne pas avoir à s'y habituer, elle n'aimait pas les surprises, elle n'aimait pas les rendez-vous improvisés au cœur de la nuit, qu'on lui retire son semblant de contrôle en envahissant son espace personnel. C'était bien la peine qu'elle vive au dernier étage. Est-ce qu'ils réalisaient, tous ses invités inopinés, tout le travail que cela lui donnait d'effacer les traces de leur passage, comme la complice d'un crime ? Les caméras de surveillance n'étaient pas là juste pour faire joli, et elle ne pouvait pas se permettre qu'on voie un lycan ou (pire) un vampire s'inviter par la fenêtre comme Zach l'avait fait à une époque... Le temps ne s'y prêtait plu, les conséquences seraient beaucoup plus lourdes, si une de ses sœurs se mettait à poser des questions qui pourraient la décrédibiliser.

Mais maintenant qu'il est là, elle ne va pas le chasser.

« Wes. Bonsoir. » Elle s'avance, dans son appartement tout simple, couleurs claires et neutres qui vont avec ses atours, décoration minimaliste, quelques cadres photos, quelques plantes séchées, tout ici est pratique avant tout, est propre et rangé, pas un grain de poussière, pas un objet qui n'est pas à sa place (sauf ceux que son "invité" à touché, déplacés).
Adriana voit la table bien mise, décor quasi romantique, intimiste. Il avait tout prévu, avait même fait des efforts vestimentaires. Un vrai arnaque-cœur, ce Wes. Dans une autre vie, peut-être que la mince frontière entre professionnel et personnel aurait pu être troublée, mais plus maintenant. Si Adriana n'est pas entièrement insensible à son magnétisme quasi sauvage, son goût des mauvais garçons est resté dans le passé, malgré le charme d'un homme plein de problèmes qu'elle aimerait régler, comprendre, apaiser.

Il avait quelque chose à lui demander. C'est la seule conclusion possible expliquant cette petite mise en scène, comme deux amis-amants qui se retrouvent à l'échappée, pas comme des business partners à la relation devenue parfois conflictuelle.

Elle s'avance, attrape le verre tendu, lèvres ourlées d'un sourire reconnaissant... mais repart aussitôt récupérer la veste en cuir qui lui sort par les yeux, balancée comme elle est sur le canapé. C'est plus fort qu'elle, Adriana fait un détour vers le porte-manteau près de la porte pour y accrocher la veste, équilibrisme improvisé avec le verre bien plein dans l'autre main. Une fois satisfaite du résultat -veste bien mise, manches parallèles- elle retourne auprès de Wes. Sans un seul reproche oral, mais les actes parlaient d'eux-mêmes. L'équilibriste marche sur un fil tout fin, elle prend garde à ses mots, à ses réactions, Wes n'est pas quelqu'un avec qui il est facile, de troquer. Même si cela est moins compliqué qu'avec Amos.

« Je vois ça, et tu n'as pas fait les choses à moitié. » Elle ne va pas vérifier tout de suite le contenu du paquet, mais cela viendra, avant que Wes ne soit hors de portée. Elle ne lui fait pas assez confiance pour faire autrement.

Elle lève légèrement son verre, certaine que l'honneur relatif de la visite du lycan n'était pas tout innocent, mais pas du genre à directement adresser la question. Diplomatie aux crocs invisibles. « Trinquons à ceux qui défient leurs limites en préférant la difficulté à la facilité. » A ceux qui préfèrent les fenêtres en portes d'entrées, malgré leur carcasse vieillissante et endommagée par une jeunesse houleuse (qu'il le reconnaisse ou non, elle savait qu'il souffrait de ses articulations, mais il n'écoutait rien et s'accrochait à ses pierres, trésor empoisonné). Reproche détourné teinté d'une sorte d'amusement. Si le comportement de Wes l'insupportait réellement, leur accord n'aurait pas tenu aussi longtemps (ou peut-être que si, car la fin justifiait, parfois, les moyens). Non, le lycan était loin de lui être insupportable, malgré son obstination agaçante, malgré leurs désaccords et souvenirs communs tous sauf joyeux... L'ombre du champion, qui toujours planait au dessus de leurs têtes.

« Salud. » murmure-t-elle en cognant délicatement son verre de vin contre celui de Wes. Aussi un bon moyen de gagner du temps pour lui annoncer qu'elle n'avait pas encore tous les remèdes à échanger, quelle idée de la livrer en avance. Même si c'était dans un sens positif, la maniaque Adriana n'était pas à l'aise à l'idée que son calendrier soit contrarié.

We'll never be

THOSE KIDS AGAIN

WES & ADRIANA

Ah... le charme de Wes. Une arme dangereuse, magnétique, une arme dont elle se méfiant tant il avait été facile de s'y rendre, un jour. Adriana ne peut que sourire aux antiques du lycan, puis poser son verre maintenant vide après leur toast. Elle a eu le temps de se blinder face à l'inattendu de sa venue, à se préparer mentalement au pire. Elle n'espère que le pire, de la part de Wes, ou est-ce que ce qu'elle prétend à chaque fois qu'il la déçoit en demandant plus que ce qu'elle est prête à donner. Les lycans et elle, une histoire qui tournait toujours au vinaigre.

« Tu as le droit. Ma porte est toujours ouverte, si mon aide est nécessité, tu le sais. » La considérait-il comme une amie ? Après toutes ces années, Adriana se demandait encore, toujours, comment il la voyait. Il était si constamment sur ses gardes, cerbère de mystères et de secrets, elle n'avait même aucune idée de ce qu'il pensait réellement d'elle. Du respect, un peu, sans doute, mais la voyait-il comme un autre des ces individus qu'il utilisait pour parvenir à ses fins, ou y avait-il un semblait d'affection, malgré ce qui les opposait ? Une bonne question, qui le gardait éveillée, parfois. Des amis ne se trahissaient pas, mais pourrait-elle le trahir, si les circonstances le demandaient ? Elle connaissait suffisamment pour l'accabler, après tout.

La question suivante éveille la méfiance d'Adriana. La sorcière reste debout, parce qu'elle ne veut pas être la seule assise, parce qu'elle doit tenir sa position, toujours. Wes et elle, c'est un bras de fer constant, qu'importe ce que les paroles mielleuses font croire. Et maintenant, il parle de Layla. Le prénom de sa nièce fait tilt, c'est un terrain dangereux, que de l'inclure. Adriana aimerait couper court au jeu, qu'il lui dise, clairement ce qu'il désire, mais rien n'était jamais simple entre eux.

« Merci de t'en inquiéter, nous allons tous bien. J'ose espérer que tu ne fais pas partie de ces rustres qui rendent le travail de ma nièce si difficile. » Adriana pose une main sur sa hanche, son sourire est trop doucereux, elle n'aime pas parler du Silver Tooth, elle n'a toujours pas digéré le fait que Layla lui ait forcé la main pour travailler là-bas, un nid d'hommes des cavernes ou une trop jolie serveuse sorcière ne devrait pas être... Quelle idée, vraiment. Elle ne comprendra jamais Layla. « Javier garde déjà un œil sur elle, mais cela me rassurerait, si toi aussi. » Rassurer ? Pas vraiment, non. Mais il ne parlait pas de Layla au hasard. Qu'est-ce qu'il voulait ? Qu'est-ce qu'il cachait ? Comme à chaque fois que sa nièce est en jeu, Adriana s'inquiète.

Jeunes et innocent... Adriana lâche un petit rire, amusée. Ses pupilles noisettes pétillent et elle se rapproche, légèrement. Peut-être qu'il la teste ? Pour quoi, elle l'ignore. La sorcière se souvient, mais il n'y avait pas eu d'innocence entre eux, de la jeunesse, un peu plus, mais l'innocence ? L'innocence était morte avec sa sœur, enterrée sept pieds sous terre par le poids des responsabilités.

Elle n'aime pas le laisser mener le jeu, quel qu'il soit.

« Je pensais que tu voulais quelque chose de moi... Mais ne serais-tu pas là simplement venu pour me séduire, Wes ? A remémorer le passé, et sortir le grand jeu ? » Elle se demande ce qu'il veut, réellement. Ce n'est pas comme d'habitude, il a quelque chose derrière la tête, et Adriana n'es plus assez innocente pour ne pas user de ses propres armes pour obtenir la vérité. Même si ses armes sont la séduction, c'est lui qui a rouvert la porte. Elle se rapproche, touche du bout des doigts le sachet empli de feuilles : « Devrais-je les prendre comme un présent plutôt qu'un échange, exceptionnellement ? C'est comme cela qu'un gentlemen s'y prendrait, pour faire la cour. » Oh, mais elle avait conscience que Wes était absolument tout, sauf un gentlemen. Un gentlemen ne serait pas entré chez elle par la fenêtre, en premier lieu.

Elle pose sa main sur le poignet du lycan. Remonte légèrement, sur son avant-bras. « Je me souviens de beaucoup de choses, Wes. » Ne joue pas avec moi qu'elle pense, ses yeux plongés dans les siens, alors qu'elle joue si indécemment de ce qu'elle pense être un des points faibles de Wes. Il en a si peu, il est comme un coffre blindé aux mille et une serrures ; et elle préfère ne pas tenter de savoir ce qu'il s'y cache, en général.